Un journal intime fictif, qui met en scène Bram Stoker et aborde la création du célèbre personnage Dracula.
Auteur de Fragments imaginaires du journal d'Abraham Stoker (1847-1912)
L’homme qui écoutait chanter l’oiseau
Christian MERVEILLE (auteur) et Valeria DOCAMPO (illustratrice), L’homme qui écoutait chanter l’oiseau , Alice Jeunesse, 2024, 40 p., 16 € , ISBN : 9782874265747 Selon leur espèce, les oiseaux représentent une variété de symboles : la paix et la colombe, la force et l’aigle, la sagesse et le hibou, le deuil et le corbeau, la fidélité et le cygne, la résilience et le colibri… Mais tous, du plus humble passereau au majestueux albatros, incarnent avant tout la liberté. Faisant fi de la pesanteur terrestre et se jouant des airs, ils planent, virevoltent, s’en vont à tire d’ailes vers des horizons qu’eux seuls connaissent, que nous seuls imaginons. Ces êtres de plumes et de vents, en plus de chanter, parlent aussi, un langage particulier, invisible et audible aux âmes réceptives. Tel cet homme, debout, la tenue simple et l’air absorbé, les yeux fermés, nez tendu vers la mélodie d’un rouge-gorge, comme si en plus de l’entendre il la respirait. Il demeure d’ailleurs étrangement indifférent à l’agitation autour de lui, ne tremble pas aux cris d’un garde lui intimant de se prosterner devant le Roi qui va arriver en ville : « Arrêtez-moi si vous voulez, moi, je veux écouter l’oiseau… ». Devant son attitude jugée défiante par les tenants du pouvoir, il est arrêté et condamné expéditivement : « Que cet homme soit enfermé à vie dans la prison de la Haute Tour. Faites la chasse à tous les oiseaux et qu’on les enferme eux aussi. » Dans sa cellule, rien n’est épargné au prisonnier politique : mauvais traitements, nourriture exécrable, sévices. Ses tortionnaires, aveugles et délirants exécutants d’un régime de terreur, s’acharnent à le soumettre. Pour y parvenir, ils tentent d’étouffer l’espoir qui le maintient en vie, la présence du volatile qui, depuis le début de son incarcération, lui rend visite chaque jour aux barreaux de sa fenêtre. Yeux crevés, tympans percés. Et pourtant, l’homme, plongé dans sa solitude obscure et silencieuse, résiste, encore. En attente de la caresse de la liberté…Cette réédition du puissant conte de Christian Merveille trouve ici sa juste illustration grâce au talent de Valeria Docampo . Le texte sobre, profond, vibrant se voit paré de dessins en juste écho avec sa matière dense et terrible. Les compositions de Docampo touchent en effet délicatement à poésie et se parent d’une certaine simplicité (dans les couleurs, les formes, les traits) résultant par ailleurs d’un travail précis et ouvragé (notamment dans la figuration des feuilles et des maisons qui sont « traversées » d’autres images). Dans L’homme qui écoutait chanter l’oiseau , mots choisis et évocations graphiques s’accordent parfaitement, en retenue et en sensibilité. Cet album, publié en collaboration avec Amnesty International…