Alternatives théâtrales - 132 - juin 2017 - Lettres persanes et scènes d'Iran | Objectif plumes

Alternatives théâtrales - 132 - juin 2017 - Lettres persanes et scènes d'Iran

Sommaire

  • Editorial : Si loin, si proches
    Sylvie Martin-Lahmani
  • Politique culturelle et arts de la scène en Iran
    Entretien avec Payman Shariati, directeur du Théâtre de la Ville de Téhéran
    Sylvie Martin-Lahmani
  • La France et l’Iran, une passion commune pour le théâtre, Entretien avec François Sénémaud, ambassadeur de France à Téhéran,
    Sylvie Martin-Lahmani
  • La Conférence des oiseaux, de l’épopée d’Attar au spectacle de Peter Brook
    Georges Banu
  • La vie et le théâtre s’entremêlent dans l’existence
    Entretien avec Asghar Farhâdi
    Fernand Denis

    Le théâtre en Iran : un passé persan et une présence permanente
    Yassaman Khajehi

  • Le rou howzi et le personnage du Noir
    Davoud Fathalibeigi
  • Théâtre de marionnettes en Iran
    Yassaman Khajehi
  • Le renoncement éclairé des violentés.
    Réflexion esthétique sur la scène iranienne (2009-2013)
    Leyli Daryoush
  • Prémices d’un renouveau du théâtre iranien
    Jean-Pierre-Thibaudat
  • La vitalité du théâtre universitaire à Téhéran
    Fahimeh Najmi
  • Littérature dramatique iranienne : focus sur cinq auteurs vivants
    Rafigh Nosrati
  • Les codes de la représentation dans le théâtre iranien et le spectateur occidental :
    entente ou malentendu ? Entretien avec Farzan Sojoodi
    Mohammadamin Zamani
  • Éclosion des théâtres privés à Téhéran aujourd’hui
    Amin Azimi 

    Cahier critique

  • « Regarder dans les yeux de celui qui regarde son monde s’effondrer » :
    sur Ivanov d’Amir Rezâ Koohestâni 
    Mohammadamin Zamani
  • Regards croisés, voix entrelacées
    À propos de Hearing d’Amir Rezâ Koohestâni
    Joëlle Chambon
  • Du sous-sol au toit
    À propos de From the Basement to the Roof de Mahin Sadri et Afsâneh Mâhian
    Laurence Van Goethem
  • Danse en Iran : une position doublement critique
    Alix de Morant
  • Il était une femme qui rêvait d’être un homme…
    sur base d’un entretien avec Sâmân Arastou
    Leyli Daryoush
  • Sachli Gholamalizad ou la rage des origines
    Christian Jade
  • Veille de noces
    À propos de Le Papillon, écrit et mis en scène par Hossein Tavâzonizâdeh
    Sylvie Martin-Lahmani
  •  Voir aussi sur le blog d’Alternatives théâtrales, des extraits de textes publiés en ligne entre janvier et mars 2017   voir web 
  •  À propos de Vol n° 745 de Marjan PourgholâmHossein
    et Nuage rose de Hassan Majouni
    Sylvie Martin-Lahmani

     
    Alternatives théâtrales
    n°132 , juin 2017, revue des arts de la scène 
    80 pages – 15 euros 
    ISBN 978-2-87-428105-1

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Eve Bonfanti et Yves Hunstad, accueillir l'inattendu : dialogue avec Frédérique Dolphijn

