Je ne voulais pas aller à l’école, quitter Furnes pour l’internat et apprendre le français.
Mon père, ma grand-mère, mon grand-père n’arrêtaient pourtant pas de m’encourager.
Mais je ne voulais pas. L’école était synonyme de séparation, d’arrachement, d’éloignement, d’enfermement.
J’étais beaucoup trop attaché à mon petit monde, au ruisseau à têtards au fond du jardin, à la prairie en face avec ses vaches rousses. J’aimais trop le grenier et sa lucarne qui donnait sur la base aérienne de Coxyde, au loin.
Je voulais rester avec ma grand-mère. Elle m’apprendrait ce qu’elle savait.
Un enfant. Un mort. Une série de désastres. L’enfant porte les noms du mort. Il s’en rend compte comme il entre à l’internat, comme il change de langue. Une ligne blanche régulièrement repeinte traverse la cour de l’école. D’un côté les filles, de l’autre les garçons. Son père, camionneur, vient le chercher les jours de sortie. La maison est son camion.
Eddy Devolder signe ici, après La Russe et Anna Streuvels, le troisième volet d’une quête identitaire à travers l’écriture romanesque.
Petrus De Man illustre le texte, au sens premier du mot » illustrer « : orner. Et c’est comme cela que ces images, épousant le texte d’un trait sans appel, donnent toute son ampleur à la narration.
Auteur de La ligne de partage
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