Le Roman des rats

RÉSUMÉ

Des trois volumes consacrés à des espèces marginales, Le Roman des rats est celui qui semble le moins animé d’un sentiment de passion. Seule la curiosité insatiable de l’auteur, partisan d’une anticipation des théories, main­tient le rythme et sollicite notre attention :

Le rat est indissolublement lié au sort des conquêtes humaines. Il s’est attaché à l’homme comme une ombre implacable et pourchasse à ses côtés un idéal animal immédiat où le maître de la création, sans s’en rendre compte, fait involontaire­ment le jeu des parasites qu’il loge, entretient, nourrit et déteste cependant. 

 

La fréquentation assidue des textes de l’historien latin Lampride permet à Ro­bert Goffin d’ébaucher une sorte de chronologie ratière remontant à deux siècles avant notre ère. Les rats sont mis en parallèle avec une sorte de gang de la fiscalité fantomatique qui pille et rançonne l’homme à son insu. L’homme aime à thésau­riser. Il y aura toujours un rat pour prélever indûment sa part à coups de dents. Goffin pousse à l’extrême cette thèse en allant jusqu’à prétendre que si le jour ap­partient à l’homme, la nuit est le domaine exclusif du rat noir et du surmulot, la race du rat brun qui avait envahi l’Europe à la faveur des conquêtes des Vandales ayant totalement disparu…

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À PROPOS DE L'AUTEUR
Robert Goffin

Auteur de Le Roman des rats

Robert Goffin naît le 21 mai 1898 à Ohain, où son grand-père est pharmacien. Fils de mère célibataire, il n'hésitera jamais à évoquer ses origines (il obtiendra l'acquittement aux assises d'une mère infanticide en s'écriant qu'il a vécu la situation douloureuse de l'enfant sans père, et l'un de ses recueils de poèmes, paru en 1977, s'intitule Enfance naturelle). Sa mère est très pieuse et le destine à la prêtrise; Robert est inscrit au Petit Séminaire de Basse-Wavre. Indiscipliné, il n'y fait qu'un court séjour. Il est, en effet, renvoyé en 1916. C'est à l'Athénée de Saint-Gilles qu'il achève ses humanités classiques. Ses condisciples feront tous une carrière dans la politique, la peinture ou l'enseignement : Paul-Henri Spaak, Paul Delvaux, Georges Bohy, Marc Somerhausen, Henri Simon, Félicien Favresse. Attiré très tôt par la littérature et les courants modernistes, Robert Goffin fréquente le milieu dadaïste. Curieusement, son premier ensemble poétique est d'un étonnant classicisme. Paru en 1918, Le Rosaire des soirs est une plaquette très proche de l'esprit de Francis Jammes. L'année suivante, il s'inscrit en droit à l'Université de Bruxelles, encore installée rue des Sols, fréquente Michaux, Odilon Jean Périer, Clément Pansaers. Et puis, c'est la découverte du jazz, qui bouleverse sa vie. La passion que cette musique éveille en lui le pousse à publier dans Le Disque vert de Franz Hellens le tout premier texte consacré à ce sujet et à écrire un recueil de poèmes, Jazz-band (1922). À Paris, il fait la connaissance de Max Jacob, de Chagall et de Blaise Cendrars. Devenu avocat à la cour d'appel de Bruxelles, il n'hésite pas à créer, notamment avec Ernst Mœrman et Marcel Cuvelier, une formation de jazz dans laquelle il joue de la trompette. L'orchestre se produit avec succès au Palais des Beaux-Arts. Robert Goffin vit intensément : il devient un fidèle adepte de Paul Vanderborght et de sa Lanterne sourde, fréquente les endroits à la mode, s'adonne à la gastronomie et ne cache pas son intérêt pour les femmes. En 1928, il se marie. Six mois plus tard, son épouse est victime d'un accident qui la laissera handicapée jusqu'à son décès en 1965. Le jeune écrivain est très marqué par ce coup du sort. Tout en vouant à sa compagne une grande affection, il se lance dans une activité trépidante. En 1932, après dix longues années de silence (il a cependant écrit trois ouvrages sur le droit financier), il fait paraître Aux frontières du jazz, avec une préface de Mac Orlan. C'est la première histoire du phénomène musical qui fait fureur. Le livre connaît un grand succès public. Malgré ses activités débordantes, Robert Goffin se lance à corps perdu dans l'écriture; désormais, ses parutions seront régulières et toucheront aux domaines les plus divers, de la poésie au roman, de l'essai à la biographie, de l'étude du genre animal à l'histoire et aux souvenirs personnels. Il faut faire un choix dans cette production, abondante mais inégale. D'autant plus que Robert Goffin s'intéresse à tout et que son éclectisme pourrait remplir plusieurs vies. Durant les cinq années qui précèdent la seconde guerre mondiale, il publie treize livres : deux essais sur Rimbaud, deux romans, trois recueils de poèmes (notamment Sang bleu en 1939, chronique lyrique des dynasties européennes), trois longues études sur les anguilles, les rats et l'araignée, deux ouvrages sur l'épopée des Habsbourg et la destinée des impératrices Charlotte et Élisabeth et aussi une sorte de guide Michelin de la gastronomie : Routes de la gourmandise (1936). En moins de dix ans, l'écrivain a montré toutes les facettes de ses multiples talents qu'il ne cessera de faire prospérer. Après avoir créé un hebdomadaire contre le nazisme, Alerte, Robert Goffin se réfugie aux États-unis en mai 1940. Il y devient l'ami de tous, à Hollywood ou à Harlem, prend la défense de Léopold III dès le début des hostilités, fonde le journal pro-gaulliste La Voix de la France. Rentré au pays en 1945, il retourne à ses activités juridiques, devient président du Pen Club de Belgique. À ce titre, il voyage aux quatre coins du monde. Il consacre des études à Verlaine, à Rimbaud et à Mallarmé et se lance dans la critique poétique (Fil d'Ariane pour la poésie, 1964), écrit des romans d'espionnage et d'aventures avec une facilité déconcertante, devient un intime de Cocteau et d'Aragon. Il se passionne toujours pour le jazz (une Histoire du jazz tirée à quatre cent mille exemplaires en 1946, une étude sur la Nouvelle-Orléans la même année et une biographie de Louis Armstrong en 1947), établit le record du monde du kilomètre lancé en voiture, rédige pour le film Autant en emporte le vent des sous-titres en français. Il est vraiment partout. Il écrit maints recueils poétiques baroques et foisonnants, dans une luxuriance de paroles qui témoignent de ses emballements comme de ses colères, de ses douleurs maîtrisées comme de sa présence à l'actualité de l'art et du monde. Le Voleur de feu (1950), Filles de l'onde (1954), Sablier pour une cosmogonie (1965) et Chroniques d'outre-chair (1975) dominent cette production poétique surabondante. Après avoir publié Les Wallons fondateurs de New York (1970), Robert Goffin rédige ses mémoires. Deux volumes savoureux paraissent successivement en 1979 et en 1980 : Souvenirs à bout portant et Souvenirs avant l'adieu. On ne peut rêver meilleure introduction à une vie et à une œuvre presque légendaires, en raison de leur diversité et de l'impression de force qu'elles dégagent. Les Américains ne le surnommeraient pas en vain «The amazing Dr Goffin». (le fantastique Dr Goffin). Robert Goffin meurt à Ohain le 27 juin 1984. Il avait été élu à l'Académie royale de langue et de littérature françaises le 18 avril 1953.

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