On connaît déjà les différentes collections littéraires et imagées des éditions belges Esperluète , cette maison qui soigne particulièrement les écritures singulières alliées à un art visuel de choix. La rentrée littéraire est pour Esperluète l’occasion de présenter une toute nouvelle collection, « Orbe », qui offre à lire, sous la forme des dialogues, des réflexions d’auteurs à propos de leur pratique d’écriture et de lecture. « Qui suis je ? C’est la question que les autres posent – et elle est sans réponse. Moi ? Je suis ma langue  » écrivait si justement le poète palestinien Mahmoud Darwish dans Une rime pour les Mu’allaqât en 1995. C’est par cette question complexe posée à l’auteur que s’entame chacun des dialogues d’« Orbe » . On habite sa langue moins qu’elle nous habite, moins qu’elle nous façonne et qu’elle nous hante. Disons-le : la langue évolue moins avec nous que nous auprès d’elle. Avec « Orbe », il est question de définir ce qui, pour chaque auteur a provoqué un désir lié à l’écrit. Ce désir, individuel et propre à chacun, s’inscrit dans un rapport au monde, à soi et à la lecture. L’enjeu, ici, sera de découvrir différents mécanismes et processus d’écriture et de création.La collection se veut ouverte à tous les genres littéraires, qu’il s’agisse du roman, de poésie, de nouvelles, de traduction, de théâtre, d’un scénario de film, de bande dessinée ou de littérature de jeunesse. Elle s’adresse à ceux qui s’intéressent au processus d’écriture ou aux auteurs interrogés en particulier, ainsi qu’aux enseignants et participants des ateliers d’écriture.Initiée par l’écrivain et cinéaste Frédérique Dolphijn , la collection présente trois premiers ouvrages dont elle signe le dialogue. Pour chacun d’eux, elle a choisi des mots à l’intention des auteurs. Ces derniers ont été piochés de manière aléatoire, les uns après les autres, et ont initié le début d’un nouveau chapitre et d’une ébauche de réflexion.L’emploi de la deuxième personne, tu , lors de chacun des entretiens, souligne le caractère spontané et non artificiel des dires de l’interrogeant comme de l’interrogé. Nul besoin de faire beau, ici, et c’est ce qui émeut dans le propos : d’entendre les rires et les hésitations entre les lignes nous fait nous, lecteurs, prendre part au dialogue à notre tour. Ève Bonfanti et Yves Hunstad, Accueillir l’inattendu Comment écrire pour enfin dire en public ? Dans cette conversation, il sera question de théâtre et d’une certaine écriture de la transmission.Eve Bonfanti et Yves Hunstad, tous deux acteurs et auteurs de théâtre, ont décidé de mêler leur virtuosité pour fonder la compagnie La fabrique imaginaire . Écrire en duo implique le challenge de la symbiose et de l’entente qui force à passer outre les questions d’égo. Deux écritures faites une, en perpétuel mouvement, donc, inattendue ;  en allers-retours de l’une à l’autre, où le public est partie prenante de la création et interroge sans cesse l’auteur. Imprévu Yves : On parle bien de l’écriture… Dans l’acte de jouer, il y a zéro imprévu. Sauf s’il y a un accident qui vient de l’extérieur. Mais de notre part, on ne crée pas d’imprévu quand on joue. On espère qu’il arrive pour orienter l’écriture, pour l’enrichir. Eve : Cet imprévu positif, là dans l’écriture et qui est reproduit après de manière illusoire dans le jeu, provoque une tension… presque une supra conscience dans le cerveau du public… Tout se tend vers ce moment : qu’est-ce qui va se passer ? Colette Nys-Mazure, Quelque chose se déploie C’est par ce dialogue avec Colette Nys-Mazure que s’est lancée la collection « Orbe ».Grande lectrice et enseignante inaltérable, l’incontournable poète, nouvelliste, romancière et essayiste dont l’œuvre a été récompensée de nombreux prix incarne plusieurs facettes de l’écriture poétique. Elle pose, dans ses pages comme dans son quotidien, un regard et une attention soutenus aux autres et à leurs écritures. L’autre C’est vraiment exigeant, l’autre… C’est à la fois l’autre en soi… d’étrange, de différent, d’inquiétant ; c’est l’autre, immédiat, avec qui on vit avec qui on tente de composer (…) Dans les livres que je fréquente, il y a une part des auteurs que j’ai appris à connaître. Mais il y a aussi tous ceux que j’ai envie de découvrir, que je ne connais absolument pas, et qui sont à des milliers de kilomètres de mes préoccupations ou de mes façons d’écrire (…) Il y a une rencontre avec un livre… mais une rencontre qui présuppose des deux côtés une disponibilité. Jaco Van Dormael, Écrire le chaos Qui sommes-nous ? Qu’est-ce que le sens, existe-t-il un sens, que faire de ce chaos qui nous traverse ? Cinéaste de l’imaginaire et de ce qu’il peut y avoir de grand dans l’enfance, Jaco Van Dormael pose chacune de ses réponses sous le signe du questionnement. Se définissant, à la suite de Luigi Pirandello, comme « Un, personne et cent mille  », il interroge avec nous le processus de création.C’est à l’écriture de scénario que Frédéric Dolphijn s’intéresse avec Jaco Van Dormael. On y découvre comment, écriture à part entière, elle induit également une création multiforme. Incarnation Celui qui incarne le plus, c’est l’acteur. C’est en ça que l’écriture que je fais est une écriture collective ! C’est à dire que je vis avec des fantômes pendant des années, dont je note les conversations par bribes, qui me sont très familiers, pour lesquels parfois j’ai de l’amour, parce que je les connais bien. Ils changent de visage régulièrement. (…) ce sont des « multi personnages. (…) En général on dit qu’il y a  trois écritures : l’écriture du scénario, l’écriture sur le plateau et l’écriture au montage. On ne parle jamais de la quatrième écriture, la plus importante : celle du spectateur qui retient certaines choses, en oublie d’autres, inverse les scènes, fait dire à tel personnage des choses qu’il n’a pas dites, et qui se réapproprie le film. Victoire de Changy Dans cette conversation, il sera question de théâtre et de l’écriture de la transmission. Comment dire pour un public ? Le spectateur devient partie prenante de la création dans les interrogations de ces deux auteurs de théâtre. Eve Bonfanti et Yves Hunstad ont décidé de mêler leurs talents ; écrire en duo implique une symbiose et une entente de travail qui dépasse les questions d’ego. La finalité est directement au centre du processus. Il ne s’agit donc pas de double jeu mais de construire cette présence à l’autre, induire la lecture d’un spectacle, l’écoute d’un texte. Accueillir l’inattendu, c’est admettre cette place du jeu, de l’improvisation, de l’accident et de l’imprévu. C’est le faire sien pour mieux avancer dans le processus d’écriture. Écriture qui se place ici clairement dans l’oralité, le son et le sens des mots faisant un, le jeu de l’acteur participant à l’écriture... Partageant avec générosité et enthousiasme ces moments d’écriture, Eve Bonfanti et Yves Hunstad mêlent leurs voix à celle de Frédérique Dolphijn pour une conversation…

