La lecture des premières lignes du nouveau roman de Sylvie Godefroid nous plonge dans l’univers profondément cruel où Hope a grandi. Elle est née avec une neurofibromatose de type 1, entendez une tumeur inopérable qui lui « bouffe » le visage et effraie les regards qui se posent sur elle. Hope a été abandonnée par ses parents et n’a pas reçu d’affection. Elle n’en ressent pas pour elle ou pour le genre humain. Pétrie par la haine et le mépris qu’elle éprouve pour elle-même et pour les autres, elle a décidé de se suicider le jour de ses quarante-et-un ans, en tuant dans la foulée dix personnes de son choix.Présentée comme ça, l’héroïne peut susciter le rejet du lecteur, mais c’est sans compter sur la finesse de l’auteure qui nous invite à comprendre…
Le paradoxe Sylvie Godefroid !Personnalité en vue du microcosme, elle se distingue par son écoute des autres (notamment des auteurs et autrices qu’elle couve au sein de la Sabam), son calme et son dynamisme à l’anglo-saxonne, initiant mille projets et rencontres.Je t’ai trouvé sous le caillouUn dimanche sans étincellesJe tricotais une dentelleDe solitude en satin doux. Comme autrice, elle ose la distorsion, l’air de ne pas y toucher. Elle ose ! Dans un roman, évoquer les arrière-pensées ou les pensées tout court, hostiles, nourries par une malade pour les bien-portants. Elle ose ! Évoquer sa vie, ses amours, ses combats (contre le cancer), ses interrogations.Tu es mon altéritéUn tapis de différenceL’autre son de mes silencesOù mes cris peuvent tomber.Sylvie Godefroid…
Lola, 40 ans, divorcée et mère de deux enfants, se surnomme « Lola la chance » parce que la vie lui a toujours souri. Jusqu’au jour où elle apprend qu’elle a un cancer du sein. L’ablation de la tumeur est programmée dans une quinzaine de jours, s’ensuivra la chimiothérapie. Aujourd’hui, il est 4h du matin et Lola ne parvient pas à dormir. Elle met des vêtements et se lance dans une balade nocturne à Bruxelles.Elle sort de chez elle pour retarder le moment où elle devra affronter la réalité et commencer son combat, où elle devra annoncer à sa mère et ses enfants que cette tumeur n’est pas si bénigne que ce qu’elle a bien voulu leur dire pour ne pas les inquiéter. En effet, entre un fils de 15 ans un brin macho qui lui demande si elle compte réellement sortir…
Salsa, le dernier roman de Sylvie Godefroid, s’aligne sur Sophie, victime d’un AVC alors qu’elle rejoignait sa fille, Amandine, au café de la Presse à Bruxelles.À l’hôpital, tout le monde la croit dans le coma alors qu’elle est enfermée dans son corps (locked in syndrome). Consciente, elle s’adresse silencieusement à sa fille et lui annonce, notamment, la raison de leur rendez-vous ce matin-là : son intention de quitter la Belgique pour rejoindre son amant, Luis, à Cuba où elle compte s’installer définitivement. Au départ, quand on lit Salsa, on a le sentiment d’être immergé dans l’histoire de Sophie, quinquagénaire fatiguée de sa vie de bourgeoise, en quête d’un émoustillement du corps et des sens.Tout nous pousse à penser que Sophie profite de son état…
Face à une société qui fait du romantisme un encombrement et de l'amour une mécanique du désir sexuel, déshumanisant ainsi ce qui nous rend peut-être le plus humain, le recueil de Sylvie Godefroid, Les Longs Couloirs, offre une bouffée d'oxygène, aère les cages de nos représentations en re-poétisant l'amour et le corps. Face à une société qui fait du romantisme un encombrement et de l'amour une mécanique du désir sexuel, déshumanisant ainsi ce qui nous rend peut-être le plus humain, le recueil de Sylvie Godefroid, Les Longs Couloirs, offre une bouffée d'oxygène, aère les cages de nos représentations en re-poétisant l'amour et le corps. Dans ce recueil de poèmes paru aux éditions Le Scalde, Sylvie Godefroid s'abandonne à la plume et aux mots avec la même sincérité…