D’un côté Guillaume, un adolescent. Sa famille tente de nouer les deux bouts. Son vélo est le seul moyen de s’échapper de la morosité ambiante et de respirer un brin d’air pur. De l’autre, Hubert, un vieil aristocrate. Il est riche et vit seul dans une ancienne forge. Respectueux de la nature, adepte des ballades à cheval, son langage est raffiné et son humour très british. Un jour, par inadvertance, Guillaume pénètre dans la propriété d’Hubert. Cet incident marque le début d’une profonde amitié entre ces deux êtres que tout semblait séparer. L’histoire est belle. Le roman est délicieux et peut être apprécié par des lecteurs de tous âges. Y compris par des adolescents, même s’il se situe aux antipodes du domaine éditorial qui leur est habituellement destiné. Prenant la forme d’un lettre que Guillaume, devenu adulte, adresse à sa fille Constance, il est aussi subtilement construit. Ceux qui connaissent l’écriture de Christine Van Acker ne s’étonneront pas de la justesse du ton et des dialogues. Il savent que cette auteure n’a pas son pareil pour susciter, écouter, respecter et transmettre la parole. Ils savent aussi qu’elle est une amoureuse des sons et des mots. À propos de mots – cerise sur le gâteau – le livre renferme un mini dictionnaire en contenant une centaine. Des mots précis, élégants, parfois savants, prononcés par Hubert au cours de leurs rencontres. Dans un premier temps, ce parler élégant étourdissait Guillaume, l’énervait même un peu. Mais petit à petit, l’ado au langage potache l’a écouté avec bonheur, notant soigneusement ses découvertes dans ce qui devint « Le carnet de Guillaume ».(Maggy Rayet)