Congo Inc. – un continent – mis en coupe déréglée






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Le jury du prix des Bibliothèques de la Ville de Bruxelles a récemment couronné Congo Inc., un roman impétueux de l’écrivain belgo-congolais In Koli Jean Bofane. Un choix judicieux pour un livre qui avait déjà reçu le prix Métis et allait également se voir récompensé du prix des Cinq Continents (jury présidé par J.-M. G. Le Clézio) et du prix Transfuge. Une pluie d’honneurs, une reconnaissance bien méritée pour un talent singulier.

Le jury du prix des Bibliothèques de la Ville de Bruxelles a récemment couronné Congo Inc., un roman impétueux de l’écrivain belgo-congolais In Koli Jean Bofane. Un choix judicieux pour un livre qui avait déjà reçu le prix Métis et allait également se voir récompensé du prix des Cinq Continents…



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Du rire avant toute chose / Ciney 24e festival de théâtre wallon

Du 17 au 22 novembre 2014,  Ciney - Festival de théâtre wallon Le festival de Ciney est devenu une institution. Organisation privée de feu Marcel Lambert, puis publique lorsque la commune prit le relais, il a enregistré sur une semaine près de 3.000 entrées dans la salle du Centre culturel de Ciney. Rappelons le principe : du lundi au vendredi, 5 troupes s'affrontent. Le samedi, une représentation de gala est organisée, qui met en scène les vainqueurs de l'édition précédente. Depuis l'an passé, il n'y a plus ni jury ni prix spéciaux. Un seul prix est attribué par les personnes qui ont pris un abonnement aux 6 soirées. Ce prix du Public est décerné au terme de la soirée de gala. Le public de Ciney demande à rire le plus possible. Seules, les comédies sont admises. Le rire, érigé en dogme absolu, donne lieu à des dérives parfois regrettables et empêche l'actrice ou l'acteur qui possède un registre plus large d'interprétation de se faire remarquer, si ce n'est à titre accessoire. * Le lundi, « Dolores » de Joëlle Delahaut et Philippe Decraux fut interprété par Les Soçons d' Loyi (Les amis de Loyers-Namur) qui assurèrent un bon spectacle, emmenés par Marie Ervinckx et Fabienne Devleeswouer, sans donner dans les excès. Li Tèyâte di Tchèsselèt, le mardi, joua « Au guéy Biscovitch » (au gai Pinson) de Christian Derycke. Les comédiens ne furent guère convaincants, malgré toute leur bonne volonté, en raison notamment d'un maquillage déficient. Les 4 portes du décor restaient ouvertes le plus souvent pour pallier les petits accrocs de mémoire mais les comédiens firent bien fonctionner les zygomatiques des spectateurs, ce qui leur valut beaucoup de clémence. Le mercredi, l'Amitié Sauvenièroise (wallon de Gembloux) joua « Des malaujîs-èfants » de Michel Robert. Encore une fois, le maquillage ne fut pas à la hauteur, la musique fut mal synchronisée mais le public s'enthousiasma pour ces vieux devenus mafieux qui ramènent brutalement à la raison et au repentir un jeune gangster. Le plus souvent, dans le feu de l'action du 3ème acte, ils firent abstraction des maux d'un âge avancé pour défendre la jeune infirmière au cœur (presque) pur. Le jeudi, on attendait la Compagnie royale Les Échos de Naninne qui avait triomphé deux fois à Ciney. Ils interprétèrent « Trwès c'èst d' trop » de Christian Derycke. On allait voir ce que l'on allait voir. Et l'on vit un marchand de chaussures criard et jouant la charge, (entraînant plusieurs acteurs dans les outrances, telle Tante Zulma, alerte et percutante, malgré ses 85 ans), des joueurs de tennis apparaissant au 2ème acte dans leur tenue de la veille, des adresses au public, des lancers dans ce public, des remerciements très appuyés au public après le spectacle et même la blague racontée entre copains au public par l'acteur principal. On ne peut plus directement quémander les points de la victoire. Ce fut un triomphe et l'on put titrer le lendemain que Naninne avait «sans doute vaincu». Pourtant, restait « Pyjama po sîh » de Camoletti par la Fraternité poussètoise de Remicourt, dans l'adaptation de Jean-Claude Derwa, pièce jouée le vendredi. Un très beau décor, une pièce où le jeu des acteurs put mettre en évidence les nuances d'interprétation, une belle mise en scène nous firent regretter que la troupe ne participe pas au GPRA, même si les comédiens eurent de petits problèmes de mémoire. Le samedi, au gala, en notre absence forcée, Les Gais Wallons du Grand Rochefort, vainqueurs en 2013, ne se montrèrent pas à la hauteur de l'attente dans « C'èst mi qu'èst maîsse » de Froido Ronveaux. Hélas, c'est déjà arrivé dans la désormais longue histoire du festival. Rideau donc sur cette 24e édition qui procura au public les vertus thérapeutiques du rire, à défaut de propulser le théâtre wallon vers les sommets.…

