Dès souv’nances dèl guêre quatôze dij wit´, dji d’é dès monchas. Pus d’ mwéjes qui d’ boûnes, bén seûr…
C’è-st-insi qu’in djoû d’ 1915, nos-astons pârti avou m’ frére Pière pou Somzéye, woute di Târciène. On daleut qué dèl rafouréye pou lès deûs t’chvôs – Boulète èt Fanîye – di m’ popa.
I fèyeut in tins d’ tchén. Ène pètite plouve glacéye nos pèrceut djusqu’ôs-ochas. Come nos-astîs achîds ô d’ dizeûs d’in camion discouvru, qu’in vint d’èst´ nos soufleut dins l’ né, vos compèrdrèz facîl’mint qu’ nos tchantîs nén no bouneûr di yèsse ô grand-èr´.
On chûveut l’ route di Filip’vile pal queuwe di Couyèt, Lavèrvô, Nôlènes, Târciène pou arivér a Somzéye.
Rén si spécial a racontér, sôf qu’al sôrtîye di Nôlènes, su l’ drwète dèl route, on-aveut vèyu ène plaque su l’ façâde d’ène môjone qu’in Prince di Hohenzolern aveut stî tuwè su place ô mwès d’awous´ quatôze XX . Pés a s-n’âme, mins i n’-aveut…
La création durable et circulaire va beaucoup plus loin que le recyclage et la réduction des dégâts environnementaux. Nous devons opérer une transition vers une économie circulaire. Avec une manière de produire et de consommer qui n’épuise pas les ressources rares de la terre, basée sur l’énergie renouvelable et mettant en œuvre des cycles fermés, sans déchets. Les designers jouent un rôle important en la matière. Par l’invention de nouveaux produits et services, et le choix des matériaux. Et en faisant en sorte que les produits durent plus longtemps, soient plus facilement réparables et recyclables. La nouvelle génération se consacre corps et âme à cette mission. Les Pays-Bas se situent à l’avant-garde, mais le courant est également perceptible en Belgique et en France. * Emma van der Leest (° 1991) fait produire des matières présentant des similitudes avec les textiles et le cuir par des bactéries, et en trouve d’autres dans le port de Rotterdam pour colorer ces substances de manière naturelle. En collaboration avec un biologiste et avec des chercheurs d’un centre médical universitaire, elle étudie la possibilité de faire produire un revêtement imperméable naturel par certaines moisissures. Au cours de sa formation de conceptrice de produits à la Willem de Kooning-academie de Rotterdam, Van der Leest s’est spécialisée en biodesign: l’utilisation de micro-organismes comme source d’inspiration, comme élément constructif ou comme base d’un produit complet. Elle travaille aujourd’hui en free-lance, enseigne à la Design Academy Eindhoven et effectue des recherches dans le cadre du Biobased Art & Design lectoraat, une coopération entre la Willem de Kooning-academie, TU Delft (université de technologie) et l’Avans Hogeschool de Breda. Elle a également fondé le BlueCity Lab à Rotterdam, un lieu de travail où scientifiques, designers, artistes, étudiants et entrepreneurs peuvent à leur gré expérimenter de nouveaux matériaux et produits conçus à partir de micro-organismes. Jalila Essaïdi (° 1980), artiste formée à l’université de Leyde, avec une spécialisation en bio-art, a fait parler d’elle dans le monde entier avec une peau capable d’amortir, voire même d’arrêter des balles. Une combinaison de tissu humain et de soie d’araignée, produite par des micro-organismes génétiquement modifiés. Plus tard, elle a capté à nouveau l’attention des médias avec un textile fabriqué à partir de bouse de vache. Il y a un an et demi, elle a ouvert à Eindhoven le BioArt Lab, où l’on s’emploie à résoudre des problèmes sociétaux en combinant nature et technologie. Pratique et pragmatique Van Leest et Essaïdi sont exemplaires des développements dans le domaine du design durable et circulaire aux Pays-Bas. Les concepteurs de la nouvelle génération font s’estomper complètement les frontières entre science, technologie, design et art. Ils collaborent de préférence avec des gens de toutes provenances, dans des réseaux ouverts, de manière à réunir autant de connaissances et de compétences que possible. Et ils ont une mission : contribuer à un monde meilleur, si possible avec un effet concret. Ils veulent offrir des solutions aux défis auxquels nous sommes confrontés, que ce soit dans le domaine de l’écologie, de l’économie ou de la vie en