Le coup de grâce

RÉSUMÉ

En 1919, dans les pays Baltes ravagés par la guerre, la révolution et le désespoir, trois jeunes gens, Éric, Conrad et Sophie, jouent au jeu dangereux de l’amour. Attirance, rejet, faux-semblants, conflits, mensonges et érotisme les pousseront aux confins de la folie.
Marguerite Yourcenar renouvelle le thème du triangle amoureux dans cette somptueuse et tragique histoire d’amour.

À PROPOS DE L'AUTEUR
Marguerite Yourcenar

Auteur de Le coup de grâce

Née à Bruxelles, le 8 juin 1903, de mère belge mais de père français, Marguerite Yourcenar est Française et le restera jusqu'en 1947, moment où elle deviendra Américaine. Onze jours après sa naissance, sa mère, Fernande de Cartier de Marchienne, meurt des suites de l'accouchement. Son père Michel de Crayencour emmène l'enfant au Mont-Noir, en Flandre française. Marguerite gardera de cette enfance à la campagne l'amour de la nature et des animaux. Élevée par son père et par quelques précepteurs, l'enfant se familiarise très vite avec les auteurs latins et grecs. Très tôt, elle lira en italien et en anglais. Quand la grand-mère meurt en 1909, Michel de Crayencour fait mettre en vente l'immense propriété et va vivre à Paris, multipliant les séjours à la Riviera, en Suisse et, plus rarement, en Belgique où réside sa belle-famille. La jeune Marguerite apprend ainsi à parfaire son éducation tout en voyageant. Dès huit ans, elle rêve de devenir quelqu'un d'important et s'essaie à la poésie. Pour ses dix-neuf ans, son père lui offre la publication d'un dialogue poétique sur le mythe d'Icare : Le jardin des chimères. S'y exprime son ambition majeure : s'élever au-dessus de la mêlée. Le livre a la faveur de quelques critiques et la jeune fille rassemble des poèmes écrits entre la quatorzième et la seizième année. Publiés également à compte d'auteur, Les Dieux ne sont pas morts aborde ses futurs thèmes favoris : le paganisme hellénique, l'amour du passé et des sites, la passion des œuvres d'art. L'attention portée aux documents iconographiques est là en germe et se développera par la suite, notamment dans Mémoires d'Hadrien. Enfin, ces poèmes démontrent une réelle puissance imaginative qui consiste à voir un personnage, ombre vivante, derrière la statue ou le personnage peint, don qui s'exprimera avec force lorsqu'il s'agira, vingt-cinq ans plus tard, de faire revivre Antinoüs à partir de la statuaire ou des monnaies. Un seul autre recueil de poèmes sera édité en 1956, Les Charités d'Alcippe, qui reprendra des poèmes de jeunesse retravaillés. Il faudra cependant attendre Alexis ou le Traité du vain combat pour que la critique cherche à savoir qui se cache sous l'étrange pseudonyme de Marg. Yourcenar. Ce récit inaugure un style intimiste et un thème favori de l'auteur : le trio passionnel où la femme est rejetée par l'aimé qui aime un autre homme, situation que Marguerite Yourcenar a elle-même vécue, et qu'elle a connue dans sa prime jeunesse. Ainsi naît son premier roman, La Nouvelle Eurydice. Orpheline a vingt-six ans, Marguerite Yourcenar se lance dans les voyages et l'écriture. Son Pindare plaît au lecteur de