Il y a comme une surcharge électrique dans le courant continu qu’injecte l’écriture de Jérémie Tholomé sur la page. Texte lauréat du Prix Hubert Krains 2021 décerné par l’AEB (Association des Écrivains belges de langue française), le recueil Le Grand Nord s’articule autour de cent huit blocs syntaxiques en apparence autonomes, répartis en trois groupes de trente-six, deux par page, mais qui s’imbriqueraient comme dans un jeu de miroir infini. Chaque fragment répondant en effet à un autre dans chacune des parties. Martingale impossible témoignant des incertitudes et incohérences d’un monde plongé dans la tyrannie technologique et reproductrice.À coup d’images étonnantes, déroutantes, les salves scripturales du poète dessinent les QR codes d’une modernité…
Dans la préface de Clark Nova, Vincent Tholomé indique que la reprise de personnages mythiques (ici, ceux de William Burroughs) doit s’établir dans un texte hérissé d’« une langue vive et nerveuse (…) ne cherchant ni à plaire ni à faire joli. Se contentant de rapporter le cauchemar ». Défi parfaitement relevé par Jérémie Tholomé qui use d’une syntaxe criblée de tirets, offrant une narration rapide et captivante. Hachant le texte, ces tirets remplacent même les points finaux, comme si le déroulement de la pensée n’avait jamais complètement abouti, suspendu en plein vol.Dans un monde glacé, réorganisé autour de quatre stations, William Lee, agent spécial de la Police Nova, est chargé de se rendre à la station Sud avec le train express, accompagné de sa Clark…