Maurice Maeterlinck   1862 - 1949

PRÉSENTATION
Lorsqu'il est désigné par le roi Albert, le 19 août 1920, parmi les fondateurs de l'Académie royale de langue et de littérature françaises, Maurice Maeterlinck a déjà une prodigieuse carrière littéraire derrière lui. Il est, avec Émile Verhaeren, l'écrivain qui, par la Flandre, a donné à la littérature française de Belgique une audience internationale et une identité. Trente années se sont écoulées depuis l'article dithyrambique, paru dans Le Figaro du 24 août 1890, où Octave Mirbeau déclarait La Princesse Maleine, publiée un an auparavant, à trente exemplaires, l'œuvre la plus géniale de son temps et son auteur, un inconnu, comparable à Shakespeare. Ce coup du destin projette du jour au lendemain sur la scène mondiale le Gantois, né le 29 août 1862. C'est la gloire pour l'ancien élève du Collège Sainte-Barbe, pour l'avocat, stagiaire chez Edmond Picard, et pour l'auteur des Serres chaudes (1889), analogies végétales des visions insolites de la subconscience, qui allaient devenir le maître-livre du symbolisme européen. Secrète coïncidence d'une sensibilité, d'un espace géographique aux confins de deux cultures et d'une âme, Maeterlinck livre, en à peine six années, la concentration la plus pure et la plus subtile de l'esthétique symboliste, au point qu'il l'incarne dans les milieux littéraires de l'Europe entière. Se succèdent les drames en un acte, dont il fonde le genre — L'Intruse et Les Aveugles (1890) — vite traduits dans les grandes langues européennes, Les Sept Princesses (1891) et, en 1892, l'apogée de la nouvelle dramaturgie : Pelléas et Mélisande. Deux ans plus tard, paraissent, chez Deman à Bruxelles, les trois petits drames pour marionnettes, Alladine et Palomides, Intérieur et La Mort de Tintagiles. On peut chercher l'explication de la convergence de ces œuvres singulières dans la mise en écriture des enseignements d'une révélation, décisive, selon Joseph Hanse, pour l'orientation de son art : celle que lui apporte l'œuvre du mystique de Groenendael, Ruysbroek l'Admirable, lue dès 1895, et dont il traduit L'Ornement des noces spirituelles (1891), accompagné d'une très significative Introduction. La découverte de la spiritualité mystique incarnée dans le Flamand, auquel il est lié par des affinités congénitales, rejoint chez le traducteur-poète en quête d'une écriture plus conforme à sa sensibilité, celle du symbole authentique, qui émaille la prose de Ruysbroeck. «Depuis que je l'ai vu, note-t-il, notre art ne me semble plus suspendu dans le vide. Il nous a donné des racines. Révélation, parce que dans la syntaxe tétanique de la prose du primitif, la pensée suggère, au lieu de décrire, use d'analogies, d'approximations et d'images puisées dans le quotidien, pour amener au jour ce qui n'a pas de représentation.» La traduction des Disciples à Saïs et des Fragments de Novalis, publiée quatre ans plus tard, s'inscrit dans le sillage de la découverte de l'homme intérieur, inspirant à Maeterlinck cette réflexion qui synthétise sa recherche : «Car c'est à l'endroit que l'homme semble sur le point de finir que probablement il commence...» On peut lire Le Trésor des humbles (1898) comme une sorte de diététique de l'âme, où Carlyle et le bon Emerson ouvrent la voie au sens pratique et réaliste, dont La Sagesse et la destinée (1898) est l'aboutissement. Y demeure cependant très présent le fameux sentiment de l'infini, ferment permanent de l'œuvre maeterlinckienne. L'essai célèbre sur Le Tragique quotidien complété par sa réflexion sur «le mystère, l'inintelligible, le surhumain»… qui alimente la Préface au Théâtre de 1901, pose le dramaturge comme le père-fondateur du théâtre statique. Cette année-là, paraît l'album des Douze chansons, illustré par Charles Doudelet, témoignage de l'ascèse du langage à laquelle se livre le poète pour que seul subsiste l'indicible dans ses chansons de toile. Aglavaine et Sélysette (1896), à la charnière du nouveau théâtre, dont Monna Vanna (1902) est le document, présente désormais le rayonnement de la beauté morale et de l'amour comme une issue au tragique. Dans ce nouveau contexte, s'inscrivent Sœur Béatrice (1901), Joyzelle (1903), Ariane et Barbe-Bleue (1907). L'activité de l'auteur dramatique n'exclut pourtant pas la recherche du scientifique éclairé. Du Temple enseveli (1902) au Double Jardin (1904), Maeterlinck poursuit sa méditation, qui alterne avec l'observation rigoureuse des insectes et des plantes. Il en livre les résultats dans La Vie des abeilles (1901), premier volet d'un triptyque complété par La Vie des termites (1927) et La Vie des fourmis (1930). Il faut y joindre L'Intelligence des fleurs (1907). En fait, dans ces livres qui deviennent vite des best-sellers, l'observation scientifique est sous-tendue par la même foi spiritualiste, puisée initialement dans les doctrines mystiques et rejointe chez les philosophes de la Nature, dont Le Grand Secret (1921) retrace les étapes. La croyance à la symbiose universelle assure la continuité de sa méditation. Composée en 1908 à la manière du «Märchen» ésotérique novalisien, L'Oiseau bleu, sous le couvert d'une quête initiatique, livre le message de la foi dans l'unité vivante du monde, où tous les conflits finissent par se dénouer. Le prix Nobel en 1911 couronne Maeterlinck pour l'idéalisme de son œuvre. Après avoir mis sa plume au service de la patrie occupée (Le Bourgmestre de Stilmonde et Le Sel de la vie), Maeterlinck reprend son interrogation sur l'énigme de la destinée dans des recueils de fragments, d'où émergent quelques beaux aphorismes, tels La Grande Loi (1933), Devant Dieu (1937) et L'Autre Monde ou le Cadran stellaire (1942) — ce dernier ouvrage publié à New York durant la deuxième guerre mondiale. Le livre Bulles bleues (1948), s'il réunit les souvenirs du grand Gantois que la mémoire a quelque peu embellis, confirme sa croyance dans l'unité fondamentale du cycle infini de la nature, aussi vivante en lui à la fin de sa vie qu'à ses débuts. Maurice Maeterlinck meurt à Nice le 6 mai 1949.
PRIX
  •   Prix Nobel de littérature 1911
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NOS EXPERTS EN PARLENT
Le Carnet et les Instants

