Image de l'oeuvre - Presque une histoire de loup

Notre critique de Presque une histoire de loup

Marine Schneider est une autrice et illustratrice belge, récompensée par plusieurs prix dont la célèbre Pépite d'or du Salon du livre et de la presse jeunesse (Montreuil, 2022) pour son livre Hekla et Laki.

Dans Presque une histoire de loup, on retrouve son trait poétique et ses décors nordiques naturels et envoûtants. Elle offre dans cet album la relecture surprenante d’un thème bien connu en littérature jeunesse : la ‘peur’ du loup.

Helga est une petite fille qui s’ennuie. Elle veut juste qu’il se passe enfin quelque chose d’excitant dans sa vie. Et quoi de plus palpitant qu’un loup ?! Elle en a souvent entendu parler mais ne l’a jamais vu ! Où pourrait-elle bien le trouver ?

De l’autre côté de la forêt (et de la page !), se trouve le Loup. Les lecteur·rice·s le découvrent de dos et apprennent qu’il s’ennuie lui aussi.

Tous deux ont peur de ce qu’ils pourraient trouver mais cela ne les empêche pas de tout faire pour y arriver car même s’ils ont peur, ils sont curieux !

S’en suivent alors, jusqu’à la fin du livre, des aller retours rebondissants de l’un et l’autre pour essayer de se trouver, sans pour autant…jamais y arriver !

Le récit est en miroir, tout comme les illustrations qui mettent en rapport constamment le Loup et Helga dans la même situation et avec les mêmes inquiétudes, mais chacun d’un autre côté de la forêt.

Ce procédé permet de faire comprendre aux lecteur·rice·s qu’il est facile d’être effrayé·e par ce que l’on ne connait pas mais aussi qu’il est important de se rendre compte que tout le monde a peur.

Ce livre permet donc d’aborder les peurs irraisonnées des enfants, d’éventuellement les désamorcer mais aussi de parler de la peur qu’on aime ressentir parfois.

Presque une histoire de loup est aussi une histoire qui ne se résout pas et c’est rare en littérature jeunesse. Cela crée de la frustration : une émotion très intéressante à travailler avec les enfants (et les adultes !)

Les illustrations de l’ouvrage nous plongent directement dans l’univers graphique de Marine Schneider : les premières pages sont denses, les murs des maisons, par exemple, sont composés de motifs répétitifs qui recentrent toujours l’attention du lecteur sur les personnages de l’histoire.  Le choix des couleurs est harmonieux et les aplats permettent de mettre en avant les expressions du visage mais aussi la position des mains des deux héros, ce qui donne encore plus d’informations sur leurs ressentis et sur leurs émotions.

Les thèmes abordés sont l’ennui et la peur (celle de l’autre, celle de ce qu’on ne connait pas mais aussi celle qu’on aime créer et ressentir parfois). C’est un livre qui surprend, qui frustre mais qui intrigue aussi !

Partie d’un récit traditionnel, Marine Schneider le transforme pour en faire quelque chose de palpitant, délicieux et un peu absurde !

Hortense de Ghellinck