Louis Dubrau   1904 - 1997

PRÉSENTATION
Devenue académicienne, romancière et nouvelliste, autrefois poétesse et grande voyageuse, essayiste à ses heures et moraliste dans l'âme, l'écrivain qui se fait appeler Louis Dubrau est une femme qui a bâti une oeuvre littéraire féconde, diverse et riche : poèmes et aphorismes, reportages et récits, contes et romans sont tous marqués par une philosophie amère de l'existence et la quête désespérée d'une vérité cachée.L'impossible bonheur et la mésentente du couple sont les thèmes romanesques qui lui ont permis d'accéder à la notoriété avec A la poursuite de Sandra, qui reçut le prix Rossel en 1963. La clarté de son écriture quasi parfaite et classique lui a valu d'être élue à l'Académie. Elle fut également vice-présidente de l'Alliance française de Belgique et autrefois la secrétaire générale du P.E.N. Club. Ces honneurs et ces engagements ne l'ont pas empêchée de rester indépendante et de garder un franc parler... Octogénaire, elle montre toujours une vivacité d'esprit qui donne à son regard une étonnante jeunesse.19 novembre 1904 : Naissance de Louise Scheidt à Bruxelles d'une mère belge (Catherine Desmedt) et d'un père lorrain, natif de Metz.1906 : Alors que Louise a deux ans à peine, son père se suicide. Comme, dit-on, elle lui ressemblait, elle se réfugiera plus tard dans une "immense tendresse pour l'absent".1912 : Remariage de sa mère avec un homme dépourvu de coeur. Nouveau malheur pour l'enfant qui lit et... écrit sa première oeuvre : une pièce de théâtre Fleur de malheur, dont le texte est perdu.1918 : Premiers essais de roman et premier pseudonyme, "Sône Arpenka".1925 : Louise part pour Paris et suit en élève libre des cours à la Sorbonne et au Collège de France, elle fait du dessin, de la musique, du chant et fréquente beaucoup les peintres. Il y en aura plus tard dans son oeuvre romanesque...1934 : Rentrée à Bruxelles, elle donne des récitals de chant à la Maison d'Art, et publie dans Le Thyrse son premier poème sous le nom de Louis Dubrau : le pseudonyme masculin a été choisi "par souci d'objectivité et pour éviter la misogynie des critiques" et "Dubrau", pour rappeler le nom de sa grand-mère paternelle. C'est alors qu'elle rencontre Pierre Louis Flouquet et le groupe du Journal des Poètes, auquel elle collabore bientôt comme critique et conférencière.1935 : Mariage avec Fernand Janson, professeur de morale. Louise n'est pas heureuse en ménage.1936-38 : Publication coup sur coup du premier roman Zouzou, du premier recueil de poèmes Présences et d'un recueil de contes Louise.1939-40 : Louis Dubrau reçoit le prix Verhaeren pour Abécédaire, et publie un recueil d'aphorismes Amour, délice et orgue, préfacé par Victor Larock.1940-45 : Louis Dubrau se lance dans l'action politique (inscription au parti Communiste), devient présidente de "L'Union des Femmes" et rédige un journal Femmes dans la lutte puis Femmes dans la vie, collabore très activement à la Croix-Rouge et écrit Service de nuit. A la libération, elle participe, à Paris, à des réunions avec la Passonaria, Elsa Triolet, etc., mais, en 1947, démissionne de tout mouvement politique.Depuis 1954, Louis Dubrau voyage régulièrement, seule et en dehors de tout circuit touristique, aux quatre coins du monde, souvent à des moments critiques ou dans des conditions dangereuses, écrivant des reportages et des récits, s'inspirant des lieux visités. Elle visite Israël (1954); deux fois l'ancien Congo belge et le Ruanda-Urundi (1955 et 1960) qui lui fournit la matière d'un recueil de poèmes Ailleurs; l'Iran et la Turquie (1957) qui lui inspirent La fleur et le turban; Madagascar, l'île Maurice et la Réunion (1964) qui donnent lieu à un récit Les îles du Capricorne; d'autres pays lointains comme les Açores, les Guyanes, Haïti, la Martinique et la Guadeloupe; l'Afrique occidentale : la Côte d'Ivoire, la Haute-Volta, le Mali, le Sénégal; les États-Unis et, bien entendu, de nombreux pays européens.1963 : La romancière Louis Dubrau reçoit le prix Rossel pour un de ses meilleurs livres, A la poursuite de Sandra, où un homme finit par retrouver aux Açores, quelques jours après la mort de celle-ci, la trace de celle qu'il a cru aimer.1973 : L'écrivain, qui a publié entre-temps plusieurs autres romans Comme des gisants, Le bonheur cellulaire, Le cabinet chinois... est reçu par Adrien Jans à L'Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique.1975-90 : Louis Dubrau, qui se spécialise désormais dans le récit et la nouvelle, reçoit le prix littéraire de la Communauté Française pour son recueil Les imaginaires. Partageant sa vie entre un appartement à Bruxelles et une "maison de résidence" à Wiers, dans le Hainaut, à deux pas de la frontière française, la romancière se plaît actuellement encore à voyager (Andalousie, Crète, Sicile, Maroc, Gabon, Portugal, Italie, etc...), sans cesser entre-temps d'écrire...1990 : Louis Dubrau prépare une réédition (augmentée) de son premier recueil d'aphorismes...Louis Dubrau est décédée à Ixelles le 16 mai 1997.

BIBLIOGRAPHIE


PRIX


NOS EXPERTS EN PARLENT
Le Carnet et les Instants

Il paraît que la romancière Louise Scheidt – alias Louis Dubrau – ne goûtait pas vraiment l’œuvre de Simenon. Pourtant, l’incipit d’À part entière est digne d’un des meilleurs romans durs de ce dernier. La première page voit un attroupement se créer sur le trottoir où vient de chuter lourdement le corps de Marie. Avant de sombrer dans le néant, on l’entend distinctement articuler : « C’est Guillaume. Il m’a poussée… ».Sur le moment, tout le monde croit au fait divers criminel : les badauds qui pointent déjà le nez vers les étages, le lecteur emballé par le ténébreux « Rosebud » initial que les deux cents pages suivantes serviront sans doute à éclaircir, le narrateur lui-même qui enchaîne : « Ces pages, qui feraient croire au début d’un…