Auteur de Le front aux vitres
1911 : Naissance, à Châtelet. Famille de la bourgeoisie catholique. Doux esclave de ta famillequi tient à sa réputationtu es le jeune homme tranquilleapprécié des salons.A.M. (Premiers poèmes).1930 : Ses études secondaires terminées, il se rend à Louvain, pour y entreprendre des études de Droit. Il les réussira. Peu doué pour le Barreau et ses effets de manche, il sera cependant stagiaire chez Paul Struye en 1937-38.1931-1940 : Collabore de façon intermittente à la Revue Générale, au Thyrse, à la Revue Nationale, etc...; il donne, surtout, de nombreux textes à L'Avant-Poste.1931-1935 : Roger Bodart, Armand Bernier, Charles Plisnier découvrent et louent sa poésie. Milosz et Patrice de La Tour Du Pin (entre autres) lui écrivent des lettres chaleureuses. Vous êtes un admirable poète, lui dit l'auteur des Enfants de septembre.23 novembre 1935 : L'Avant-Poste et Le Thyrse organisent un banquet en son honneur.1936-1938 : Période de grande inquiétude spirituelle et matérielle (travail, mobilisation, service militaire, menaces de guerre et, surtout, crise poétique intense). De ces longs mois fiévreux datent ses premiers hauts chants.24 mai 1940 : Mort du lieutenant Auguste Marin, sur la Lys. Un poète mort trop jeune, je veux dire mort avant d'avoir pu donner la vie des mots à la jeunesse éternelle qui chantait en lui, c'est tout un monde de couleurs et de souffles dont nous sommes à jamais frustrés. (Robert Vivier in Hommage à A. Marin, L'Avant-Poste, 1945).On a beaucoup commenté, déjà, la destinée tragique et très pure d'un poète en qui son ami Armand Bernier avait vu une âme de cristal. Tragique, la vie d'Auguste Marin le fut, puisque l'auteur du Front aux vitres, n'ayant que peu publié, fut fauché par la guerre à vingt-neuf ans, peu de temps après avoir trouvé, non sans peine, ni repentirs, ni silences, sa parole véritable.Marin à peine disparu surgirent, hélas!, les étiquettes. Bien malgré lui, ce poète à l'écart de la politique comme des clans littéraires de l'époque devint, avec Périer, le chef de file et la référence obligée de ce que la critique, toujours à l'affût de la facilité, nomma, pour se simplifier la tâche, les poètes blancs ou autres poètes de la pureté. On imagine avec quel mépris l'intégrité inquiète de Marin, lui-même critique de tout premier plan, eût refusé, si elle en avait eu le temps, cette formule simpliste et commode, presque insultante même quand on devine le haut combat de chaque instant que fut pour lui la poésie, lutte dont son oeuvre même porte la trace.Aujourd'hui que la plupart de ceux qui l'ont connu et aimé - de Roger Bodart à Armand Bernier et Gustave Camus - sont allés, hélas!, le rejoindre dans l'invisible; à l'heure où ceux qui ne l'ont pas approché vivant sont devenus ses amis en poésie, il me paraît urgent de proclamer, à la suite d'André Gascht, que Marin fut avant tout un vrai poète; un poète de l'attente, de l'exigence et de la rigueur, fauché certes en pleine ascension vers la maturité créatrice, mais qui, à la veille de sa mort prématurée, éleva, tel le wanderer schubertien, de rares et ultimes chants échappés au silence et traversés par la beauté fulgurante de l'éclair poétique.Hors de tout alibi idéologique ou esthétique, mais au coeur des désarrois secrets qui hantèrent cette jeune vie décapitée, Marin doit enfin occuper une place véritable, celle d'un grand poète de la rigueur formelle et de l'éthique intérieure même.