Le Carnet et les Instants - 198 - 2e trim. 2018 - Le Carnet et les instants 198


Sommaire

  • Édito
    La Foire du livre, et après
    Nausicaa Dewez
  • Magazine
    À la Une
    L’art de l’empathie, conversation entre Jeanne Ashbé et Geneviève Damas
    Fanny Deschamps
    Anniversaire
    La Pierre d’Alun, 35 ans à apparier avec aplomb le texte avec l’image
    Anne-Lise Remacle
    Rencontre
    Classique
    De Coster entre le rire et le cri
    Frédéric Saenen
    Bande dessinée
    La petite bédéthèque des savoirs, un travail d’experts
    Salvatore Di Bennardo
    Bibliothèques d’auteurs
    Dans l’intimité d’une bibliothèque d’écrivain… chez Christopher Gérard
    Rony Demaeseneer
    Ville littéraire
    Portait littéraire de Mons
    Guy Delhasse
    Hommage
    Alain Dartevelle ou l’élucidation inachevée du monde
    Jean Jauniaux
    Perdu de vue
    Cri. Éclats et phases (1973) de Max Loreau
    Rony Demaeseneer
    La littérature en lieux
  • Brèves
  • Bibliographie  voir web
  • Recensions  voir web


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Production culturelle de masse. L’art gratuit, mais à quel prix?

Galeries d’art virtuelles, concerts live, bibliothèques filmographiques infinies, opéras et ballets diffusés en intégralité… Le web nous offre un accès gratuit à la culture. Le phénomène, amplifié par la crise du Coronavirus, a des conséquences positives: publicité et visibilité pour les artistes, accès pour tous à l’art… Mais ses dangers ne sont pas à négliger, révélateurs d’un phénomène de consommation bien plus global. * En 2020, les réseaux sociaux font partie intégrante de nos vies. Téléphones greffés à la place des mains, nous vivons à travers nos écrans. Nous ne décidons plus d’aller vers la culture, elle se dessine entre nos mains. Nous sommes inondés de contenu culturel à un tel point que nous ne réalisons même plus que nous y avons accès, de plus gratuitement. La définition de contenu a également fait un bond. Pour la génération de mes parents, est appelé «contenu» un contenu qualitatif qui a nécessité un certain temps de production. Pour ma génération Y, le contenu c’est tout ce qu’il y a sur les réseaux: photos, vidéos, musiques, textes… qualitatif ou non, nous baignons dedans. * Les réseaux, en particulier Instagram, sont de véritables galeries commerciales mondiales où les créateurs de contenu sont rois, mais également les utilisateurs. Ces derniers pouvant aussi être considérés comme des créateurs de contenu lorsqu’ils postent, tweetent et partagent. Il n’existe plus de «gatekeepers» interdisant la diffusion. Le terme gatekeeper, gardien en français, utilisé dans le domaine de la communication, désigne les intermédiaires (tels que les journalistes) décidant de médiatiser certaines informations au détriment d’autres à la sphère publique. Chaque internaute est désormais son propre gatekeeper, son propre éditeur. Instagram nous offre l’opportunité de visiter un musée situé à l’autre bout du monde depuis son canapé. L’art passe les frontières à coup de likes, de partages et de geotags. Les réseaux sociaux donnent un accès global à un art qui était précédemment réservé à des catégories de personnes restreintes dû à des limites géographiques et/ou à des privilèges sociaux. Il y a une véritable démocratisation de l’art grâce au phénomène de digitalisation. Ces galeries virtuelles représentent également une publicité gratuite pour les artistes, une opportunité de se faire connaître et/ou d’augmenter sa visibilité. Et surtout, ils rendent l’Histoire de l’Art plus vivante que jamais ; les réseaux ne nous montrent pas uniquement l’oeuvre mais nous présentent également l’artiste dans sa vie quotidienne, dans son processus de création et dans son individualité créatrice. Il peut interagir directement avec sa communauté, ses fans et de possible «collecteurs». Instagram a offert aux musées et aux galeries l’opportunité d’un public virtuel, sans frontières. Ils peuvent créer des expériences artistiques qualitatives pour n‘importe qui ayant une connexion internet. L’art est alors plus inclusif que jamais. Cependant, la