André Delvaux est sans conteste le père fondateur du cinéma belge contemporain. Après avoir secoué le monde des Festivals en 1965 avec L’Homme au Crâne rasé et séduit la critique parisienne en 1968 avec Un Soir, un Train, il s’impose, en 1971, sur la carte mondiale des auteurs avec Rendez-vous à Bray qui décroche en France le 1er Prix Delluc encore jamais attribué à un non-Français. Ce film est une adaptation d’une nouvelle de Julien Gracq, Le Roi Cophetua, parue un an plus tôt, dans le recueil La Presqu’île.
Le Voyage au bout de la nuit de Céline : roman de la subversion et subversion du roman
À propos du livre À travers les différents niveaux de sens que le texte romanesque du Voyage au bout de la nuit superpose, cet ouvrage serre de près le processus d'instauration du langage célinien, de la surface des mots à la totalité de la création. Transposant la rhétorique de l'argot en un formidable discours subversif, ce langage fonde l'identité symbolique de Bardamu, le héros-narrateur, mais aussi celle de Céline dans cette Nuit de l'écriture où, entre vécu et imaginaire, durée et Histoire, désir et néant, l'écrivain triomphe des discours sociaux de son temps par l'affirmation souveraine d'un style. Mythe romanesque du voyageur de la Nuit, hallucinant de vérité désespérée et de révolte ; mythe littéraire de l'écrivainargotier dont le propos embrasse dans sa revanche verbale toute la honte, toute la souffrance du Mal contemporain : deux niveaux de cette «écriture de la parole» qui entretiennent un subtil trompe-l'oeil entre le sens et la représentation. C'est dans ce travail que résident la modernité de Céline, son art réel d'écrivain comme sa compromission authentique de sujet face à la société et à l'Histoire. Cette étude est le fruit d'une technique magistrale et…