Plusieurs visiteurs, communauté de hasard, se réunissent pour visiter une forteresse aménagée en musée. Le musée est vivant, mouvant, et devient par des mouvements circulaires un personnage à part entière qui tantôt se dérobe, tantôt se révèle, et remet sans cesse l’homme face à lui-même, reflétant son propre labyrinthe intérieur.
La première édition du Musée remonte à 1976. À l’époque, le texte parait aux éditions Jacques Antoine. Les éditions Névrosée décident de le rééditer aujourd’hui dans la collection « Les sous-exposés ». Quand on connait l’ambition de cette collection de (re)donner à lire des auteurs « tombés dans le purgatoire, dont la visibilité est vacillante », on est heureux d’y voir figurer le récit d’Alain Bosquet de Thoran (1933-2012) et d’ainsi avoir les moyens de le (re)découvrir.Auteur belge de poèmes, récits, nouvelles, romans, essais, Alain Bosquet de Thoran est lauréat en 1994 du prix Victor-Rossel pour La Petite Place à côté du théâtre. Il siégeait aussi au fauteuil n°17 de l’Académie…
Elle a quitté Paris pour les bassins houillers de la Creuse, happée par un devoir de mémoire.…
La jeune Charlotte Janin débarque d’un bus sur la Plaza Mayor d’une petite ville mexicaine: « Oasis formée de cubes miniatures et colorés, qui grimpaient sur les collines entourant le centre-ville », Dolores « portait bien son nom : ‘Douleurs’, petite ville asséchée suppliant dans la souffrance la pluie boudeuse ». La pénurie d’eau est totale : « 121 jours de sècheresse. La municipalité ordonne des mesures de rationnement », lit-on dans le journal.Charlotte vient enseigner à l’Institut français avec l’intention de s’éloigner d’une famille ardennaise d’un catholicisme rigide. Alexandre Cracosky, le directeur de l’Institut, est cultivé, ambitieux et exalté : quadragénaire passionné de sciences politiques, il professe des idées critiques sur l’ordre financier mondial et projette de devenir ambassadeur. Charlotte lui plaît. Il lui fait découvrir des curiosités locales, morbides, atroces même : un musée de momies, un combat clandestin entre deux chiens féroces. Il l’emmène sur la Colline des Loups visiter la maison de sa mystérieuse amie Gabriela.La belle Charlotte cède aux avances d’Alexandre qui écrit néanmoins des lettres enflammées à Gabriela. Mais la sècheresse vide la ville de ses touristes et bientôt de ses habitants. L’atmosphère se fait inquiétante. L’étrange prêtresse Madaé attire la foule en promettant de guérir tous les maux.Les élèves et les enseignants désertent peu à peu les cours. Alexandre part pour Paris, soi-disant pour solliciter du renfort et des budgets, mais en réalité pour se venger d’un complot dont il s’estime victime et dont il accuse notamment Charlotte. Sombrant dans une folie meurtrière, il est interné en France. Seule, sans ressources, sans eau, la jeune femme est sauvée in extremis de la folie et la mort, après un envol d’oiseaux inespéré qui précède de peu les premières gouttes.Dans Raconte-moi les pluies , Dolores est un corps social qui meurt de soif. La nature cruelle fait s’y déliter les destins humains, sans souci de leurs amours, de leurs souffrances et de leurs vies. La romancière belge d’origine mexicaine Maria de los Angeles Prieto Marin s’inspire avec subtilité du réalisme magique sud-américain pour conter une fable aux accents d’apocalypse silencieuse où la ville et ses habitants manquent de s’abimer dans la sècheresse de la terre. René Begon Partagez : Tweet E-mail Imprimer Articles similaires…