Grasset, André Fraigneau, qui fera également éditer Les Songes et les sorts (un essai agrémenté de récits de rêves récurrents), Feux, Denier du rêve (sur son expérience italienne de la montée du fascisme) et La Mort conduit l'attelage, trois récits sauvés d'un vaste et juvénile projet de roman. À la déclaration de la seconde guerre mondiale, elle veut rejoindre la Grèce, mais, à court d'argent, accepte une invitation de Grace Frick, une Américaine rencontrée deux ans plus tôt, à se rendre aux États-Unis. De 1939 à 1950, Marguerite Yourcenar produit peu et essentiellement du théâtre : Le Mystère d'Alceste, La Petite Sirène qui marque le moment où, pour l'auteur, la géologie et la méditation sur la terre ont pris le pas sur l'histoire et la méditation sur l'homme. Enfin, vient Électre ou la Chute des masques aux accents sartriens. En relisant quelques pages sauvées d'une tentative de rédaction de 1937, elle se remet, début 1949, à écrire Mémoires d'Hadrien. Le livre, qui connaît un immense succès, est conçu comme une longue lettre adressée par l'empereur à son successeur Marc-Aurèle; il retrace de l'intérieur la vie et les pensées d'un homme d'État qui sut allier l'amour de la Grèce, de la beauté, du pouvoir et de la paix. En 1947, Yourcenar prend la nationalité américaine. L'Académie royale de langue et de littérature françaises l'élit le 18 avril 1970 en tant que membre étranger. Entre-temps, elle a écrit son chef-d'œuvre, L'Œuvre au noir. Sombre récit de la vie du philosophe et médecin Zénon se débattant contre l'enfer de l'Inquisition et préoccupé du seul perfectionnement de soi-même dans ce monde déchiré par les luttes religieuses. Œuvre pessimiste, elle captive pourtant par la victoire de l'homme sur lui-même. Marguerite Yourcenar est désormais un auteur célèbre et célébré. Une grave maladie de sa compagne et traductrice, Grace Frick, la maintient durant dix ans à Petite Plaisance. Elle profite de cette réclusion pour rédiger les deux premiers tomes de la trilogie consacrée à un vieux projet : l'histoire de sa famille. Souvenirs pieux évoque sa famille maternelle, Archives du Nord, sa famille paternelle et l'histoire de son père. S'y exprime une préoccupation croissante : la nostalgie d'un monde à l'extrême bord de l'éternel qu'elle a rencontré et rêvé dès 1942. Quand Grace Frick meurt, elle reprend ses voyages avec un nouveau compagnon, Jerry Wilson. L'étourdissement de la vie retrouvée l'éloigne un temps de l'écriture qui reste présente mais moins ardente. La gloire cependant l'assaille de toutes parts et elle est la première femme à l'Académie française. Elle est reçue le 22 janvier 1982 au siège de Roger Caillois. Elle rédige de front essais et œuvres romanesques : Le Temps, ce grand sculpteur, En pèlerin et en étranger, Le Tour de la prison, Anna, soror..., Un homme obscur et Quoi? L'Éternité, dernier tome de sa trilogie resté inachevé. En novembre 1987, retrouvant quelques forces, elle veut revenir en Europe pour visionner le montage du film qu'André Delvaux a tiré de L'Œuvre au noir. La veille de son départ, elle est hospitalisée. Elle meurt le 17 décembre à Bar Harbour.