société. Ils ne puisent pas leur inspiration dans de grands idéaux ou des perspectives politiques, mais sont pratiques et pragmatiques. Pleins d’ardeur, les créateurs de la nouvelle génération s’attaquent aux problèmes et, tout en expérimentant, ils se lancent avec enthousiasme à la recherche d’un produit, d’un procédé ou d’un matériau innovants. Dans cette quête, la nature offre de l’inspiration en abondance, nulle part ailleurs on ne trouve plus beaux exemples de bouclage de cycles écologiques. Les vieux métiers et les techniques et méthodes traditionnelles de travail suscitent un regain considérable d’intérêt, car la nature y est souvent habilement utilisée. Cette tendance est internationale et observable en de nombreux endroits. «On ne conçoit plus sans penser à la durabilité. Ce ne sont plus des matières diverses mais des idées et des solutions (durables) qui ont pris le dessus», a écrit Tracy Metz, journaliste et auteur américano-néerlandaise en avril 2018 en introduction à un article sur le Salone del Mobile de Milan, le plus important événement au monde - par la taille et l’influence - dans le domaine du design. Avec un clin d’œil Les Pays-Bas peuvent certainement revendiquer une place de premier plan dans ce domaine. Ce fut Piet Hein Eek qui, diplômé de la Design Academy Eindhoven, lança en 1990 une armoire en morceaux de planches de bois de récupération. Un manifeste pour l’artisanat et la conscience environnementale comme contrepoids au design bien trop léché, à ses yeux sans âme, qui donnait le ton à cette époque. Des contemporains comme Richard Hutten, Hella Jongerius et Marcel Wanders l’accompagnèrent dans cette voie, et ainsi se développa lentement le mouvement qu’on appela Dutch Design et qu’on qualifia de minimaliste, expérimental, innovateur, peu conventionnel et doté du sens de l’humour. En suivant l’enseignement de design industriel, davantage tourné vers l’entreprise, de l’Université de technologie de la TU Delft, l’étudiante Conny Bakker fut, au début des années 1990, étroitement impliquée dans la mise en place du réseau d’écodesign O2, devenu mondial depuis. Par la suite, elle soutint une thèse sur les informations environnementales pour les concepteurs. «Au début du processus de conception, les créateurs tâtonnent trop. Il leur manque l’outillage pour s’attaquer correctement au sujet. Il faut disposer d’un point d’appui pour développer une combinaison produit/marché pour le long terme. Imaginez : avec toutes ces discussions sur l’émission de dioxyde de carbone, on peut parier que la législation se fera attendre cinq ou dix ans. Si dès maintenant on anticipe là-dessus, on peut prendre un formidable avantage concurrentiel», a-t-elle déclaré en 1995 (!) dans une interview relative à sa soutenance de thèse. En 2017, Conny Bakker a été nommée professeur ordinaire de méthodologie de conception pour la durabilité et l’économie circulaire à la TU Delft. Matelas recyclable Après une première vague d’intérêt pour l’environnement et le développement durable dans les années 1990, incluant assurément le secteur manufacturier, une deuxième vague se dessine maintenant. De même que les lycéens descendent en nombre croissant dans la rue et en des lieux multiples pour faire entendre leur voix sur les problèmes climatiques, de jeunes concepteurs imaginatifs de plus en plus nombreux se manifestent avec des idées et des concepts parfois radicaux, qui peuvent contribuer à l’économie durable et circulaire. Tracy Metz l’a constaté à Milan, mais cette tendance est visible aussi lors de la Dutch Design Week à Eindhoven, qui accueille chaque année 350 000 visiteurs. Un échantillon de l’édition d’octobre 2019. Ontwerpbureau Niaga (again lu à l’envers) a développé, en collaboration avec DSM, un tapis composé d’une seule matière - du polyester - et par conséquent complètement recyclable. Et avec Auping, un premier matelas recyclable. Pour l’entreprise de traitement des déchets Renewi, qui transforme déjà près des deux tiers des ordures collectées en nouvelles matières premières, les étudiants de la Design Academy Eindhoven se penchent sur les résidus qui, à l’heure actuelle, vont directement à l’incinérateur. Pourquoi ne fait-on pas de baskets à partir de vieux pneus, lança l’un de ces pionniers. Et même des cendres des incinérateurs, on peut encore tirer des minéraux et des matériaux utiles, d’autres l’ont montré. Le musée d’art…
