Anamnèse


RÉSUMÉ

Yvon Vandycke (1942-2000), dessinateur, peintre et poète, était un guetteur. Il portait autant de tendresses que de colères. Il nous a donné en images ce que les mots ne pouvaient formuler. Dans un langage cru et maîtrisé, avec la provocation et la transgression pour armes favorites, ce chantre du drame humain secoue le cocotier de notre monde pour dénoncer les injustices, la violence, la mort à laquelle nous sommes tous destinés. Sa poésie comme sa peinture provoquent le surgissement de ce qu’aucun savoir ne pourra plus jamais annuler. Ce volume rassemble l’essentiel de son œuvre poétique





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Le Carnet et les Instants

Yvon VANDYCKE, Anamnèse !, préface de Philippe Mathy, postface de Lucienne Strivay. Taillis Pré, coll. « Ha ! », 2020, 191 p., ISBN : 978-2-87450-166-1« L’art n’est pas une fenêtre en trompe-l’œil ouverte sur les paradis perdus ou à venir. L’art n’a pas de drapeau ni d’église, il n’est ni d’en haut ni d’en bas, ni de gauche ni de droite, et il n’a pas de juste milieu. L’art n’est pas une friandise, mais une méditation sur la vie. Une méditation joyeuse ou pathétique, ludique, lyrique ou drolatique. L’art est difficile, insoumis », écrit ce poète peu connu. La réédition d’Anamnèse et de deux recueils écrits entre 1960 et 1963, aujourd’hui introuvables : Dire pagaille


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Rêves et vies d’Alphonse Brown, Mike Triso, Henri M et Diego Dora

À dix reprises, Vincent Tholomé a rencontré des élèves de l’Institut Technique de Namur, recueilli leurs vies, leurs rêves, leurs pensées, leurs silences. Comme ces adolescents de 4 QIB (4ème qualification industrie du bois) et de 4 QTP (4ème qualification en travaux publics) assemblent des machines, des meubles, ici, avec Vincent Tholomé, ils assemblent des fragments de leurs vies, construisent un récit qui a la particularité d’être fondu en un seul texte collectif, scandé par les noms d’Alphonse Brown, Mike Triso, Henri M et Diego Dora. La circulation de la parole permet d’interroger les rapports à soi, aux autres, au monde. Vincent Tholomé place la démarche sous le signe de l’art japonais du kintsugi, l’art de recoller les restes, de rassembler les ruines, les morceaux d’un bol brisé. Confiant, sans tabou ni censure, leurs désirs, leurs angoisses, les adolescents expriment ce qui est le plus souvent tu, livrent leurs relations aux machines, aux lieux de l’école, au quotidien.  «  Des fois, je suis comme un iceberg dont on ne voit qu’une partie  » confie l’un d’eux. Radiographie de leurs inscriptions dans la société, variations des humeurs au fil des jours, libération de ce qui bruit dans les corps, dans les têtes… Alphonse Brown attribue des noms aux objets qui l’entourent («  J’appelle Pauline ma garde-robe  »). L’atelier de parole collective génère des exercices d’introspection. Pour eux, la vie est un ring sauvage, le dehors est parsemé de forces hostiles. Il s’agit d’échapper aux morsures, de se battre, de tenir bon à l’heure de la dévastation environnementale qui préoccupe les adolescents. Je bois ensuite un ice tea en contemplant le méchant réchauffement climatique qui attaque petit à petit la bougie de ma vie L’ancrage dans l’existence passe chez Mike Triso par une relation privilégiée aux lieux, une poétique des espaces, une attirance pour leurs mystères. L’attention au génie des lieux se porte sur une cour, le bureau du chef d’atelier, l’établi (une bête qui peut être féroce, pleine de dangers, où les élèves parfois se blessent), le couloir vers l’internat… Les rêves bondissent dans les têtes. La passion  des objets rappelle Francis Ponge.Quand la machine devient machine à rêveries, on quitte Mike Triso pour Henri M, le songeur qui capte dans les objets ce que personne ne perçoit, les détails méprisés. Dans une poutre de béton, il voit un dragon. Son regard saisit dans les choses, les êtres, les événements ce qui est invisible pour les autres. Mike Triso rêve le réel, y superpose son imaginaire, s’abandonne au vertige des interrogations («  d’où viennent mes vêtements ?  », la vache qui a donné son cuir à la confection de mes chaussures avait-elle un nom ? Quel était le vert de son pâturage ?). Voyant au travers des objets, il écoute leur vie intime, observe leur texture, leur matière. Au milieu du non-savoir (les objets pensent-ils ? Rêvent-ils ?), une certitude émerge : «  Je sais qu’on est des ombres mortelles  ».Nouveau voyage avec Diego Dora, «  à l’humour noir et grinçant  », qui relève l’absence de filles dans les ateliers. « J’ai envie, le matin, de mordre comme un chien  » «  Alors, après, j’ai honte  ». S’élève un grand chant au conditionnel, l’évocation d’une vie hypothétique, d’une métamorphose intérieure qui permettrait d’exister autrement, d’avoir une amoureuse avec qui vivre. Le présent décolle vers un futur qui se tord dans des rêves destinés à rester dans l’onirisme. L’actuel s’envole vers un avenir qui n’est pas à portée de main. «  On croirait à un monde meilleur  ». Face aux combats de rue, aux néo-nazis, aux arrestations policières, Diego Dora et son amie vivraient entourés d’éléphants, d’araignées et de poules, soudés par l’amour.Ce qui ressort des rêves des étudiants en technique, c’est que la vie ne relève pas de la mécanique, de la planification : son machinisme est sauvage, aléatoire, inventif, tout en sauts, en bifurcations et loopings imprévisibles. Il fallait un poète comme Vincent Tholomé, esprit libre, frondeur, poète et performer de l’intempestif, pour produire cet agencement collectif d’énonciation à l’écart de tous les conditionnements et diktats sociaux. L’existence n’est soluble dans aucune équation. Signalons qu’en 2018, Vincent Tholomé et les élèves de 4TQMA de la même école ont publié chez Maelström Reevolution La mécanique automobile…