Comment porter un « verbe de lumière » au-dedans de soi pour faire voir ce que l’on voit, et faire entendre notre voix ? Car, comme l’écrit Porchia, « personne n’est lumière de soi-même ». À la limite, faible lueur… Les personnages que Pascal Feyaerts présente sont en attente d’un don de temps. Ils sont dans une antécédence d’être, prêts à (re)naître sous le regard d’autrui — ou de quelque chose.
Ce qui fait le sel et la grâce de ces textes, c’est aussi leur écriture, avec les écarts apportés au déroulement attendu de la phrase, les infléchissements de son cours comme si les mots, par un effet de clinamen, rompaient l’ordre de la prose pour produire des étincelles de poésie. Sous l’écorce verbale affleure la sève des images.
Pascal Feyaerts est un « homme de songe », selon la belle expression de Bachelard, un rêveur qui ausculte le monde depuis son intérieur percé d’ouvertures multiples. Il porte ses regards loin et haut par l’embrasure des fenêtres pour mieux éployer ses paysages de mots.
Ses petits poèmes en prose surprennent à chaque lecture, appelant à des revisites nombreuses. Comme des papillons, ils captent notre attention par l’un ou l’autre détail, une tournure de phrase ou de pensée, un charme indéfinissable. On tente alors de les saisir mais ils traversent nos filets aux mailles trop lâches.
Ne reste de leur passage qu’un subtil frémissement d’ailes, comme un haussement de ton du réel, une augmentation d’être, un persistant éclat, une échappée hors des voix coutumières de l’Archipel Poésie…
Éric Allard, extrait de la préface
Auteur de D’ils et d’ailes
Les Saisons est avant tout un livre savoureux où plaisir et intelligence coïncident. Le recueil…