14-18, un passé entre front guerrier et zones occupées
DES AUTEURS N'AYANT PAS CONNU LA GRANDE GUERRE SE SONT PENCHÉS SUR CETTE EFFROYABLE PREMIÈRE GRANDE BOUCHERIE DU XXe SIÈCLE. ILS PORTENT SUR ELLE LE REGARD SINGULIER QUE PERMET LA DISTANCE DU RECUL DE L'HISTOIRE. Plusieurs romans et nouvelles d'écrivains actuels se servent d'éléments ayant existé afin de réfléchir sur une barbarie que le monde avait espéré disparue alors qu'elle persiste aujourd'hui à travers les discordes sanglantes qui ont sévi ou sévissent encore. Ils appartiennent à un corpus littéraire porteur d'une autre vision que celle uniquement restreinte à la vie dans les tranchées et à la guerre vue du front. En effet, comme ce fut le cas pour le Nord de la France, " la situation de la Belgique est tout à fait originale de par sa partition entre zone des combats [...] et zone occupée " 1. LE RÉALISME IMAGINÉ Raymond Masai (Kain, 1944) a conçu son roman choral Le carnet de Nicolaï 2, comme une tentative de revenir sur " une guerre que le temps et les mensonges ont réduite à une carte illustrée " (p. 66). Il part d'un fait plutôt occulté de la 1e guerre mondiale : celui de la participation au conflit de troupes russes, environ 20000 hommes, dont la moitié envoyés en France. Leur présence est, par exemple, attestée par des tombes à Tournai. Il existe aussi, dans la même région, vers Warchin, un déblai de chemin de fer baptisé " la Montagne des Russes ". Une partie de ces militaires, abandonnés par leur pays parce que l'arrivée du communisme a fait que " combattre pour la bourgeoisie française ou pour protéger les caves et le Champagne n'étaient plus à l'ordre du jour " (p. 82), ont connu mutinerie et répression avant de se retrouver parqués dans des camps de concentration, notamment à Mailly (Champagne-Ardenne). Composé d'un mélange du journal intime du jeune soldat Nicolaï, des pérégrinations d'un Chilien exilé sous la dictature de Pinochet, de correspondance échangée, du travail historique d'une jeune chercheuse, le livre associe passé et présent, guerres et paix, réalisme et idéalisme, séparations et retrouvailles, dirigeants et citoyens, besoin d'identité et anonymat imposé par la vie. Il se réfère aussi à la composante locale puisque le Russe tombera amoureux d'une paysanne du coin. Avec Tu signais Ernst K., Françoise Houdart prend le parti de se mettre à la place de l'occupant. Elle part à la recherche de celui, soldat allemand de 19 ans, qui laissa, logé chez l'habitant à Boussu, un carnet de dessins de lieux situés entre Tournai et Roisin de juillet 1917 à mai 1918 3. Le livre va donc s'intéresser d'une part à la mentalité de cet intrus imposé aux citoyens belges ainsi qu'à ce qui se passe auprès des siens restés dans la patrie natale et d'autre part à livrer des détails sur le quotidien de l'époque à travers la vie et les réactions des autochtones hainuyers. Littérairement, cette espèce de chronique montre une auteure en train de réfléchir sur sa propre démarche d'écriture, sur sa volonté de conjuguer imaginaire narratif et réalité documentaire, tutoyant son personnage " en tête à tête entre fiction et présomption d'authenticité " (p. 139) tout en s'interrogeant sur ce qu'il devient sous sa plume et allant jusqu'à lui demander s'il se satisferait " jusqu'au bout de ce roman du destin dont je te gratifie " (p. 232), mais aussi dialoguant en vrai avec la dernière survivante de cette histoire. La démarche expérimente une forme d'objectivité ou d'équité. Elle prend en compte les deux camps, les deux populations, les deux catégories que sont militaires et civils. Ainsi, le soldat installé dans la maison de Juliette D. est-il considéré comme " présence honnie et protectrice en même temps " (p. 48). Ainsi cette remarque que " les jeunes filles et les femmes n'avaient pas la vie facile dans cette Allemagne totalement mobilisée pour nourrir en machines et munitions la femelle monstrueuse coiffée