réalité est loin d’être «instagrammable». Les jeunes talents, exposés sur ces réseaux sociaux, se transforment en «identité numérique». Ils doivent se vendre et produire du contenu pour rassasier leurs followers. Le talent se mesure alors à un vulgaire nombre de publications et de likes. La pression est grande. Il faut produire, il faut poster. La peur de la page blanche se transforme en une peur du feed vide. Sans négliger les commentaires haineux déferlant sur les réseaux sociaux auxquels ils doivent faire face. Les réseaux facilitent aussi le plagiat et l’appropriation de contenu. L’oeuvre d’un artiste peut complètement lui filer entre les doigts. Les réseaux en eux-mêmes dépossèdent déjà les artistes de leurs créations. En effet, droits d’auteur et de reproduction sur le web sont souvent des concepts flous dans les termes d’utilisation et variables d’un pays à l’autre selon la législation. De plus, ces artistes publient gratuitement leur art signifiant involontairement que leur art n’aurait aucune valeur. Comment sont-ils rémunérés? Ne serait-il pas plus judicieux de les soutenir en payant notre accès à l’art plutôt qu’en likant ou en photographiant celui-ci? * L’art est également grappillé par la publicité. Les placements de produits sont monnaie courante chez les artistes 2.0. J’entends par artistes 2.0, les influenceurs. Ils sont à mon sens des créateurs de contenu (photographie, vidéo, graphisme, texte…) nés suite à l’implosion des réseaux sociaux. Avec eux, place à la publicité native ; au lieu d’interrompre l’utilisateur dans sa si précieuse consommation de contenu, on lui propose une publicité qui ressemble à son contenu habituel. La publicité n’est alors pas clairement identifiée (bien que certains posts soient notifiés comme « sponsorisés ») et son efficacité atteint alors son paroxysme. * Certains employés du secteur culturel sont amenés à fermer boutique ou à se réinventer pour survivre à l’ère du contenu. Les musées se digitalisent… Mais est-ce vraiment le monde que nous voulons pour demain? Ce phénomène culturel est révélateur d’un mode de consommation bien plus général: «toujours plus, toujours plus vite». Ce modèle, nous l’appliquons à tous les domaines de nos vies comme dans notre vie professionnelle: «toujours connectés», le smartphone nous permet de continuer le travail même à la maison! Et nous en sommes désormais au terrible stade de la fast culture… En effet, les réseaux sociaux ont également changé notre manière de consommer le contenu culturel: toujours plus, toujours plus vite, sans le moindre effort… et pour reproduire du contenu. En effet, on ne va plus au musée pour flâner entre les tableaux. On utilise les outils des réseaux pour mettre en exergue certains détails, on participe à la construction de sens. On se met en scène dans les lieux. On poste, on geotag, on montre au monde que nous y sommes allés. Les musées surfent d’ailleurs sur la tendance en proposant des expositions «photogéniques», c’est-à-dire que les gens vont pouvoir créer du contenu instagrammable en se rendant à l’événement. En ouvrant notre téléphone, nous voulons être divertis en seulement quelques minutes. Le nouveau réseau social Tiktok a très bien compris ce phénomène et répond à la demande: du contenu en continu. D’où sa folle expansion pendant le confinement. Le peuple est alors occupé et diverti lors des moindres secondes de son temps libre. En 2020, le silence fait peur…De plus, ce réseau social offre la possibilité de reproduire du contenu en imitant des chorégraphies. Créer un contenu visionnable et multipliable à l’infini, serait-il la nouvelle clé du succès? Nombreuses questions peuvent alors se poser: «Ces outils technologiques telles que la photographie ou la vidéo prolongent-ils notre relation avec l’art? Ou est-ce que nous n’arrivons plus à profiter de l’instant présent qu’à travers nos écrans? Est-ce que les générations Y et Z ne seraient plus capables d’apprécier du contenu sans avoir l’intention de le reproduire pour à son tour poster du contenu? Ne serait-il pas temps de ralentir?» * Les réseaux sociaux, dans leur forme actuelle, ne seront pas éternels, aucun ne l’est. Les musées et spectacles ont quant à eux prouvé qu’ils pouvaient traverser les siècles sans perdre leur splendeur. Par conséquent, il pourrait être intéressant de ne plus consommer goulûment le contenu des réseaux sociaux mais de picorer le meilleur de ceux-ci et de tendre vers un équilibre «réseaux sociaux – réalité sociale» plus sain. © Florence Defraire,…