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Tom est un jeune quadragénaire qui élève seul ses trois enfants, Agnès, Axel et Aude, qui ont respectivement 15, 9 et 6 ans. Même s’il exercice un métier qui le passionne – auteur pour la jeunesse –, le quotidien est une épreuve pour lui depuis le décès de sa femme. Il s’efforce de garder le cap un jour après l’autre pour aller de l’avant malgré sa tristesse. Heureusement, ses enfants sont là, avec leur caractère bien trempé, pour animer ses journées et combler le silence de la solitude. Il faut dire qu’avec une ado en guerre contre le patriarcat constamment greffée à son portable, un garçon hyperactif qui pose beaucoup de questions et une petite fille particulièrement intelligente, il n’a pas de quoi s’ennuyer. Grâce à eux, Tom se laisse porter par ce joyeux bordel, qu’il doit tout de même recadrer de temps à autre pour éviter les débordements. C’est donc en compagnie d’un reportage sur la famine grandissante sur le continent africain que nous dégustons notre poulet rôti, notre salade de maïs et notre pain, accompagnés d’une sauce aux champignons un peu trop liquide. – Pourquoi n’ont-ils rien à manger ? demande Axel. – Le capitalisme et les puissances mondiales les privent de leurs propres ressources en attisant des conflits internes pour s’approprier leurs terres, lui explique Aude. Ils alimentent la guerre civile afin de faire du profit au détriment du peuple qui souffre. Je suis fasciné par son intellect. Moi, à son âge, j’avais pour ambition de lécher tous les marqueurs de ma trousse afin de déterminer si le goût changeait en fonction des couleurs. La réponse est non. Du moins pour l’arrière-goût. – Ne t’occupe pas de ça, dis-je à Axel. Ça se passe loin d’ici. Un jour, Aude annonce l’arrivée des signes de la fin des temps. Au début, Tom n’y croit pas et tente de la convaincre du contraire en associant cette lubie au décès de sa femme, symbole de la fin du monde pour sa fille. Des événements étranges apparaissent cependant dans le monde entier : une vague de violences inexpliquées, des intempéries suivies de pillages, des lucioles rouges figées dans l’air, des milliers d’animaux qui disparaissent dans tel pays, se multiplient dans tel autre… Ces phénomènes interpellent Tom, d’autant plus qu’il est amené à vivre des situations inexplicables troublantes qui le poussent à croire de plus en plus à la prophétie de sa fille…Lorsqu’une folie meurtrière se manifeste dans le monde entier suite au passage d’une comète, Tom ne doute presque plus de l’issue des événements récents. Sa seule priorité est alors de protéger ses enfants et de les rassurer face à leurs questions dont il ignore les réponses : est-ce vraiment la fin des temps ? Que faut-il faire ? Essayer de l’arrêter ? Si oui, comment ? Ou accepter l’issue inéluctable et faire comme si de rien n’était en l’attendant ?On pourrait imaginer que le récit Thomas J. Willson, ses filles, son fils et la fin des temps est une dystopie grave et pesante, mais il n’en est rien. Le récit de Julien Léonard est davantage une histoire drôle sur la fin des temps, même si cela parait difficile à croire de prime abord. Nous voyons évoluer au quotidien une famille qui tente de ne pas disjoncter face à un événement grave qui se profile à l’horizon, et comme le protagoniste ne se prend pas au sérieux et est animé par un pragmatisme prudent face à toute cette absurdité, nous pouvons lire des scènes cocasses assez savoureuses («  Je me souviens qu’autrefois j’étais son héros. Désormais, je crois qu’elle me prend pour une sorte de chimpanzé moitié savant moitié débile  »).Mais ne vous y trompez pas, derrière cette folie douce se cache une vraie profondeur, avec des questions existentielles sur le sens de la vie et des vérités générales justes parfois cruelles.– Faut qu’on refasse le cinéma 4D ! dit Axel. – Non, on retourne au manoir hanté ! revendique Aude. – Eh ! C’est grâce à moi qu’on est ici, alors c’est moi qui décide, intervient Agnès. On se refait le Super Flash ! J’ai déboursé deux cent cinquante euros pour les tickets et bravé les embouteillages durant plus de quarante-six minutes pour arriver jusqu’ici, mais apparemment, c’est grâce à Agnès qu’on y est. Soit ! Après tout, ressentir l’euphorie et l’excitation de mes gosses n’a pas de prix. Quelques jours plus tôt, nous étions terrés dans une cave, apeurés, guettant les échos d’un monde devenu cinglé, et nous sommes là à nous demander quelle sera la prochaine attraction. Le monde se remet toujours à tourner. L’être humain est fragile, il fait ce qu’il peut pour se détourner de ses peurs et se mettre à l’abri de la folie du monde. Tom Willson arrivera-t-il à protéger ses enfants face à la fin des temps ? Séverine…