Quand un auteur avoue dès la première ligne : « Soyons franc, je ne sais pas écrire », on croit à de la provocation ou à l’amorce d’une grande farce. Et rien n’est moins vrai avec cet essai d’Hubert Antoine, drôle de bout en bout, dans sa tentative de justifier les raisons qui le poussent à écrire depuis plus de 20 ans. Florilège d’humour en surface et grande profondeur pour répondre aux questions que tout écrivain se pose : Ai-je quelque chose à dire ? Pour qui j’écris ? La démonstration est jubilatoire. À travers une vingtaine de chapitres, Hubert Antoine s’essaie à tous les genres afin de nous prouver par son contraire qu’il est incapable d’écrire : de l’éveil en poésie en passant par l’art précis de la nouvelle jusqu’à l’écriture d’un hymne anational (avec deux entractes parmi les plus comiques : ses discours de réception de l’oscar et du Prix nobel de littérature), jusqu’au constat final : « Je ne dois pas écrire à tout prix. Ma vie se réalisera de toute façon dans son expression, dans l’incompréhension particulière et générale, dans l’accord de la mort… » D’un style limpide et percutant, ces réflexions pleines d’esprit, profondément originales gravent en dessous des yeux un sourire permanent que l’on garde longtemps après la dernière page.
Auteur de Comment je ne suis pas devenu poète
Une revue catholique au tournant du siècle : Durendal 1894-1919
À propos du livre (texte de l'Introduction) Lorsqu'on parcourt une histoire de la littérature belge de langue française, le chapitre consacré à cette époque particulièrement florissante, qui va de 1880 à la première guerre mondiale, frappe par l'éclosion soudaine de revues littéraires qui suivirent l'exemple de la Jeune Belgique. Dans la liste de ces revues plus ou moins éphémères, l'attention est attirée par la longévité surprenante de l'une d'elles, Durendal, revue catholique d'art et de littérature . Ce mensuel catholique parut pendant vingt ans, de 1894 à 1914, alors que la Jeune Belgique ne sortit de presse que durant seize années et que la Wallonie disparut au bout de sept ans. Quelle recette a donc permis à Durendal de garder si long-temps ses lecteurs? Et une seconde question vient à l'esprit : à quoi pouvait bien s'intéresser une revue littéraire catholique à un moment où la littérature catholique semble inexistante? Qui a fondé Durendal ? Quels étaient ses objectifs? Autant de questions sur lesquelles bien peu de critiques ou d'historiens littéraires se sont penchés. En faut-il davantage pour désirer examiner avec un peu d'attention cette revue et la sortir de l'oubli, comme ce fut fait autrefois pour la Jeune Belgique et la Wallonie ? C'est ce que nous allons essayer de faire : rechercher les origines de la revue, découvrir son but, analyser la manière dont elle l'atteignit et les raisons qui la maintinrent en vie au-delà de la durée moyenne d'existence des revues littéraires belges. Ce travail ne se veut pas exhaustif: beaucoup d'aspects devront malheureusement rester ignorés, principalement certains problèmes plus particulièrement artistiques qui sortent de nos compétences par leur caractère trop technique. Nous ne proposerons pas non plus, dans chaque chapitre, un relevé détaillé de tous les articles parus dans Durendal et traitant du sujet mais seulement les extraits les plus significatifs. La présentation typographique de la revue, son illustration de plus en plus abondante et le sommaire de chaque numéro ne nous paraissent pas mériter de longs développements. Il suffit de savoir qu'en 1894 chaque numéro comptait vingt pages, tandis que ce nombre…