Utiliser Wikipédia pour valoriser les langues régionales. Réflexion

On a beaucoup critiqué Wikipédia. Dès sa création, son fonctionnement a suscité des réactions indignées : cette encyclopédie est alimentée par des volontaires issus de tous horizons, qui en rédigent les entrées et établissent des relations hypertextuelles avec des données internes et externes au site. Voici le premier volet d’une réflexion à ce sujet (à suivre dans la prochaine livraison de Wallonnes).                                                                 * Les réserves furent nombreuses dès sa création en 2001, parfois à juste titre, car cette démarche laissait croire que n’importe qui pouvait y écrire n’importe quoi, sans approche critique, sans structure ni recours à des sources. Pourtant, parce qu’elle est gratuite, Wikipédia a d’emblée été une des sources d’information les plus consultées par les internautes, sur tous les sujets. En 2016, elle reste le site culturel francophone le plus consulté. Depuis 200$, les choses ont quelque peu évolué. Bien que les défauts évoqués ci-dessus n’aient pas complètement disparu, les qualités du système les ont estompés. En effet, les experts des matières les plus diverses ont cherché à s’investir, eux aussi, et ont commencé à corriger, à documenter et à certifier les informations présentées, en évoquant des sources fiables ou en citant des auteurs légitimes. La méfiance première des spécialistes a laissé place à une volonté de participation active. Par ailleurs, Wikipédia se présente comme une encyclopédie en perpétuelle évolution. Contrairement aux encyclopédies traditionnelles, l’Encyclopediae Universalis en tête, Wikipédia propose à l’internaute d’adopter une attitude coopérative. L’internaute n’est plus seulement celui qui reçoit l’information, il est aussi celui qui la valide, qui la corrige ou qui la crée. Pour cette raison, Wikipédia est beaucoup plus ouverte à des savoirs moins représentés dans les encyclopédies écrites, et notamment aux langues et aux littératures en langues régionales. En 2016, il s’avère que les versions de Wikipédia écrites en langues régionales représentent plus de 50 % du total des langues régionales. Après la version anglophone, la version catalane était, d’ailleurs, la première version créée. À l’heure actuelle, rien que pour l’espace « francophone », des versions alsacienne, basque, bretonne, corse, franco-provençale, flamande, luxembourgeoise, normande, occitane, picarde, tahitienne et wallonne sont régulièrement alimentées en informations neuves. En outre, un des modules du groupe Wikipédia, le Wiktionnaire, sorte de dictionnaire universel libre, permet une description des termes, de leur étymologie, la présence d’exemples et une comparaison des différentes variantes d’un même terme. Mis en relation avec les Wiktionnaires d’autres langues, il permet finalement une traduction automatique, toutes proportions gardées. Il me semble donc opportun de nous interroger sur le rôle que les défenseurs et les promoteurs des langues régionales seront amenés à jouer dans cette formidable entreprise participative. Plusieurs questions méthodologiques s’imposent : quel regard porter sur ce site ? Faut-il s’y impliquer ? Que retenir ? Que présenter ? Faut-il chercher à développer une version wallonne ? Comment l’organiser ? Sous quelle forme ? Quel intérêt peut avoir une présence dans la Wikipédia ? Pour cette première réflexion, je propose de nous limiter à l’introduction de présentation des langues régionales au sein de la version francophone. Nous reviendrons plus longuement sur une version wallonne. Nous reviendrons également sur les possibilités offertes par le Wiktionnaire. XX Wikipédia francophone: