Quand un auteur avoue dès la première ligne : « Soyons franc, je ne sais pas écrire », on croit à de la provocation ou à l’amorce d’une grande farce. Et rien n’est moins vrai avec cet essai d’Hubert Antoine, drôle de bout en bout, dans sa tentative de justifier les raisons qui le poussent à écrire depuis plus de 20 ans. Florilège d’humour en surface et grande profondeur pour répondre aux questions que tout écrivain se pose : Ai-je quelque chose à dire ? Pour qui j’écris ? La démonstration est jubilatoire. À travers une vingtaine de chapitres, Hubert Antoine s’essaie à tous les genres afin de nous prouver par son contraire qu’il est incapable d’écrire : de l’éveil en poésie en passant par l’art précis de la nouvelle jusqu’à l’écriture d’un hymne anational (avec deux entractes parmi les plus comiques : ses discours de réception de l’oscar et du Prix nobel de littérature), jusqu’au constat final : « Je ne dois pas écrire à tout prix. Ma vie se réalisera de toute façon dans son expression, dans l’incompréhension particulière et générale, dans l’accord de la mort… » D’un style limpide et percutant, ces réflexions pleines d’esprit, profondément originales gravent en dessous des yeux un sourire permanent que l’on garde longtemps après la dernière page.
Auteur de Comment je ne suis pas devenu poète
Célébration de la vie par un ancien membre de l'Internationale situationniste, cette vie n'étant…
Le Voyage au bout de la nuit de Céline : roman de la subversion et subversion du roman
À propos du livre À travers les différents niveaux de sens que le texte romanesque du Voyage au bout de la nuit superpose, cet ouvrage serre de près le processus d'instauration du langage célinien, de la surface des mots à la totalité de la création. Transposant la rhétorique de l'argot en un formidable discours subversif, ce langage fonde l'identité symbolique de Bardamu, le héros-narrateur, mais aussi celle de Céline dans cette Nuit de l'écriture où, entre vécu et imaginaire, durée et Histoire, désir et néant, l'écrivain triomphe des discours sociaux de son temps par l'affirmation souveraine d'un style. Mythe romanesque du voyageur de la Nuit, hallucinant de vérité désespérée et de révolte ; mythe littéraire de l'écrivainargotier dont le propos embrasse dans sa revanche verbale toute la honte, toute la souffrance du Mal contemporain : deux niveaux de cette «écriture de la parole» qui entretiennent un subtil trompe-l'oeil entre le sens et la représentation. C'est dans ce travail que résident la modernité de Céline, son art réel d'écrivain comme sa compromission authentique de sujet face à la société et à l'Histoire. Cette étude est le fruit d'une technique magistrale et…