Happée par la mer

RÉSUMÉ

Après avoir renoncé à la maternité, Gisèle fuit son Nord natal et se retrouve à Plougasnou, un village breton aussi étroit que rassurant. Elle y coule des jours simples et prévisibles : une trentaine bien acceptée, un corps ni beau ni laid, un boulot de factrice sans secousses aux côtés d’un homme lisse et parfaitement rasé.
Mais son licenciement soudain est un électrochoc, et le vide qui envahit son quotidien lui révèle les fragments de son passé. Est enfin venu le temps de ranimer son existence et ses désirs.
De l’autre côté du bourg, un homme dialogue avec le répondeur d’une mystérieuse Clotilde. Il espère encore le retour de l’amour de sa vie, parti cinq ans plus tôt, sans l’ombre d’une explication.
Dans ce roman rythmé par les marées bretonnes et les histoires de village, l’enfance se dessine sur le sable, l’espoir s’accroche au rivage, seuls l’amour et le temps ne peuvent pas s’amarrer.

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Le Carnet et les Instants

Gisèle, trente ans, est factrice dans un village breton, Plougasnou. Plutôt solitaire, elle vit avec Bidule, son chat, et Boris, un homme totalement lisse et prévisible. Les habitants l’apprécient et se sont habitués à cette jeune femme, peu causante, mais à l’écoute. Gisèle commence toujours sa tournée chez Odette qui tient une crêperie et attend de pied ferme les cartes postales de sa fille partie faire le tour du monde avec son copain. Odette dont elle connait toute la vie ou presque, et qui petit à petit prend une place importante dans la sienne. Elle passe aussi tous les jours prendre un thé chez son amie Clémentine qui travaille dans le café du village.Tout bascule dans la vie de Gisèle la veille de Noël, période qu’elle déteste par-dessus…


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Âme blanche

La postérité est quelquefois injuste, le présent trop souvent amnésique et le public belge francophone peu conscient de son patrimoine littéraire. Ainsi des écrivains de valeur connaissent-ils les affres du purgatoire et leurs œuvres restent-elles absentes des rayons des librairies. Pour les femmes, la difficulté est accrue par le fait que l’Histoire littéraire a été écrite par des hommes. Pourtant, dès le début de la Belgique, certaines ont tenté de percer dans un monde des lettres encore exclusivement masculin et ont bravé les préjugés qui entourent les femmes artistes. Ce sont ces figures oubliées que la jeune maison d’édition Névrosée , dirigée par Sara Dombret, entend sortir de l’ombre en publiant une première série de douze livres de femmes écrivains belges. Parmi celles-ci, certains noms sont connus comme Caroline Gravière ou Madeleine Bourdouxhe, alors que d’autres ont totalement disparu de la mémoire collective. Marguerite Baulu et Jeanne de Tallenay, dont le roman L’invisible constitue une remarquable découverte , se voient ainsi remises à leur juste place grâce à cette initiative. Parmi ces femmes de lettres belges, Marguerite Van de Wiele (1857-1941) est la première à avoir vécu de sa plume. Célibataire, à la fois journaliste et romancière, acclamée par les plus grands écrivains de son temps, chargée de missions officielles, mais aussi souvent en butte à la misogynie ambiante, elle a ouvert des portes aux générations suivantes de femmes de lettres belges. Elle livre, dans ses romans, des portraits de femmes confrontées au corset empesé de normes que leur impose leur milieu. Doivent-elles se soumettre et consentir à se laisser détruire ou tenter de se libérer au risque de voir s’abattre les jugements réprobateurs, de devoir s’endurcir et, peut-être, de se perdre ? Évangéline, le personnage principal d’ Âme blanche, est prise au cœur de ce dilemme. Elle est un être pur, dont l’innocence est menacée, un ange qui, comme son nom l’indique, pourrait apporter une bonne nouvelle, l’espoir d’un salut.La plume, toute en délicatesse, de Marguerite Van de Wiele cisèle les mots pour dépeindre les sentiments ou dresser des tableaux pittoresques, comme celui du marché d’Anderlecht, vibrant d’odeurs et de couleurs, ou des ruelles du vieux Bruxelles, sillonné par la Senne. Surtout, Marguerite Van de Wiele se livre, dans ce roman publié pour la première fois en 1908, à une dissection des mœurs de la bourgeoisie. Elle pose la question de l’émancipation féminine dans une société où la vie d’une femme ne peut se construire que par les hommes, au sein d’un modèle familial centré autour d’eux. Elle y joint le problème de la place laissée à l’enfance et à la sensibilité au sein d’un univers froid et matérialiste. Elle montre ainsi l’envers de cet âge d’or, qu’on se plait à rêver, d’une Belgique florissante dans la deuxième moitié du 19e siècle.Évangéline est une enfant privée d’enfance par la faute d’une faillite des adultes, qui se révèlent incapables de remplir leur rôle protecteur et encore moins de comprendre les besoins d’un enfant. La première de ces adultes irresponsables est la mère. Elle ne peut cependant être blâmée, car elle est une victime, rejetée par sa famille et enfermée dans un asile. Les premières pages du roman évoquent le paradis perdu de la petite enfance. Quelques sensations suffisent à faire renaître le souvenir enchanté et mélancolique d’un temps où l’affection maternelle était associée à la musique et à la vivacité d’un trop-plein d’émotions, libres de s’exprimer. Déjà, la petite fille éprouvait une sourde inquiétude, comme un voile posé sur ses ravissements d’enfant, voile que la distance du souvenir ne fait qu’accentuer et muer en tristesse. Elle semblait pressentir le drame, qui la précipiterait à jamais hors de l’enfance : l’effondrement de sa mère en elle-même. La culpabilité que ressent la jeune femme à la mort de son mari désorganise en effet cette âme trop sensible. Elle se met à délaisser sa fille avant d’être internée. Lorsqu’Évangéline vient la visiter, bravant l’interdit familial, sa mère est incapable de la reconnaître. Elle tente alors une thérapie par la tendresse. Chez Marguerite Van de Wiele, la sensibilité du cœur est à la fois une fragilité, qui peut mettre en danger, mais aussi l’espoir de se sauver. Si Évangéline parvient à ranimer sa mère, elle provoque toutefois une inversion de génération puisque celle-ci se met à l’appeler « maman ». 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