En 2019, confrontée la même semaine à la mort de sa chatte et de sa chienne, l’auteure est tombée dans une peine sans fond et s’est sentie seule et démunie face à leur dépouille. Comment décrire la place qu’ils occupaient dans sa vie alors qu’elle vivait à leur rythme?
Elle a alors eu l’envie d’en savoir plus sur les relations entre les humains et leur animal et s’est mise en quête d’histoires vraies les illustrant. Drôles, émouvants, insolites, inattendus ou tristes, les 95 récits de ce recueil racontent ce lien intime qui nous unit à ces compagnes et compagnons, d’une vie ou de passage.
Toutes ces histoires se lisent comme des nouvelles dont les personnages sont des chiens, des chats, des lapins, bien sûr, mais aussi des oiseaux, deux chevaux, une taupe, des araignées, une abeille, un python, des vaches, des cochons, un dauphin, des tritons, un sapajou, des poissons, une tortue, un dindon, des mouettes, un papillon, un perroquet, un pigeon, une renarde, des escargots, une mouche, des poules…
Leur lecture nous élève.
Auteur de Et si les animaux nous rendaient moins bêtes
En 2019, Régine Vandamme fait la douloureuse expérience de perdre, dans la même semaine, deux animaux de compagnie, sa chatte et sa chienne. Face à ce vide cruel, des questions intimes l’assaillent : que faire de leur dépouille ? comment surmonter leur absence ? quel quotidien recréer sans elles ? comment soulager la peine, immense ? D’autres pensées plus générales éclosent en parallèle, concernant la relation de l’être humain et de l’animal. Pour permettre une mise en perspective, un élargissement des horizons et une meilleure compréhension de leur coexistence, Vandamme émet un appel à histoires, collecte de nombreux récits et les rassemble dans Et si les animaux nous rendaient moins bêtes ?Les nonante-cinq…
La pince à linge dont il est question dans les aquarelles de Roger Dewint n’est pas d’un plastique coloré ni d’un métal inoxydable ; elle est d’un bois plutôt brun clair (dans une gamme de couleurs se déployant du beige jaunâtre au gris terne), tendrement enserré et mordu par un ressort conférant à la fois unité et mobilité à ses deux bâtonnets façonnés. C’est celle qui est abandonnée sur un fil ou qui se repose au fond d’un seau après avoir rempli sa fonction de fixation ; celle qui obture les narines d’un personnage de bande dessinée face à une odeur intolérable ; celle qui se colle dos à dos avec ses copines et termine en sous-plat de « fête des pères » ou en bricolage plus élaboré à la façon François Pignon. C’est celle-là que l’on retrouve dans chacune des illustrations de Dewint ainsi que dans la première des deux nouvelles d’Ève Caligaert. Elle aurait pu être disséquée et sur-qualifiée dans un poème pongien, elle se fit muse des Quatre Barbus qui retracèrent (sur l’air de la Cinquième beethovénienne) son invention, et elle inspire ici « Les Origines de la Pince ». Car son apparition est aussi multiple que mystérieuse : Chine, Égypte, Nouvelle-Zemble, Angleterre, Europe centrale, Japon, Colombie britannique, Carpates ? De tous temps et sous toutes les latitudes, ce petit objet (sacré ou quotidien ?) a traversé et symbolisé les civilisations. Et son potentiel est encore loin de se tarir : « […] les chercheurs d’aujourd’hui, à l’affût d’innovations et de découvertes pour maintenir l’équilibre de la planète, se sont penchés sur les possibilités inexplorées qu’offre la pince à linge […] Mais il est trop tôt pour en parler, les brevets n’ayant pas encore été déposés. Par respect pour ces savants, nous nous voyons tenus au secret. »« J’ai de la chance, beaucoup de chance. Je vis dans une maison où l’on aime les chats. Je peux dormir seize heures par jour et m’éclipse la nuit sans qu’on y trouve à redire. » Assurément, c’est une heureuse existence que mène le protagoniste du second texte du recueil : le félin de Elle et Lui. Elle est la femme de Lui, qui se verra attribuer un Nom (connu dans son pays comme à l’international) après des années de « travail de bœuf, de vraies charrettes », dans la solitude de son bureau rempli de crayons, de papiers, de doutes et de rêves. Ce succès, « notion abstraite qui ne vous laisse plus paix », bouleversera le bonheur tranquille de la fermette et détraquera par ailleurs « la foutue pendule qui avait un mécanisme remarquable ». La ronron-thérapie fera-t-elle des miracles ? « Je n’ai pas le courage de vous l’expliquer » dirait notre félin en fermant les yeux… À vous donc…