Image de l'oeuvre - Mémoires minérales

Notre critique de Mémoires minérales

Partie de planches sur papiers glanés ici et là, Édith van Dooren me raconte qu’elle les a dessinées spontanément en trois journées intenses. Puis, elle en a découvert plus que défini le rail en les exposant sur les murs de son atelier. À partir de cette progression chromatique, graphique et visuelle, le fil d’un récit s’est alors tissé et inscrit au crayon gris sur le papier, autour des dessins, ici et là encore.

Ça se passerait dans la forêt


L’histoire est simple et fondatrice : Emma et Gaston se rencontrent dans un éden animal, végétal et minéral ; comme Adam et Ève ailleurs, il y a longtemps. Cependant, le couple ici n’est pas central, plutôt passif et contemplatif. De même que le lecteur ou la lectrice de tout âge qui se laissera ici facilement bercer par le rythme de l’eau, la douceur des couleurs, l’enthousiasme des traits, l’écopoésie des mots, la température ambiante et légère se dégageant des pages.

Elle et lui profiteraient de la fraîcheur


Entré par un coup du coeur dans la collection Matière vivante, l’éditrice de Cotcotcot, Odile Flament m’explique à son tour que Mémoires minérales est le 4e de petits carnets qui surprennent parce qu’ils transcendent les publics et les genres pour se rassembler en un objet livresque à la reliure rouge, cousue par l’atelier de l’Ouvroir. La ligne éditoriale se résume joliment avec cette formule : « Cotcotcot de l’enfance qui fait toctoctoc dans le cœur des adultes. »

L’autrice ne dit pas autre chose. C’est l’adulte en elle qui retrouve en ces Mémoires minérales un souvenir d’enfance, vers 7 ou 8 ans. Une forêt dense qui danse avec le vent et un cours d’eau qui bruisse et glougloute où :

Il serait tempête
Elle serait liane


Puisse cet opuscule lumineux voyager loin le long des berges boisées, à dos du sanglier rose et des poissons bleus qu’il a saisi dans l’aquarelle de pierres et de branches chantantes.

Tito Dupret