d'un casque à pointe qui broyait sans miséricorde les hommes et leurs farouches espérances " (p. 49). De la sorte réapparaît la part d'humanité que la guerre semblait avoir gommée. Comme elle se lit dans les réflexions d'Eduard, ami d'Ernst, qui ne cesse de se questionner sur le bien-fondé du patriotisme inoculé par la propagande. L'existence de la population d'alors se remplit pêle-mêle de délations pour satisfaire de petites vengeances car " les rancœurs ont la peau durcie par la misère " (p. 140), de la circulation sous le manteau d'une lettre épiscopale censurée ou de journaux clandestins, de l'utilisation des pigeons afin de transmettre des messages de résistance, d'arrestations et d'exécutions, d'organisations de bienfaisance distribuant de la soupe aux écoliers, de potagers installés un peu partout pour se nourrir malgré la pénurie, de rumeurs de puits empoisonnés, de brassards rouges obligatoires pour les chômeurs, de déportations, de tickets de rationnement, d'épidémie comme la mortifère grippe espagnole ou de maladie comme la tuberculose... Par ailleurs, il y aura bientôt " en filigrane dans la texture sonore de la guerre des hommes, se frayant un passage entre l'écho des salves des pelotons d'exécution des premiers mutins de la Somme, le retentissement assourdi des bruits de pas des premiers soldats américains sur le sol français libre, et les lointaines clameurs des premiers grévistes de la Ruhr " (p. 125). Ici, à l'image de la cohabitation forcée décrite par Vercors lors du conflit mondial suivant dans Le silence de la mer, se dessine une connivence forte entre occupés et occupants précisément parce que derrière la nécessité de rester fidèle à des valeurs existe aussi une compassion tacite entre des êtres dotés de similaires sentiments humains. Un bref livre vient de sortir de presse qui donne la parole à sept témoins. Dans Un bouquet de coquelicots, Marianne Sluszny, à son tour entremêle fiction et réalité 4. De fait, productrice de documentaire à la télévision belge francophone, elle a eu l'occasion d'effectuer des recherches au sujet de la Grande Guerre. Elle en a retiré des nouvelles à la première personne. Chaque personnage vient narrer sa vie. Chacun a son ancrage très local: Bruxelles, Anvers, Namur, Malines, Andenne, La Panne, Ypres, Musson... Le Soldat Inconnu devient soudain identifiable, lui qui fut choisi par hasard parmi des ossements épars. Un pigeon voyageur affirme " que l'envahisseur était un oiseau de mauvais augure " (p. 44). Fils d'avocat catholique, Roger, pianiste en devenir, est transporté dans un autre monde, celui des tranchées. Là, il fait " connaissance des poux, des rats, des odeurs nauséabondes des urines et étrons entassés dans un seau. Et aussi de la torture qu'on inflige à son corps recroquevillé pour que la tête ne cogne pas les poutrelles, supplicié par les assemblages de fils de fer recouverts de toile de jute sur lesquels il doit trouver le sommeil " (p. 38). Frans, lui, enfant d'une famille besogneuse et analphabète, reçoit l'enseignement d'un curé nationaliste. Sur le front, dans le boyau des tranchées réalisées " avec des sacs de sable, des sacs lourds comme le chagrin " (p. 83), fraternisant avec un conscrit de Marchienne-au-Pont, il réalise que " la vie des siens était aussi pénible que celle des paysans flamands " (p. 85). Trois personnages sont particulièrement émouvants. Jeannette, mère de famille dont le mari est incorporé et qui finit par se prostituer avec des occupants ennemis. Après l'armistice, elle sera ignominieusement punie par la populace haineuse " comme si nous n'avions pas été les plus vulnérables, abandonnées à nous-mêmes pour faire vivre nos familles " (p. 70). Cécile, fille d'un grand patron libéral, préfère devenir infirmière plutôt qu'épouse d'un autre patron. Elle accompagne jusqu'à son dernier souffle un soldat aux idées socialistes dont l'état physique se dégrade suite à une balle dans la tête. Quant à Albert, Congolais immigré devenu invalide de guerre à la " carcasse rongée comme par un vautour " (p. 92) par une tuberculose pulmonaire…
Bernard Verrat à la ville est Hervé Vincent à la scène. Pas celle de grandes…