Ce livre bilingue (polonais et français) est composé de deux partie principales.
La première, monographique, contient plusieurs chapitres. Dans le premier intitulé BIOGRAPHIE NON SEULEMENT POÉTIQUE est présenté le parcours biographique hors du commun et un aperçu global de l’œuvre de Marian Pankowski. Dans RENCONTRES D’AUTEURS – RENCONTRES DE TRADUCTEURS, nous pouvons voir son évolution dans le milieu universitaire, littéraire et critique de Belgique ; comprendre son activité en tant que poète, traducteur et passeur des autres poètes. Le chapitre suivant présente les affinités poétiques de l’auteur et le fonctionnement de son imaginaire. Les volumes polonais qu’il crée avant la publication de ses poèmes français sont également présentés dans la partie LA VIE EN VERS : LES MATRICES POÉTIQUES DE MARIAN PANKOWSKI. La partie LES MONDES PARALLÈLES : COULEUR DE JEUNE MÉLÈZE ET POIGNÉE DU PRÉSENT, met l’accent sur ces deux volumes en français, les contextualise et explique l’importance de la langue française dans la démarche pankovienne. LES ÉTATS HEUREUX, le dernier chapitre de la première partie de l’ouvrage, résume cette période dense pour Marian Pankowski en mettant ses accomplissements face à la critique littéraire mais en le montrant aussi comme un auteur pleinement conscient qui retrouve le bonheur tant rêvé de l’écriture et celui, simple et humain, de la vie d’un homme.
La deuxième partie de l’ouvrage présente les poèmes français de Marian Pankowski, poèmes traduits en polonais pour la première fois dans leur intégralité. Chaque poème est suivi d’un commentaire du poème qui présente les versions éventuelles et / ou parallèles de ceux – ci. Le livre est complété par un index des auteurs, traducteurs et rédacteurs ainsi que par une BIBLIOGRAPHIE POÉTIQUE et des remerciements. Enfin, des illustrations qui aident à visualiser les mondes francophone et polonophone de Pankowski complètent la publication.
Auteur de Dédoublement poétique : Marian Pankowski, poète polonais de langue française
L'acte de lire (auquel se ramène toute vraie pensée critique) implique la coïncidence…
Le centenaire d'Émile Verhaeren
La commémoration du centième anniversaire de la naissance d'Émile Verhaeren a connu, durant l'année 1955, un éclat exceptionnel. Non seulement en Belgique, mais dans de nombreux…
Il fallait un poète pour rencontrer l’œuvre de Jacques Crickillon, pour donner lieu à une danse de planètes mue par la question du geste poétique. Après la très belle étude de Christophe Van Rossom, Éric Brogniet livre en poète une traversée des créations de l’Apache Crickillon, des cycles d’écriture qui, de La Défendue à L’Indien de la Gare du Nord , de Colonie de la mémoire à Ténébrées , du Tueur birman à Sphère, À Kénalon I et II , portent le verbe au bord du gouffre, sur les cimes de la sécession, loin des bonnes mœurs littéraires. Taillés dans le vif-argent d’une langue réinventant ses pouvoirs comme ses impuissances, la poésie, les nouvelles, les romans de Crickillon se tiennent sur la corde du funambule qui vit la parole comme une expérience de la dépossession, comme une initiation à la diffraction du moi et à la contrée du vide. Si la littérature dans ce qu’elle a de sismique, de réfractaire à l’ordre social naît avec Homère, l’aède aveugle, elle semble parachever son cycle de nos jours, la cécité doublée de la surdité se logeant désormais dans le cirque d’une scène littéraire acquise à l’embourgeoisement, aux grelots du divertissement et du conformisme. La question du devenir, de l’incidence du poème dans un monde qui lui tourne le dos et le piétine — question que pose Jacques Crickillon dans « La poésie est une guerre indienne », son texte en postface — porte en elle le souffle des insurgés, lesquels ne sont les apôtres d’aucune vérité. Le poète comme « inquiéteur » (Crickillon), comme horloge qui refuse de marquer l’heure est l’artisan d’une expérience existentielle qui côtoie les gouffres et l’inconfort. On mesurera toute la démesure de l’œuvre « explosante-fixe » de Crickillon et de l’analyse qu’en produit Brogniet à sa prégnance relativement clandestine comme si l’époque tenait loin d’elle ce qui la subvertit, ce qu’elle ne peut recycler dans la littérature trendy , minimalisme creux ou verbiage boursouflé de graisse. Un Indien des lettres ensauvage la grammaire, la sémantique, la Terre, les nerfs, le sang, propage la rigueur de l’anarchie dans une poétique du « contre », sœur de celle de Michaux (contre l’état de choses et ses séides). Éric Brogniet plonge à mains nues dans les grands cycles formant des « cosmographies », des mondes mythologiques vertébrés par l’amour, le questionnement de la mémoire, la fusion du polar et du chamanique, de l’ivresse et de l’extase. Déchiffreur des convulsions intérieures et extérieures, à rebours de l’assassinat programmé de la poésie auquel on assiste, l’auteur de Vide et Voyageur , de Talisman révèle la nécessité, l’urgence d’un verbe poétique transfigurateur. La ténacité du paria, de l’« horrible travailleur » (Rimbaud) enraiera l’extermination des poètes, des Indiens du « Cinquième Monde ». Au cœur de sa geste poétique, de son œuvre-spirale comme l’énonce Éric Brogniet, un feu central, le feu de l’amante, de la muse qui a impulsé la poésie de l’amour dont Crickillon est l’un des grands chantres, Ferry C., auteure de nombreux collages qui accompagnent les recueils Région interdite, Nuit la Neige. Poète, muletier sans provende, qu’on chasse d’une cabane à l’autre, et qui s’en va dormir dans les chapelles abandonnées. Poète : fantôme du muletier sur sa montagne fantôme Élégies d’Evolène. Véronique Bergen Jacques Crickillon, né à Bruxelles en 1940, nous a donné, depuis La Défendue, son premier livre publié en 1968 par André De Rache, jusqu’à Litanies, publié par Le Taillis Pré en 2016, un matériau poétique singulier et brûlant. Et pour tout dire fascinant. Il faut mettre en perspective cette musique lancinante, tour à tour tendre ou violente, qui court tout au long des pages de cette œuvre et la perspective d’écriture qui tend à son propre effacement. Basé sur une respiration interne, qui lui permet, sous la dictée des puissances obscures du lyrisme, d’épouser toutes les formes stylistiques imaginables et de puiser à un vaste répertoire à la fois prosodique et métaphorique, le texte poétique explore, avec une constance remarquable, de vastes territoires imaginaires, fantasmés ou réels, des contrées étranges, une flore et un bestiaire singuliers, souvent, mais pas toujours, exotiques. Le style sensuel, fait de rythmes variés, d’un double registre verbal, poétique et prosaïque, le recours au procédé de la science-fiction, souvent américaine, à celui des sagesses orientales, du polar, des grands romans d’aventure…