Le bâton de Plutarque. Miscellanées

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Le Carnet et les Instants

Dans Le bâton de Plutarque, deuxième volet de ses Miscellanées (le beau nom, quelque peu oublié, des mélanges littéraires), Cristian Ronsmans nous livre une nouvelle brassée de notes cueillies dans ses carnets, aux couleurs et humeurs variées. Groupées par chapitres fantaisistes : Aphorismes et périls, Aphorismes et mantilles, Aphorismes et basse continue, Aphorismes et vieilles dentellesIci, un air de confidence : « Je n’ai jamais verrouillé mon cœur. J’aurais dû. J’aurais dû le cadenasser ».Là, des réflexions dans le sillage de la phrase ‘lumineuse’ d’Hölderlin : « La poésie est un jeu dangereux ». « L’objectif essentiel de la poésie…


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Les chroniques de Mapuetos (volume 5) : Le rêve de l’échelle

Pénétrer dans l’univers de Patrick Lowie, c’est faire l’épreuve d’une littérature élevée au rang du rêve et de la révolution intérieure. S’il ne recourt pas à la pratique pessoenne de l’hétéronymie, Patrick Lowie place l’expérience créatrice au carrefour du double, d’une inspiration transpersonnelle où se confondent le dicteur et le dicté, l’oracle et le scribe. Le rêve de l’échelle, cinquième volume des Chroniques de Mapuetos, poursuit le travail de retranscription-recomposition des textes du fameux Marceau Ivréa, écrivain mort dans une prison bruxelloise, dont l’œuvre gravite autour d’une ville qui n’existe pas, Mapuetos. À partir de ce labyrinthe borgésien, de ce creuset surréaliste, le récit déroule la rencontre de deux hommes au bord du fleuve bleu, Marceau Ivréa et le jeune homme Moûsai. Gagnant l’autre rive du fleuve magique, ils s’adonnent à une vie onirique scandée en dix-huit rêves qu’Ivréa/Lowie raconte. Obéissant à la logique du songe, ouvrant des portes sur l’ailleurs, les fictions de Patrick Lowie décadenassent les habitudes mentales du lecteur. Le temps et l’espace cessent d’obéir aux lois ordinaires ;  des réalités temporelles et spatiales disjointes entrent en communication. Lire aussi :   Patrick Lowie, Marceau Ivréa et la montagne fictive de sagesse ( C.I. 190) À l’ouverture du récit, le narrateur réside à l’hôtel Siru, un immeuble Art déco près de la Gare du Nord, donnant sur la place Rogier, haut-lieu mythique où déambulent le spectre de Marceau Ivréa et les fantômes de Rimbaud et de Verlaine qui y séjournèrent lors de leur passage à Bruxelles (l’hôtel s’appelait à l’époque le Grand hôtel liégeois). Un jeu de miroirs se dessine, la passion entre Marceau et Moûsai prolongeant l’amour orageux entre Verlaine et Rimbaud, entre «  l’époux infernal  » et la «  vierge folle  ». La réalité onirique répond à des états quantiques, à des superpositions de phases, de personnages. L’hôtel Siru tient de l’hôtel Sirius, du vaisseau fantôme qui apparie le voyage vers Mapuetos. Comme l’échelle de Jacob surgit lors d’un songe durant lequel ce dernier voit des anges monter et descendre sur une échelle reliant la terre au ciel, l’échelle permettant de monter vers Mapuetos, son arbre à paroles, son volcan Imyriacht, s’avance comme la fille du monde onirique. Les dix-huit rêves délivrent moins une parabole qu’un parcours initiatique, un jeu de tarot littéraire dans le sillage d’Alejandro Jodorowsky. Non point des stases fléchant une trajectoire destinale, une progression vers la libération mais des rêves circulaires comme des mandalas, comme les ruines de la nouvelle de Borges ou comme la Grand Roue en toile de fond d’ Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry. Dans le rêve numéro treize, la chute du cheval blanc dans un canyon nous évoque la fin du roman de Lowry, le corps du consul Geoffrey Firmin abattu par les policiers et balancé dans un ravin, suivi par le cadavre d’un chien. Comme Mapuetos, la ville mexicaine de Quauhnahuac où se déroule l’errance du consul entre présages, mescal et téquila, est dominée par des volcans.«  Marceau voulait déclamer des mots à haute voix dans Mapuetos, la magnifique. La répétition de mots, de phrases, d’intonations grinçantes, d’aphorismes, de prières euphorisantes pourrait le mettre dans un état d’auto-hypnose  ». Comment ne pas songer à Artaud en lisant ce passage ? À l’arrière de Marceau Ivréa, son ivresse d’atteindre des états de conscience modifiée, on pense à Artaud, à ses séjours auprès des Tarahumaras, à ses mots-souffles, ses glossolalies.Passeur entre les mondes des vivants et des morts, évoluant entre djinns et apparitions, Patrick Lowie reconnecte la littérature à l’hypnose surréaliste, à l’interrogation poétique et métaphysique. Le doute n’est plus de mise : les mots de Patrick Lowie sont bel et bien irrigués par les puissances de l’arbre à palabres de Mapuetos, cet «  arbre à nuées  » qui retient les mots créés par le volcan. Véronique Bergen Deux hommes sont couchés sur l’herbe, de l’autre côté du fleuve bleu. Le plus âgé des deux s’appelle Marceau Ivréa. Nous ne connaissons pas le nom de l’autre. En une journée, ils mangent des sushis, fument des joints, lisent, dorment, font dix-huit rêves qu’ils classent, décortiquent, commentent, alimentent. Comme des frères siamois, ils sont connectés et font les mêmes rêves au même moment. Peu importe la ville, peu importe le pays. Nous pourrions être à Mapuetos, cette ville qui n’existe pas dans un monde qui n’existe pas, point de référence de Marceau Ivréa. Nous pourrions être à Bruxelles, dans une chambre de l’Hôtel Siru, ex-Grand Hôtel Liégeois, à l’endroit même où Rimbaud aurait rejoint Verlaine. Dans  Le rêve de l’échelle , Marceau Ivréa raconte dix-huit rêves. Rêves particulièrement marquants, étranges, éphémères, des rêves dignes du cinéma surréaliste. Pourquoi les raconte-t-il ? Pour créer des liens avec lui-même, seule façon d’avoir des liens avec son prochain. Les chroniques de Mapuetos est une série littéraire censée avoir été écrite par Marceau Ivréa que Patrick Lowie dit avoir découvert et dont il aurait recomposé le travail disparate. Quarante épisodes sont annoncés.…