Être juré du Prix Goncourt. Une responsabilité devant l’Histoire

François-Xavier Lavenne – Avant de devenir journaliste, homme de Lettres et membre du jury du plus prestigieux des prix littéraires, vous intéressiez-vous aux prix? Jouaient-ils un rôle dans vos choix de lecteur? Pierre Assouline – Oui, ça m’intéressait parce que l’histoire littéraire m’intéresse et, notamment, depuis que j’avais écrit la biographie de Gaston Gallimard – donc, ça fait trente-cinq ans à peu près. Pour cette biographie, j’avais fait beaucoup de recherches d’histoire littéraire et les prix y avaient leur importance. Mon intérêt s’est manifesté à partir de là d’une manière systématique et historique alors que, jusque-là, je m’y intéressais comme n’importe quel lecteur et amateur de littérature. En un peu plus d’un siècle, les prix ont acquis une grande place dans la vie et l’histoire littéraires. Quelle vision avez-vous de leur évolution et de leur rôle? Il n’y a pas réellement d’évolution des prix classiques parce que leur importance, leur statut, leur impact ont tout de suite été énormes sur le plan intellectuel et commercial. Cela n’a pas changé. Ce qui a évolué, c’est qu’il y a eu de plus en plus de prix qui sont venus s’ajouter à ceux de l’automne. En France, il y a deux mille prix littéraires, il ne faut pas l’oublier. Il n’y a pas une ville qui n’ait pas son prix littéraire, pas un salon du livre qui n’en ait pas! En plus, il y a des prix littéraires décernés par des médias, comme France Inter, RTL, France Télévision, le magazine Elle… C’est aussi le cas du Soir à Bruxelles avec le Prix Rossel. Ces prix de médias ont pris beaucoup d’importance parce que le jury est différent et parce que leur récompense est un soutien médiatique qui a un impact sur le public. Ces prix se sont imposés à côté des prix classiques. Il y a donc eu une diversification et une multiplication formidable des prix. Pour parler des quatre grands prix, les choses n’ont pas beaucoup changé. Je ne peux parler que du Goncourt, mais les autres ont très peu évolué. Si l’on parle du Goncourt, on remarque que l’Académie Goncourt s’est féminisée – et encore, ce n’est que trois femmes sur dix. Avant, il n’y en avait pas ou seulement la présidente, Colette. Il y a eu aussi Françoise Mallet-Joris, Edmonde Charles-Roux… Ce n’était pas beaucoup! Outre la féminisation, il y a eu le souci d’assurer l’indépendance du prix. Il faut dire que, jamais dans son histoire, le Goncourt n’a été aussi indépendant. Il y a quelques années, sept ou huit ans, le règlement a été réformé sous l’impulsion de Bernard Pivot, qui n’était pas président à l’époque, d’Edmonde Charles-Roux et de Françoise Chandernagor, notamment. Ce changement implique que, quand un membre du jury atteint quatre-vingts ans, il est automatiquement admis à l’honorariat. Il ne peut donc plus voter, ce qui est une bonne chose. En outre, il est interdit d’avoir un poste salarié dans une maison d’édition et cela, c’est une révolution, parce qu’il y a eu beaucoup d’abus par le passé à cause de cette situation. Le Prix Goncourt est un prix qui a une histoire et un rituel inscrits dans l’imaginaire collectif. Quels sont les souvenirs que vous gardez de votre entrée dans l’Académie et de votre première délibération chez Drouant? C’est particulier parce que les nouveaux jurés sont impressionnés par le lieu, par le prestige… C’est nouveau pour eux. Or, moi, qui suis journaliste littéraire depuis trente ans, je vais chez Drouant pour la remise du prix depuis très longtemps. Évidemment, je n’assistais pas à la délibération, mais j’étais là, chaque année, avec tous les autres journalistes pour avoir des informations, donc j’étais familier de l’endroit et c’était moins impressionnant pour moi sur ce plan-là. Ce qui m’a frappé lorsque j’ai été élu, c’est l’extraordinaire compagnonnage entre les Dix, le sens de l’amitié, la rigolade, le côté bon vivant. C’est