état des lieux Actuellement, la langue wallonne et une trentaine d’auteurs sont référencés sur la Wikipédia francophone. Pour la plupart, ces notices ne font état que d’éléments biobibliographiques simples : naissance et éventuellement décès, activité principale, listes des œuvres majeures. On notera que de nombreux dialectologues wallons sont repris : Jean Haust, Jules Feller, Louis Remacle, Maurice Piron, Élisée Legros, Jean Guillaume, Arille Carlier, Maurice Delbouille, Jules Herbillon, Albert Henry, Willy Bal, Léon Warnant... et jusqu’aux plus récents : André Goosse, Jean-Marie Pierret, Jean Germain, Daniel Droixhe, Michel Francard. Quant aux auteurs, on retrouve de grands noms de la littérature wallonne : Hubert Ora, Lambert de Ryckman, Simon de Harlez, Charles- Nicolas Simonon, Nicolas Defrêcheux, Joseph Grandgagnage, Édouard Remouchamps, Henri Simon, Eugène Gillain, Jean Lamoureux, Jacques Bertrand, Joseph Calozet, Joseph Vrindts, Georges Ista, Henri Bragard, Gabrielle Bernard, Théophile Bovy, Marcel Hicter, Géo Libbrecht, Émile Lempereur, Paul André, mais également Émile Gilliard, Julos Beaucarne, Jean-Luc Fauconnier, Guy Fontaine, André Capron. Certains projets d’éditions, comme l’Atlas linguistique de la Wallonie, et quelques institutions, comme le Musée de la vie wallonne, la Bibliothèque des dialectes de Wallonie ou la Société de langues et de littératures wallonnes y figurent également. Même si cette sélection présente des auteurs et des philologues de qualité, on regrettera que la moisson soit si maigre quand on connaît la multitude d’auteurs et de philologues wallons qui mériteraient d’être au moins cités. On s’étonne également que le théâtre wallon soit finalement très peu présent, alors qu’il s’agit de la facette la plus visible et la moins méconnue de nos langues régionales. Par ailleurs, le référencement des articles n’est pas toujours idéal et la liste d’écrivains de langue wallonne se mélange à celle des écrivains d’origine wallonne mais de langue française. Heureusement, on peut constater que la plupart des pages font référence à des sources fiables, comme l’Anthologie de la littérature wallonne de Maurice Piron ou l’Encyclopédie du Mouvement wallon, éditée par l’institut Jules Destrée. Il me semble que la simple présence de ces données nous impose au minimum un contrôle et une validation de celles-ci. Quoi qu’on en pense, Wikipédia est une des sources les plus consultées et les plus usitées. Déontologiquement, nous ne pouvons donc pas laisser des inepties ou des incorrections présentes sur cette interface. Quelles actions mener et pourquoi s’investir dans ce genre de démarche ? Il est malaisé de se lancer dans un large projet d’écriture sur Wikipédia, sans avoir reçu une formation complète à ce type de programme. En revanche, il me semble plus simple de pouvoir corriger les erreurs épinglées, simplement en modifiant les articles déjà présents. Dans tout article, il faudrait évidemment adopter une attitude d’encyclopédiste, autant que faire se peut. La majorité des superviseurs d’articles imposent la référence à des articles et des ouvrages reconnus. Les articles nouvellement créés sont relus par plusieurs personnes qui y traquent la moindre trace de militantisme ou de subjectivité. La Wikipédia francophone, bien plus que la version wallonne dont nous reparlerons, est encadrée par de nombreuses personnes volontaires qui veillent à son bon fonctionnement. Enfin, il me semble que les langues régionales ont tout intérêt à s’insérer dans ce processus international et tourné vers l’avenir. La tendance actuelle est de pouvoir disposer, via le web, de tous les savoirs, partout et tout le temps. Malheureusement, un renseignement absent de ces systèmes de référencement internationaux aura tendance à être oublié. Si Wikipédia permet d’offrir une visibilité large aux sujets qui nous tiennent à cœur, elle aura également comme fâcheuse tendance de plonger dans l’ombre tout ce qui ne s’y trouve pas référencé. [ À suivre ] © Baptiste Frankinet, 2016 NOTE 1. On n’hésitera pas à consulter Rémi Mathis, « Wikipédia comme ressource », dans Actes…