Sarmoumane, le sorcier, a tourné complètement barjot. Goudalf, son ami, est certain que la bague magique détenue par l’innocent Prodon est la cause de son lent chemin vers la folie. Il réunit donc une équipe de fidèles pour détruire cette bague maudite en la faisant fondre dans la lave du Mourdor. Prodon est chargé de porter la bague, car sa candeur et sa gentillesse le protègent du pouvoir d’influence qu’elle exerce sur les êtres vivants. Elle a pourtant déjà perverti l’un de ses semblables, Gouloum. Goudalf accompagné de Prodon, Samouel, Aragornna et Yegolas entament un voyage en voiture, en train et à pied vers le volcan du Mourdor. La petite bande espère bien qu’en partant vendredi soir, ils seront de retour pour profiter de leur dimanche avant de reprendre le boulot lundi matin. S’il revêt la forme d’un road trip, nonchalant et débonnaire, le nouveau livre de Mortis Ghost, après le cycle de Dr Cataclysm, évoque évidemment un récit fantastique bien connu. Mais si l’auteur s’appuie sur une épopée mondialement célèbre, c’est pour la déposséder de sa charge épique, et ramener l’heroic fantasy sur le plancher des vaches. Le Soleil des mages raconte comment une balade tourne un peu à la galère, mais pas trop quand même. Ici, nous sommes plus dans un week-end de team-building accepté à contrecoeur et dans la mauvaise humeur, que dans une quête intrépide contre les forces du mal. Le dessin de Mortis Ghost, rond et jubilatoire, permet de conserver l’univers du Soleil des mages dans le registre du fantastique, et donne une envoutante fluidité à ce récit bien plus sombre, et finalement bien plus réaliste, qu’il n’y paraît au premier abord.
Illustrateur de Le soleil des mages
Vienne, 1907. Le peintre Gustav Klimt rend visite aux époux Bloch-Bauer. Ferdinand demande alors à Gustav de réaliser le portrait de sa femme, Adèle ; requête entraînant un flashback. Six ans auparavant, alors que Klimt essuyait des critiques acerbes au sujet de son œuvre La Médecine , il a rencontré ce couple, admirateur de son génie et dont la femme l’a prié de lui ouvrir les portes de son atelier. Au même moment, l’artiste recevait en rêve l’inspiration pour son prochain tableau. C’est par ce prisme que l’on entre dans l’univers de l’artiste : son atelier, ses modèles, sa mère, sa compagne, Émilie, mais aussi ses rêves, ses angoisses, ses sources d’inspiration en somme. L’histoire narrée en bande dessinée par Cornette et Marc-Renier est une tranche de vie, prétexte à l’évocation du peintre, de son style, de son époque et de l’avant-gardisme dont il y faisait preuve. L’idée est en effet plus de mettre en avant ses particularités que de réaliser sa biographie. Le récit est assez simple et aurait peu d’intérêt sans l’aspect « inspiré de faits réels », mais n’en est pas moins cohérent et bien rythmé.Les dessins sont soigneusement détaillés. Le rendu est classique, avec un crayonné assez fort accentuant les sujets principaux. Les travaux de Klimt évoqués sont réinterprétés plutôt que cités et le résultat est réussi et efficace : le redesign des œuvres permet une intégration fluide dans les cases tout en invitant à les découvrir sous un angle neuf.Le récit principal est suivi d’un court cahier didactique sur Gustav Klimt. Il complète la bande dessinée en développant quelques sujets qu’elle évoque. On y voit notamment des reproductions des œuvres évoquées dans l’album. Ainsi, le lecteur a à portée de main de quoi satisfaire sa curiosité, titillée par l’histoire racontée en images et phylactères.La bande dessinée Klimt est une introduction sympathique à l’œuvre de l’artiste. Les connaisseurs n’apprendront probablement pas grand-chose, là où les néophytes apprécieront l’accessibilité du propos et les informations proposées en fin d’ouvrage. Les visuels soignés plairont aux amateurs de bande dessinée traditionnelle, alors que l’histoire…
Éric Derkenne a fait du visage le théâtre de ses précises opérations.Jour après jour cerné de lignes ombrageuses, le siège du combat se disloque en de sombres cavités. Les yeux, les oreilles, les narines, la bouche sont autant de gouffres que l'artiste sonde inlassablement et qui emportent celui qui les scrute dans des tourbillons vertigineux. Les têtes prennent corps et dans ce bataillon de figures totémiques, chaque soldat se distingue grâce à une infinité de détails graphiques.Parti d'un bigbang de formes colorées et isolées dans l'espace, Éric Derkenne a mis en place au fil des ans une méthode précise et immuable, un réseau de circonvolutions de cercles et de serpentins qui envahit la feuille blanche, donnant naissance à d'énigmatiques portraits. Tel une « dentellière du stylo à bille », il s'est abîmé avec application dans ce lent ouvrage de tissage, d'entrelacement de lignes, ceignant sa propre image, par maints assauts répétés. À l'identité qui défaille, Éric Derkenne a répondu…