Avec une quarantaine de pages au format 14 x 14 cm, ce petit livre de Pierre Dancot fait au premier abord modeste figure. L’on y aperçoit vite, pourtant, une grande complexité interne. La première partie, Les revers de la nuit – noter la polysémie de « revers » – est écrite en vers libres ; elle est illustrée par Florence Mathieu de dessins sobres et impérieux, proches de l’esquisse. La seconde, Une ombre à la pointe de mon crâne, relève plutôt de la prose narrative, apportant à la première une sorte de complément, peut-être même d’élucidation. Vient ensuite une postface sensible du journaliste-poète québécois Vincent Filteau : Le cœur-décombre de la nuit. Plus discret, un quatrième auteur se joint aux précédents : Gaspard Dancot, 13 ans,…
« Je ne sais plus qui de toi ou de moi a commencé à déchirer le jour, qui de toi ou de moi a noirci nos silences, je ne sais plus pour qui tu rêves, ni comment tu embrasses à la tombée de la nuit […] »Dans Le bannissement, le poète et éditeur Pierre Dancot « décrit », comme l’écrit Pierre Schroven sur la quatrième de couverture, « les états d’âmes d’un amour qui lui échappe ». Les affects qui traversent ce recueil puisent dans le registre d’une temporalité bouleversée par la douleur, sont pris en charge par la tonalité de l’ardeur.L’amour s’est éclaté sur les dalles du temps, l’amour a été mis en pièces : « Tu es partie avant Nous. » En une suite de fragments, l’écriture figure alors les éclats de ce départ, les débris intérieurs…
Nouveau venu dans le catalogue de la prestigieuse enseigne Le Taillis Pré, le poète liégeois Pierre Dancot y publie L’apparition, un livre de rupture amoureuse, vécue comme un deuil dont les strates déploient, dans l’imaginaire de lectures successives, les étapes successives, inquiètes, contradictoires. Où faut-il chercher les causes de la fin d’un amour ? Dans l’enfance ? Dans les secrets ? Dans les meurtrissures muettes ? Dans l’envahissement du silence ?Le paysage de lande infinie évoqué à l’entrée du volume annonce le cheminement auquel le poète nous invite. L’évocation de Gometra à l’entame du livre donne le tempo de la lecture à venir : dans cette île des Hébrides intérieures sanctuaire de la nature intouchée, tout y est chant, vent désolé…