« A boire ou je tue l’Prince !!! »
a-t-il hurlé à une conférence de presse des Francos, en tenant la tête du Prince Laurent par son bras droit, style prise de judo d’un match remporté.
Cette phrase pourrait à elle seule résumer Jeff :
– Jeff avait toujours soif.
– On pardonnait tout à Jeff (à commencer par le service d’ordre du Prince qui n’est point intervenu).
– Ce moment était pétri de bienveillance.
Si si, Jeff n’aurait jamais fait ça à quelqu’un qu’il n’aurait pas respecté (si tant est que Jeff ait manqué de respect à qui que ce soit).
– Jeff était désopilant. Ce besoin presqu’obsessionnel d’amuser la galerie. Ou plutôt sa propension à établir un climat propice à « passer un bon moment ».
– Jeff osait tout (c’est à ça qu’on le reconnaissait). Mais vraiment tout. Un vrai Jackass avant l’heure. Sa clavicule, sa jambe, son pied, et j’en passe, pouvaient en témoigner. Au même titre que les ambulanciers, attendant backstage qu’il daigne terminer son concert, pour l’emmener aux urgences suite à de nombreuses chutes scéniques.
– Loin de s’infatuer, c’était sa manière iconoclaste de montrer qu’il connaissait un membre de la famille royale. Pour le protocole, il reviendra en septembre.
1988. Je me souviens de ce matin-là.
Le téléphone sonne. « Salut, c’est Jeff des Gangsters d’Amour. On cherche un claviériste. Ca te dirait de participer au casting ? »
Après tout s’est s’enchaîne. Très vite. Grosse virée après quelques jours, longues discussions à deux sur le trajet du retour d’un concert. Ta copine qui ne t’ouvre pas (normal, t’avais promis de rentrer pour 2h au plus tard. Raté, il faisait jour). Pas grave, tu dormiras dans le champ de patates et elle te découvrira en ouvrant ses rideaux… C’est sans doute ces quelques heures qui ont scellé nos liens, forts, professionnels et fraternels.
Ensuite, carrière solo, albums, plateaux TV, tournées, voyages. Et son cortège de corollaires à la carolo. Avec Olivier Bodson, le jeune surdoué des Gangsters. Comme t’es un réseau social à toi tout seul et bien avant l’heure, tu nous fais découvrir le tien. Qu’au gré des escales nous compléterons, avec entre autres une certaine Sylvie…
Que du beau monde.
Que de belles personnes.
Que de longs et mémorables moments cardinaux. Nous avions l’habitude de terminer les soirées (des autres) et de « claquer la porte derrière nous en partant » comme tu disais. Mais en 1995, nous avons été dépassés sur nos propres terres. Par un ovni révélé par un film proverbial, tout aussi ovni. Pour qui 5h du mat était une bonne heure pour aller allumer le studio Dame Blanche, tenter d’y faire de la musique et chanter d’sus. Mais bon, belle gageure hein. Vu nos états, nous nous contentions généralement de reprises improbables (mais drôles, drôles !). Qu’est-ce que ce Ben, en plus du foie, nous a donné mal au ventre.
Et tu sais quoi ? Tout ça est resté intact. Dans nos mémoires, dans nos vies, dans nos manières d’appréhender les petits espoirs et grands tracas.
On se revoit. Certes sans toi (quoi que).
Rares sont les soirées, fêtes et cocktails où on ne croise pas quelqu’un que tu as marqué, qui t’a profondément aimé. Et on parle de toi…
Tout ce réseau (famille, amis (de bamboche ou pas), musiciens) est resté en l’état. Et c’est tant mieux.
Sans doute y veilles-tu de là-haut.
Vienne, 1907. Le peintre Gustav Klimt rend visite aux époux Bloch-Bauer. Ferdinand demande alors à Gustav de réaliser le portrait de sa femme, Adèle ; requête entraînant un flashback. Six ans auparavant, alors que Klimt essuyait des critiques acerbes au sujet de son œuvre La Médecine , il a rencontré ce couple, admirateur de son génie et dont la femme l’a prié de lui ouvrir les portes de son atelier. Au même moment, l’artiste recevait en rêve l’inspiration pour son prochain tableau. C’est par ce prisme que l’on entre dans l’univers de l’artiste : son atelier, ses modèles, sa mère, sa compagne, Émilie, mais aussi ses rêves, ses angoisses, ses sources d’inspiration en somme. L’histoire narrée en bande dessinée par Cornette et Marc-Renier est une tranche de vie, prétexte à l’évocation du peintre, de son style, de son époque et de l’avant-gardisme dont il y faisait preuve. L’idée est en effet plus de mettre en avant ses particularités que de réaliser sa biographie. Le récit est assez simple et aurait peu d’intérêt sans l’aspect « inspiré de faits réels », mais n’en est pas moins cohérent et bien rythmé.Les dessins sont soigneusement détaillés. Le rendu est classique, avec un crayonné assez fort accentuant les sujets principaux. Les travaux de Klimt évoqués sont réinterprétés plutôt que cités et le résultat est réussi et efficace : le redesign des œuvres permet une intégration fluide dans les cases tout en invitant à les découvrir sous un angle neuf.Le récit principal est suivi d’un court cahier didactique sur Gustav Klimt. Il complète la bande dessinée en développant quelques sujets qu’elle évoque. On y voit notamment des reproductions des œuvres évoquées dans l’album. Ainsi, le lecteur a à portée de main de quoi satisfaire sa curiosité, titillée par l’histoire racontée en images et phylactères.La bande dessinée Klimt est une introduction sympathique à l’œuvre de l’artiste. Les connaisseurs n’apprendront probablement pas grand-chose, là où les néophytes apprécieront l’accessibilité du propos et les informations proposées en fin d’ouvrage. Les visuels soignés plairont aux amateurs de bande dessinée traditionnelle, alors que l’histoire…
Corinne Mayère est une salariée pas très motivée d'Edéf qui décide d'écrire…