Entretien avec Thomas Lavachery

– D’où vient ton goût pour la fantasy ?

En tant que lecteur, je ne suis pas spécialement fan de la fantasy. J’ai adoré lire Tolkien, mais pour le reste, je suis plutôt un consommateur de romans d’aventures : Dumas, Walter Scott, Jules Verne, Stevenson, Kipling, Twain, London, John Meade Falkner, Richard Hugues, Mac Orlan, l’immense Conrad… Si j’ai écrit moi-même de la fantasy, c’est pour répondre à une demande de mon fils aîné, Jean, qui m’a un jour prié de lui inventer une histoire avec des trolls, des dragons et des elfes. J’ai obtempéré avec un enthousiasme relatif… pour découvrir que j’adorais créer de la fantasy.

– Des auteurs ou autrices fétiches ?

R. R. Tolkien et Philip Pullman. Je tiens À la croisée des mondes pour un chef-d’œuvre.

– D’autres sources d’inspiration : séries, films, musique, BD, illus… ?

Il y en a tellement, il y en a trop, et dans chacun des domaines que tu énumères ! En BD, la série Valérian et Laureline a exercé sur moi un attrait puissant. Les mondes et les peuples dessinés par Mézière me faisaient battre le cœur. C’était beaucoup plus vivant que les inventions froides de Moebius, par exemple. J’y étais ! Pour les illus, si l’on s’en tient à la fantasy, je citerais Tolkien – je préfère ses dessins à tout le reste de l’imagerie « Seigneur des anneaux » -, Theodor Kittelsen et Hugo Simberg. J’ajouterais que l’une de mes sources principales d’inspiration pour la saga Bjorn le Morphir aura été l’anthropologie et les récits des explorateurs du XIXe siècle tels que Lewis et Clarke, le Père Huc… Inventer des peuples et leurs coutumes est l’un de mes dadas.

– Trois titres à recommander à un ou une ado qui découvre l’imaginaire ?

Les trois volets de À la croisée des mondes.

– Un « classique belge » qui compte ?

La langue de Charles de Coster me procure des extases. Cependant, l’auteur belge qui continue de m’impressionner le plus est sans conteste Simenon. L’expérience sensorielle que représente sa lecture est une leçon pour tous les romanciers. C’est une banalité de le dire, mais c’est tellement vrai !

– Pour mitonner une chouette potion, tes ingrédients de prédilection ?

Efficacité dramaturgique, richesse psychologique des personnages, inspiration diversifiée, langue soignée, poésie, lucidité du regard philosophique. Y aller mollo avec la magie, ne pas forcer la dose de surnaturel. Pour la fantasy comme pour tout type d’œuvre romanesque : la plus grande exigence artistique, celle dont chacun est capable dans les limites toujours trop étroites de son talent.

-Une actu, des projets pour les mois qui viennent ?

Plusieurs ouvrages vont sortir, dont certains ont été retardés à cause de la crise sanitaire. Un zoo à soi, livre de souvenirs où je parle surtout d’animaux, Tor et le cow-boy, nouvel épisode des aventures de Tor, mon petit héros nordique, Lilly sous la mer, album qui raconte l’aventure sous-marine d’une famille dans les années 1920 et enfin Le cercle, une longue nouvelle destinée aux adultes dont le protagoniste est un chercheur de cailloux figuratifs. Un livret sur votre serviteur, Thomas Lavachery, un écrivain au long cours, va également paraître très bientôt, signé Sylvie Dodeller. Sinon je viens de terminer la première mouture d’une robinsonnade, Henri dans l’île. L’histoire se déroule dans les années 1880. J’en dirai seulement ceci : le Vendredi de mon Robinson n’est pas un humain, mais une bête. Ah, et j’oubliais Le netsuke, roman pas du tout jeunesse qui est en ce moment en lecture chez plusieurs éditeurs. Je l’ai écrit durant le premier confinement alors qu’Henri dans l’île est un enfant du second…

Dans les mondes imaginaires, si tu étais : 

Un personnage :  Tom Bombadil ou Sam Gamegie, j’hésite.
Un pouvoir :  Faire des œuvres en fumée comme Gandalf : bateau, dragon…
Un objet :  La pipe de Gandalf, avec une blague bourrée d’herbe à pipe de la Terre du Milieu
Un lieu :  La comté
Une époque, une civilisation :  Le peuple Hobbit à une époque tranquille de son histoire.
Un moyen de déplacement :  Le sous-marin de Nemo


 

En savoir + sur l'auteur :

Thomas Lavachery

Né le 11 septembre 1966 à Bruxelles Licence en Histoire de l’Art et Archéologie, ULB, Bruxelles J’écris des romans d’aventures relevés avec une dose plus ou moins élevée de fantastique. J’ai suivi…

Bjorn le morphir

Sélection Petite Fureur 2005 Prix Sorcières 2006 Prix des Dévoreurs de livres 2006 Prix Hurtmans 2012 (cat 12-14 ans)

Ramulf

On dit qu’il est un peu simplet, aussi démuni qu’un enfantelet et incapable de méchanceté. Pourtant, la tête de Ramulf vient d’être mise à prix. Le jeune homme a laissé échapper le singe qu’il venait d’acheter au marché…