Maurice MAETERLINCK, La vie des termites, Préface de Michel Brix, Bartillat, coll. « Omnia Poche », 2019, 160 p., 10 €, ISBN : 978-2-84100-676-6Maurice MAETERLINCK, La vie des fourmis, Préface de Michel Brix, Bartillat, coll. « Omnia Poche », 2019,198 p., 12 €, ISBN : 978-2-84100-677-9 L’œuvre de Maurice Maeterlinck (1862-1949) dégage une impression générale aussi puissante que celle du massif de l’Everest, quand il n’était arpenté que par quelques rares alpinistes téméraires et aventureux : on ne sait par quelle face il faut l’aborder. Maeterlinck, figure de proue du symbolisme, se dresse presque malgré lui tel un sommet (à ce jour seul prix Nobel-ge de littérature, en 1911), constitué d’innombrables cimes et crêtes dans les domaines du théâtre (Pelléas…


Le Carnet et les Instants

Dépassant les clivages entre scientifiques et poètes, précurseur d’une pensée d’une intelligence animale et végétale à une époque où prévaut la disjonction entre l’humain, seul doté d’âme, de sensibilité, et le reste du vivant privé d’aptitudes cognitives, Maurice Maeterlinck développe des essais novateurs qui contestent la primauté que l’humain s’octroie dans la chaîne des êtres. En 1901, dix ans avant la consécration du prix Nobel, paraît La vie des abeilles qui, rompant avec les théories de Pavlov, contestant l’animal-machine de Descartes et l’anthropomorphisme de Buffon, avance une thèse radicalement inédite que les scientifiques confirmeront des années plus tard : non seulement les insectes, les mammifères mais aussi les plantes sont dotés,…


Le Carnet et les Instants

Septante-trois ans après le décès de Maurice Maeterlinck, cent onze ans après son prix Nobel, voici que les éditions Albin Michel publient La nuit des enfants, suite inédite de L’oiseau bleu, qui bénéficie au passage d’une réédition dans la collection Espace Nord. C’est un événement littéraire qui mérite que nous freinions le train du temps pour retrouver l’âge d’or de nos lettres, et le nôtre : l’enfance.Dans une brève préface, Frédéric V.G.-Maeterlinck, petit-fils de l’auteur, raconte sa découverte de ce texte qui narre les aventures des petits-enfants des héros de L’oiseau bleu. Cette coïncidence filiale entre le réel et la fiction nous laisse imaginer avec quelle émotion le descendant du grand écrivain a confié le manuscrit aux bons soins d’un…


Karoo

À la manière d’Ésope, Perrault ou La Fontaine, Maurice Maeterlinck écrit, avec l’Oiseau bleu et la Nuit des enfants, deux pièces qui interrogent sur les grandes énigmes du monde, en utilisant des animaux qui parlent et des arbres qui font la guerre. À relire ou à découvrir, le registre fantastique s’invite dans ces classiques de la littérature belge des années 1900.
À la manière d’Ésope, Perrault ou La Fontaine, Maurice Maeterlinck écrit, avec l’Oiseau bleu et la Nuit des enfants, deux pièces qui interrogent sur les grandes énigmes du monde, en utilisant des animaux qui parlent et des arbres qui font la guerre. À relire ou à découvrir, le registre fantastique s’invite dans ces classiques de la littérature belge des années 1900.
Je me suis rarement penchée…


Karoo

Enfin réédité comme il le mérite, Maurice Maeterlinck trouve une nouvelle jeunesse grâce à la collection Espace Nord. Ses grands classiques comme ses œuvres moins connues sont rendus au public, pour le grand plaisir des amateurs et des curieux. Enfin réédité comme il le mérite, Maurice Maeterlinck trouve une nouvelle jeunesse grâce à la collection Espace Nord. Ses grands classiques comme ses œuvres moins connues sont rendus au public, pour le grand plaisir des amateurs et des curieux. Lorsqu’on songe à découvrir la littérature belge, il est évident qu’un des premiers auteurs à aborder est Maurice Maeterlinck. Qu’on ait déjà lu plusieurs de ses œuvres ou qu’on le déniche enfin, l’auteur belge est très connu, notamment pour avoir gagné le prix Nobel de littérature…