Notre critique de Chant de lune

Un livre objet particulier et un pari sur la poésie réussi. La couverture est cartonnée, la reliure en spirale, des calques, beaucoup de noir, peu de couleur si ce n’est en quadrichromie. Une nouvelle fois l’autrice nous emmène vers un territoire à explorer et à découvrir : la lune. Et, nous nous laissons emporter toutes et tous, sans distinction d’âge (magie de la poésie) par ce chant de lune.

Après plusieurs albums comme illustratrice ou autrice-illustratrice, le trait et le graphisme de Giulia Vetri sont reconnaissables. Ici, elle utilise de nouveau des techniques d’illustration mixtes pour nous faire entrer dans un univers mystérieux qu’elle développe finement au fil des pages.
La première partie du livre, les calques peints en noir, nous apporte un sentiment d’étrangeté, de mystère. La seconde partie plus colorée, avec de magnifiques découpages, nous plonge dans l’histoire des Hommes et de la relation qu’ils ont toujours construits avec la lune. De la première à la seconde partie, la Lune est le personnage principal de ce magnifique livre Chant de lune. Le noir de la nuit met en valeur la lune qui brille et nous guide.

La lune nous interpelle « Lecteur, lève les yeux et contemple ma splendeur… », elle nous emmène au-delà des âges. On entend les hurlements du loup, les incantations des sorcières. Le flou du calque peint des deux côtés renforce l’impression que personnages, arbres sont en mouvements sous la lune. On frémit, on ferme les yeux, on écoute le chant de lune par-delà les âges.  Puis, nous voilà en Égypte, en Chine, on suit les traditions, les honneurs faits à la lune dans des contrées fort lointaines. Cette lune n'a pas de frontières, elle est partout, dans les saisons, les mythes et pour finir dans les rêves de conquêtes des Hommes. De Stonehenge à l’alunissage de 1969, Giulia Vetri peint cette lune magnifique, tour à tour délicate, mystérieuse flamboyante, qui nous rappelle par son chant qu’elle est et sera toujours.

Hélène Théroux