Dji n' sé sofler


RÉSUMÉ

Certains beaux esprits en sont encore à se gausser des langues régionales en soulignant avec délectation leurs carences… carences lexicales dans le registre de l’abstrait, carences lexicales face aux réalités contemporaines.

Il est vrai que la néologie s’impose pour n’importe quelle langue qui souhaite se perpétuer ; mais, il est vrai aussi qu’une langue régionale telle le wallon dispose d’un très riche vocabulaire dans le registre concret et dans les usages d’un mode de vie traditionnel, vocabulaire dans lequel les auteurs contemporains peuvent puiser en le transcendant vers l’abstrait.

Il s’agit là d’un processus qui respecte l’esprit même de ces parlers. Ce n’est pas un palliatif mais bien une ressource majeure qui, bien sûr, nécessite à la fois compétence et talent. C’est le cas en ce qui concerne Joseph DEWEZ.

Quand la langue wallonne est maniée avec autant de respect et autant de rigueur, elle ne peut qu’en sortir grandie.

Le titre même de ce chemin de croix, Dji n’ sé soflér, témoigne de cette démarche. En wallon, soflér, c’est bien sûr ‘souffler’ mais c’est aussi ‘respirer’, donc ‘vivre’. Que ce soit la victime de violences policières, la victime des injustices sociales, la victime de l’intolérance sous toute ses formes qui manifeste si simplement cette volonté essentielle.
Cette courte phrase que profère le Christ au bout de son chemin de croix, un moment majeur pour les chrétiens, c’est aussi la supplication ultime, l’exclamation désespérée d’un être humain face à des bourreaux qui sont pourtant ses semblables…

Dans une société où la violence ne semble guère décroître, vivre en paix ne doit pas constituer un privilège mais simplement un droit, qui que l’on soit, où que l’on soit.

Le chemin de croix de Joseph DEWEZ et les sculptures qui l’ont inspiré – le chemin de croix de Jean WILLAME – s’ils sont fidèles à la tradition chrétienne, dépassent ce drame et mènent à une réflexion aussi intemporelle qu’universelle, tout en ménageant pour chacun une perception propre.

L’ adéquation entre ces deux œuvres est par ailleurs remarquable : le texte wallon et le granit du plasticien se répondent admirablement dans leur sobriété et on ne pourra plus voir ces sculptures sans penser à ce texte… Ce n’est certes pas le moindre mérite… de l’un… et de l’autre. (Jean-Luc FAUCONNIER)


À PROPOS DE L'AUTEUR
Joseph Dewez
Auteur de Dji n' sé sofler
Joseph Dewez est théologien et enseignant retraité. Né à l’ombre du vieux chêne de Liernu, en 1950, il n’a jamais parlé le wallon durant son enfance ; il l’a entendu dans la cour de la ferme de ses parents. En 1978, il suit le cours de wallon de Lucien Léonard et se met à écrire dans cette langue qu’il trouve plus forte que le français pour exprimer les émotions. Il publie un recueil de poèmes Do vint dins lès croles en 1993 et plusieurs textes dans les Cahiers wallons. Un autre recueil, Au djârdén, po wèyi èt s’ rèwèyi, a été publié en version électronique par la Maison de la Poésie de Namur. En décembre 2006, il devient président des Rèlîs namurwès. En 2014, il est admis à la Société de Langue et de Littérature wallonnes, où il succède à Willy Bal.

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