Érotisme et neuvième art : cheminement d’un genre et parcours d’auteurs

En 2013, Apple contraint Izneo, plateforme française de vente de bandes dessinées en ligne, à supprimer 40 % de son catalogue destiné à sa version iPad. Le géant américain de l’informatique souhaite que soit retirés des albums le contenu qu’il considère comme « pornographique ». En l’occurrence, ce sont non seulement la nudité des personnages, mais aussi les rapports sexuels qui sont visés. Suite à ces pressions, de nombreux albums ont été retouchés, voire purement et simplement supprimés. C’est ainsi que Philippe Delaby, dessinateur de la série Murena, retraçant la vie sous la Rome antique, a dû recouvrir ses gladiateurs nus de pagnes pour éviter les foudres de la censure. D’autres séries de grande diffusion, telles que Largo Winch et XIII, ont également été concernées par cette décision. Les réactions ont fusé, compte tenu de l’absence d’une telle censure en ce qui concerne les scènes de violence. Si l’affaire pose la question de la liberté d’expression, elle met surtout en avant la place particulière que la bande dessinée franco-belge accorde à l’érotisme depuis plusieurs décennies maintenant. Dès lors qu’elle ne s’adresse pas au jeune public, la bande dessinée telle que nous la connaissons aujourd’hui confère en effet un rôle important à la sensualité et à la nudité. Outre les nombreux ouvrages à caractère exclusivement érotique et qui constituent une niche à part entière, de laquelle se détachent les albums sulfureux de l’italien Milo Manara, l’érotisme est aujourd’hui normalisé au sein de la bande dessinée. Loin d’être toujours transgressive, cette dimension fait désormais partie intégrante des albums ciblant un public d’adultes. Mais en a-t-il toujours été ainsi ? Sensualité et bande dessinée ont-elles toujours fait bon ménage ? En Belgique, l’érotisme a longtemps été strictement proscrit. Il s’agissait de ne pas effaroucher les jeunes têtes blondes auxquelles les albums étaient destinés en priorité. Aujourd’hui, la place que l’érotisme a acquise dans le monde de la bande dessinée témoigne d’une évolution, qui n’est pas seulement celle d’un médium ayant acquis ses lettres de noblesse, mais plus largement une évolution sociale. L’histoire de l’érotisme dans la bande dessinée en Belgique s’enracine dans certaine tradition de l’illustration. D’un art réservé aux enfants et soumis à de nombreux tabous, la bande dessinée en vient progressivement à s’adresser aux adultes et à faire une place à la sexualité. La carrière de nombreux auteurs belges suivra un parcours similaire, en passant de séries pour les enfants à des albums pour adultes, ou l’érotisme trouvera souvent une place de choix. Eros illustré La bande dessinée est l’héritière d’une culture de l’illustration qui s’est développée tout au long du XIXe siècle. Avec le développement de nouvelles techniques, telles que la lithographie, et l’augmentation de la place de l’imprimé dans les pratiques culturelles (presse, livres, vignettes), l’illustration participe de l’avènement d’une culture de masse, qui accorde une très large place à l’image. L’illustration au XIXe siècle inspirera par la suite nombre de dessinateurs de bande dessinée. Parmi eux, Paul Cuvelier s’est dit influencé, entre autre, par Gustave Doré. Il en va de même pour Yslaire qui a déclaré dans un entretien : « Mon style reste une icône graphique influencée par le dix-neuvième siècle » XX . Dans la presse, qui prend son essor à cette époque, de nombreux illustrateurs exercent leur talent sur le mode de la caricature et de la satire. Mais cette culture de masse a aussi son envers, et ces producteurs d’images s’adressent également à des publics plus avertis. Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, il est de bon ton, dans la grande bourgeoisie européenne, de disposer dans sa bibliothèque d’un Enfer. Dessins et gravures érotiques sont des objets que les collectionneurs conservent précieusement et dont ils ne partagent la jouissance qu’en de rares occasions. Les œuvres d’auteurs tels que Charles Baudelaire ou, plus tardivement, Pierre Louÿs sont fréquemment illustrées de gravures osées. La Belgique en particulier est le lieu d’une tradition du livre libertin et de l’illustration érotique dont Félicien Rops demeure la figure la plus emblématique. Bande dessinée et bonnes mœurs La bande dessinée franco-belge s’est longtemps montrée des plus chastes. Réservée pendant des décennies aux seuls enfants, les albums proscrivaient systématiquement toute forme d’érotisme. Les deux principaux hebdomadaires francophones, Tintin et Spirou, occupaient à eux deux la presque intégralité du terrain. Pendant longtemps leurs pages ont écarté tout rapport à la sensualité ou à la nudité. Peu de femmes y ont été dessinées, à l’exception de personnages tels que Seccotine ou la Castafiore, sempiternels seconds rôles, voire purement et simplement potiches ou faire-valoir du héros. En outre, les personnages féminins trop dévêtus étaient retouchés avant publication. Pas d’histoires d’amour pour les héros des enfants, dont la vie sentimentale était à peu près inexistante, contrastant avec la richesse des aventures trépidantes dans lesquelles ils étaient plongés. L’après-guerre, en particulier, est une période soucieuse en matière de contenu des publications. Ainsi la loi de juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse et sa commission de surveillance se sont-elles longtemps assuré que le contenu de la moindre case ne contrevienne pas aux bonnes mœurs. À l’origine du refus d'importation de plusieurs albums belges, cette loi française régira également la production de bande dessinée en Belgique. Alors que son lectorat est similaire de chaque côté de la frontière, la bande dessinée belge s’accommode de ces contraintes. Les directeurs des principales maisons d’édition veillent dès lors, en bons pères de famille, à ce que la teneur des albums qui sortaient de leurs presses ne puisse heurter la sensibilité de leur jeune lectorat. En grandissant, les jeunes lecteurs s’intéressent à d’autres choses, et les aventures des héros qui ont nourri leur imaginaire de jeunesse ne leur suffisent plus. Ils sont durant les années 60 devenus des adultes. Élevés dans le giron du neuvième art, ils en attendent davantage, et les auteurs vont les satisfaire. Ce n’est qu’à partir de la fin des années 60 que la bande dessinée franco-belge devient adulte et ose traiter de sujets jusqu’alors proscrits comme la drogue, la politique et la sexualité. Cette période est, comme on sait, caractérisée par une libération des mœurs sans précédent. La contestation et la remise en question des tabous vont faire évoluer la production artistique en général. Les États-Unis ont en la matière de l’avance sur l’Europe qui va désormais connaître l’influence des strips et comics, ainsi que celle de la bande dessinée underground américaine. Ces modèles vont changer la donne. De l’autre côté de l’Atlantique, la bande dessinée n’a pas connu la même évolution que son équivalent franco-belge, surtout en matière de traitement des mœurs. Tijunana bibles, pin-up et strips érotiques C’est en effet dans les strips et comics venus des États-Unis que les auteurs européens découvrent pour la première fois des planches empreintes d’érotisme. En Amérique du Nord, cette veine se développe dès les années 20, d’abord clandestinement. Les Tijuana Bibles ou eight-pagers, de courtes bandes dessinées pornographiques, se vendent sous le manteau. Ces pastiches bon marché parodient des célébrités ou des classiques de la bande dessinée américaine. Mickey Mouse et Donald Duck y vivent des aventures bien différentes de celles auxquelles les petits Américains ont été habitués. Les pin-up sont à la base d’un certain type de représentation des femmes dans la bande dessinée.…

Ethnographie gourmande de la Ducasse montoise

[p. 243  version papier]  Dissipons un malentendu…