Anthologie personnelle 1947-1997


RÉSUMÉ
Rassemble la quintessence d’une poésie avant tout dévolue à l’objet, au geste, à la circonstance, à l’instant, au plaisir, à la fidélité. Comme Lucienne Desnoues l’écrit dans la préface de l’ouvrage : « N’est-ce pas une façon d’être de son temps que de le regarder, ce temps, droit dans les yeux en enfreignant ses impératifs? Et de célébrer, selon des recettes ancestrales, le silence, la lenteur… »



À PROPOS DE L'AUTRICE
Lucienne Desnoues
Autrice de Anthologie personnelle 1947-1997
De Villon à ... Desnoues. En passant par Ronsard, Vigny, Jammes, Reverdy, Brassens ... La poésie de Lucienne Desnoues s'inscrit, à l'évidence, à la pointe de cette lumineuse lignée de grands poètes et chantres de France, amoureux de la langue et du bien dire, villonnant avec jubilation le vers et chantant, justement et noblement, la matière des jours et la passion d' être de ce monde.À l'heure où le travail poétique se raidit, par la faute des secs plumitifs, derrière les vitres opaques du laboratoire de l'écriture, l'oeuvre de la poétesse , saluée par Colette comme la meilleure de sa génération, s'impose par sa belle et fraîche simplicité et son habileté à se jouer des mots et des figures de la rhétorique, comme s'il s'agissait d'élémentaires fruits de compotier.Science de la langue et saveur d'une écriture qui coule comme une eau à truites s'associent subtilement au sein d'une poésie qui cherche constamment l'accord, l'«ajustage parfait» de la sensation et du mot, de l'émotion et du vers vivant.Lucienne Desnoues, douce forgeronne, Dentillière attentive à l'art ancien et précieux des rimes, qui ne la verrait peinte par un Cézanne plutôt qu'un Vermeer, pour ce que son œuvre a de fort et de «lubéron», de riche et de parfumé, et de merveilleusement évocateur de toute la terre radieuse de Provence?...Lucienne Desnoues est née en France, à Saint-Gratien (Val d'Oise), en 1921. Ascendances artisanales et paysannes. Lucienne est la petite-nièce du forgeron Desnoues qu'Alain-Fournier a évoqué dans Le Grand Meaulnes.A vécu ses 25 premières années dans sa banlieue parisienne et à Paris. Fut secrétaire d'avocat jusqu'à son mariage avec le poète et dramaturge belge Jean Mogin, disparu en avril 1986, fils du poète Norge.Elle a deux filles, Isabelle et Sylvie, et résida en Belgique jusqu'en 1953. Elle a conservé sa nationalité française.Vit actuellement dans le Vaucluse, en Provence.

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Slam femme & autres textes

Laurent Demoulin (1966) a étudié à l’université de Liège, où il a reçu les enseignements de Jacques Dubois et de Jean-Marie Klinkenberg. Il y enseigne aujourd’hui. Son premier roman, Robinson , obtint le prix Victor-Rossel 2017. Son frère, le peintre Antoine Demoulin , dit Demant, illustre le présent recueil. Il avait déjà publié d’autres dessins en frontispice d’autres recueils : Filiation , Même mort , Palimpseste insistant et l’édition revue et largement augmentée d’ Ulysse Lumumba . Les deux frères avaient aussi publié une œuvre singulière à quatre mains, Homo saltans , où le texte et l’image s’entrelacent en un pas de deux très réussi. «  Rien de plus déprimant que d’imaginer le Texte comme un objet intellectuel (…). Le Texte est objet de plaisir  » écrivait Roland Barthes . Ce Bookleg de Laurent Demoulin recèle, dans son apparente diversité, de nombreux plaisirs stylistiques. Le choix des textes ne retient que des pièces destinées à être lues à haute voix. Slam femme est donc la juxtaposition d’une forme et d’un thème : la narration scandée librement, de manière rythmée, avec pour personnage central Greta Thunberg, jeune autiste Asperger et militante écologique. L’autisme, thème central de son remarquable roman Robinson , est donc une fois de plus présent chez l’auteur dans ces poèmes sous forme imprimée de textes destinés d’abord à l’oralité :(…) Ta pure volonté oui-autiste et sévèreQue tu deviens persona non grataChez les gris grisonnants qui méprisent le vert,Mais pour nous Great Greta, à jamais et basta !Tu es persona Greta (…)Que ce soit dans le domaine thématique ou stylistique, Slam femme & autres textes n’est pourtant ni disparate ni réducteur. Car la thématique de l’autisme pose une série de questions ayant trait à nos rapports au monde et aux autres.Utilisant la rime et les formes de manière à la fois classique et assez libre, avec des pastiches  empruntés à l’histoire de la poésie française, de la Renaissance à l’Oulipo et à la chanson contemporaine, Demoulin joue avec la langue et les images, la syntaxe et le vocabulaire, manie l’humour et le double sens, comme avant lui, celui qui, le premier, fit du slam à Liège : Jacques Bernimolin (1923-1995), auquel Demoulin consacra une belle approche critique . À propos de ce poète atypique, Izoard disait : «  Jeux de mots, calembours, cut-up, détournement de sens, faux lyrisme, humour décapant, sentimentalisme à rebrousse-poil, voilà quelques-uns des procédés utilisés par ce poète à la fois tendre et doux-amer  ». Malgré leurs différences, les manières d’écrire, chez Bernimolin et Demoulin, font indubitablement partie de la même parentèle. Mais derrière le ludisme des formes, on perçoit la gravité des interrogations : Bernimolin aborde des atmosphères oniriques et parfois angoissantes, Demoulin traite de problématiques sociétales qui bouleversent notre civilisation et n’ont rien d’apaisant : la violence, envers la Nature, les femmes, l’être humain comme l’interrogation de nos identités et modes de vie y sont présentes.Un autre type de violence est celui qui réside dans tout type d’incommunicabilité. Sur ce plan, l’autisme est exemplaire. À propos du roman Robinson , J.P. Lebrun écrit  : «  La pertinence clinique de ce véritable travail d’écriture auquel s’est tenu Laurent Demoulin tient précisément dans ce qu’il nous fait partager ce à quoi Robinson n’accède pas, à savoir ce qu’implique ce que l’auteur appelle « la quatrième dimension – celle du langage – dans laquelle il est si douloureux d’entrer – car on y rencontre le mot ‘mort’ et le mot ‘jamais’ – et dont il est impossible de sortir «  . Tout dans la description particulièrement fine de cette co-vivance entre père et fils, tout vient nous rappeler que n’a pas pu prendre place entre eux ce lien via le langage articulé qui définit notre espèce. » C’est pourtant dans cette coexistence entre le Livre et une autre écriture (l’écriture de l’Autre) , pour le dire comme Barthes, que survient la possibilité d’une compréhension des fragments réciproques de nos quotidiennetés et donc un désamorçage de la violence. Cette problématique est particulièrement sensible dans un poème comme « Minimum minimorum  » et la série intitulée « Poèmes que je n’écrirai qu’une seule fois ».Au-delà de l’éblouissante virtuosité verbale de Demoulin, son inventivité, ses traits ludiques, sa capacité de mise à distance et son oralité, on sera attentif à la dramaturgie de l’être humain, à ses silences, ses murs intérieurs, ses souffrances et à la violence innée qui l’habite, aux peurs qui déterminent ses rapports aux autres et au monde…                                                                     …