En quoi la littérature relative au génocide des Tutsis au Rwanda a-t-elle permis de rendre compte d’une vérité qui échapperait à d’autres façons de dire le monde ?
Véronique Tadjo :
Je ne crois pas que la littérature puisse véritablement rendre compte de la réalité du génocide. Aucun mot n’en est capable, aucun roman aussi bien écrit qu’il puisse l’être n’en est capable. Je suppose que seuls les témoignages de survivants parviennent à nous faire comprendre ce qui a pu se passer et l’horreur dans laquelle ils se sont retrouvés pendant les événements. Par contre, la littérature peut permettre d’attiser les consciences et de garder en mémoire une page de l’Histoire qui autrement serait vite effacée, oubliée quand le quotidien reprend ses droits. Personne n’aime apprendre de mauvaises nouvelles. Personne ne veut savoir que nous ne sommes pas à l’abri de la cruauté et de la destruction. La littérature est là pour encourager les hommes et les femmes…