important, cette vie de l’Académie. Dès que je suis arrivé, Bernard Pivot m’a dit: «La règle ici, c’est que tout le monde se tutoie!» J’avais voussoyé avec Bernard Pivot durant trente ans quand nous travaillions ensemble. Cet esprit de franche camaraderie est très agréable. L’autre chose qui m’a surpris est que j’avais toujours entendu dire que les prix étaient attribués des mois à l’avance à travers des combinaisons d’éditeurs… Ça a pu être vrai par le passé, bien sûr, mais depuis que j’y suis – et ça va faire ma sixième année – je peux certifier que ce n’est absolument pas le cas. Déjà, il n’y a pas d’accord entre nous. Nous avons des sensibilités, des opinions, des goûts très, très différents. Cette année encore, et même l’année précédente, on s’est engueulés! On s’engueule très amicalement, mais aussi très fermement, avec passion, sur des livres, sur des auteurs. Chaque fois que j’ai participé à une délibération, donc depuis six ans, le nom du lauréat s’est décidé cinq minutes avant qu’il ne soit proclamé publiquement! C’est toujours sur le fil, à une voix souvent! Ces histoires de Goncourts attribués à l’avance, même avant l’été, toutes ces légendes, c’est du bla-bla. Je peux témoigner que la lutte se fait jusqu’à la dernière seconde et qu’elle est sanglante! La troisième chose qui m’a frappé, c’est le travail. Être membre du jury du Goncourt est une activité bénévole, mais ça prend beaucoup de temps. On ne s’y consacre pas seulement tout l’été, mais toute l’année parce qu’on remet cinq prix, qu’on parraine les Goncourt étrangers, qu’on se réunit tous les mois, qu’on est invités en groupe dans beaucoup de salons, de festivals pour défendre des causes… Je ne dirais pas que c’est un full time job, mais c’est un vrai travail qui prend beaucoup de temps et qui est passionnant. Comment s’organise le travail pour faire la présélection? Tout le monde lit-il les mêmes livres? C’est très simple: on reçoit tous les livres, chacun lit ce qu’il veut et on s’écrit pendant l’été, parce que l’été est le seul moment de l’année où on ne déjeune pas ensemble à cause des vacances. Donc on s’écrit régulièrement, tout au long de l’été, pour se dire ce que l’on pense de tel ou tel livre. Au moment où je vous parle (ndlr: août 2018), je viens à nouveau de lire le plus grand nombre possible de livres de la rentrée littéraire et les neuf autres membres de l’Académie ont fait de même. Il y a des livres qu’on lit tous et d’autres que personne ne lit. Quand nous nous retrouverons en septembre, tout le terrain sera bien déblayé grâce à ces échanges. Le Prix Goncourt est un prix qui a une histoire. Cela implique-t-il une responsabilité particulière? Est-ce que vous ressentez le poids de ce devoir de laisser un palmarès qui va résister au temps et qui doit, en quelque sorte, écrire l’histoire de la littérature d’aujourd’hui? Oui, tout à fait. Il y a pour les jurés la conscience d’une responsabilité particulière. Avant de parler de l’histoire, il faut avoir à l’esprit, quand on est dans le jury du Goncourt, que beaucoup de gens qui achètent un livre par an achètent le Goncourt, et que beaucoup de gens qui offrent un livre par an pour Noël choisissent le Goncourt. On ne peut donc pas leur recommander n’importe quoi. Donc, il y a une vraie responsabilité vis-à-vis du public et des libraires. Ensuite, il y a un autre niveau de responsabilité qui est la responsabilité devant l’Histoire. En tant que membre de l’Académie Goncourt, on s’inscrit dans une continuité, on est les héritiers d’une histoire qu’on le veuille ou non. Dans cette histoire, il y a bien sûr des choses dont on est fiers et d’autres dont on est moins fiers, mais il faut assumer l’ensemble. Chacun a la conscience de s’inscrire dans cette lignée, d’être responsable par rapport à ce passé et par rapport…

Le chant de la baleine

À l’origine comédienne (formation à l’IAD), Catherine Daele voyage aujourd’hui…