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Nues   est le journal d’un travail de plusieurs années : une séries de femmes peintes en pied, grandeur nature.…

Cinquante nuances de rose. Les affinités électives du Prince de Ligne

Pouvait-on s’attendre à ce qu’une revue universitaire pût rendre un portrait aussi enlevé d’un auteur ? Il est vrai que l’évocation du Prince de Ligne (1735-1814) ne souffre aucun académisme sclérosant, tant ce bel esprit s’inscrit dans les dynamiques propres de son temps, celles oscillant entre respect du classicisme et tension vers la modernité, entre libertinage et sagesse, entre circulation mondaine dans toutes les cours d’Europe et retraite au calme dans son domaine de Beloeil. Chacune des monographies rassemblées dans ce volume éclaire une facette du personnage et recompose, en kaléidoscope à dominante rose, le portrait d’un homme dont l’ambition principale fut d’éprouver pleinement le bonheur de vivre. Ligne, s’il n’a connu ni la Belgique indépendante ni même le joug du Hollandais, annonce, par certains partis pris d’écriture, des veines qui innerveront nos Lettres. Comment en effet ne pas entrevoir, dans l’une de ses devises «  J’aime mieux sentir que juger  », celle sur laquelle Simenon fondera son art du roman ; dans sa propension à multiplier les «  égodocuments  », une «  réorientation de la littérature vers l’autobiographie  » qui sera l’apanage de beaucoup de Belges (Michel Brix signale notamment la parenté de Ligne avec les écrits introspectifs de Grétry) ; et dans la relation de ses rêves ou les aphorismes parfois ponctués de jeux de mots de Mes Écarts , un décloisonnement de la notion de genre qui sera la marque de nos surréalistes ?Voilà un natif de Bruxelles qui tutoyait Casanova et à qui l’immense Goethe rendit un hommage vibrant quand il apprit avec une profonde tristesse sa disparition. Son éclectisme naturel l’a aussi bien incliné à écrire les variations de ses humeurs ou les caprices de sa mémoire que des traités sur l’art du théâtre ou l’hortomanie, ou encore des manuels de stratégie qu’il nourrissait de lectures puisées dans sa vaste collection de militaria (tous solidement reliés en peau de truie, d’où leur surnom de «  bibliothèque rose  »). Et puis quel voyageur ! La très riche contribution de Christophe Loir et Fabrice Preyat aborde Ligne sous l’angle original des mobility studies et le campe en «  Prince hypermobile  », empruntant volontiers des voitures de type wurst mais aussi une kyrielle de barques , coches , fiacres , chaises et autres pousse-culs qui lui permettent de joindre en quelques jours Paris, Londres, Vienne, Spa ou Versailles dans une Europe qui ignorait le chemin de fer…Rien ne manque à ce volume, qui permet de comprendre l’imprégnation de la théologie joséphiste sur ce lointain disciple de Montaigne, son rapport à l’argent, ses activités de diplomate, sa vision des Révolutions (française, brabançonne…), ses affinités musicales ou théâtrales – rien, si ce n’est une étude de son maçonnisme, une part pourtant non négligeable dans la formation intellectuelle, philosophique et morale de cet homme libre.Un volume qui se dévore en gourmet et en gourmand, deux attitudes non contradictoires quand il est question de Ligne……