Image de l'oeuvre - Minik

Notre critique de Minik

Marine Schneider, qui avait reçu en 2022 la Pépite d’or pour Hekla et Laki nous revient pour notre plus grand plaisir avec un nouvel album aux embruns nordiques. Dans ce récit mené par une voix d’enfant (le petit Atlas), nous partons à la rencontre d’Atlas et ses frères, Orso et Loup qui vivent sur une ile. Et sur cette ile se trouve aussi Minik, un être volant mythique et mystérieux.

Dès qu’on saisit ce nouvel ouvrage, tout amène à le constater : Minik est bien le double du très beau Hekla et Laki. Format identique, gammes chromatiques proches, même éditeur, couverture très similaire, il est impossible de ne pas mettre les deux livres en parallèle. Mais si Hekla et Laki était l’histoire d’une force qui prend soin d’un plus petit pour ensuite lui laisser la place, ici, c'est davantage le récit d’une puissance en croissance, qui chamboule tout sur son passage. Pour nous emmener ailleurs en tourbillonnant ? Et nous faire vivre des histoires incroyables ?

Des histoires, Marine Schneider sait en raconter. Au fil des albums dont elle est à la fois l’autrice et l’illustratrice, elle tisse une œuvre visuelle et narrative unique. En s’appuyant sur un alphabet visuel qu’elle construit patiemment, l’autrice explore les tonalités de son univers singulier. Avec ambition, sans reculer devant les prises de risque, Marine Schneider tient solidement le fil de ce qu’elle a à nous dire. Ou plutôt, à nous conter. Car ses histoires sont avant tout des contes, certes modernes et graphiques, où souffle le vent du Nord.

« Un jour, je dirai à Orso et Loup qu’on s’invente parfois des histoires. On peut y croire pendant des milliers d’années, peu importe si elles sont vraies ».


Dans Minik, on sent Marine Schneider très libre de ses mouvements. Dégagée des codes visuels qui balisent habituellement l’album jeunesse, elle nous propose des pages somptueuses et surprenantes. Dans certaines d’entre elles, l’autrice n’hésite pas à utiliser des cases de bande dessinée (soit éparpillées sur la page, soit accolées les unes aux autres) pour bien scander le mouvement. D’autres pages proposent une organisation graphique proche de l’enluminure, où l’image principale est entourée par un cadre orné d’un motif décoratif, lui-même en rapport avec l’histoire. Cette remarquable aisance à jouer avec les codes de l’image est sans nul doute l’apanage des grands talents. Avec Minik, Marine Schneider nous livre à nouveau une pépite graphique de premier ordre.

Marie Baurins