Sfumato


RÉSUMÉ

Ecrire, ce pourrait être la tentative hasardeuse de se réapproprier des fragments de réel, vécus ou entendus et de les revisiter selon l’errance trompeuse de la mémoire. Sfumato s’effeuille au fil de trois récits qui ont entre eux la persistance d’une fausse fratrie, une sorte de chambre d’écho en somme. Marqués de l’empreinte des différentes époques dont ils sont issus, les souvenirs en dessinent un croquis anamorphosé qui se fond peu à peu dans un présent incertain. Un tableau ancien, paysage orageux dans les polders et bien de famille accroché au fil du temps sur de nombreux murs est devenu le champ de liberté d’une écriture qui se souviendra mal, volontairement. Même si le souvenir d’un pot de lait accroché au guidon d’un vélo est une réalité qui me fut narrée par ma mère, même si la mélancolie délicieuse d’un paysage flamand est aussi rattachée à ma mère, à ses racines et donc aux miennes, il n’est pas question ici d’une longue nostalgie familiale qui se raconte. Car j’ai lancé l’équipage du lait dans un paysage fracturé, au sein d’une humanité déchiquetée. Et ce sera tout du long la recherche de ce qui est perdu qui se racontera ici. Dans un premier récit qui ignorait encore, au moment où il s’écrivait, qu’il serait à l’origine de cette espèce de fratrie. Car la fin de ce premier récit m’a montré le mystère non élucidé de la dernière trace et de la disparition. Il allait donc falloir en parler. Parler de la mort. Semblable à l’incident d’une panne mécanique sur route déserte, prémices à la dérive en terre inquiétante d’une conductrice soumise à l’immobilité sur le bas-côté boueux d’une voie secondaire peuplée de chiens sauvages. Ce qui fut perdu se retrouvera ici, à l’endroit de la plus banale des fatalités. Passé ce cap d’infortune, il reste la solitaire liberté d’un transi, le mien, en vol plané aussi sentencieux que désenchanté par-dessus les villes opulentes d’un futur sans mémoire.





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Le Carnet et les Instants

Ce matin,  je suis allée chercher du lait entre les bombes. À prix d’or.Au retour, le chaos du chemin était tel que le lait s’est fait beurre.Nous y avons frotté nos croûtons amers, ainsi nous vivons dessous les bombes. « Inestimable don de guerre », premier des trois textes qui composent Sfumato, s’ouvre sur ces mots, ceux des bribes d’un souvenir lointain qui revient à la surface de la mémoire puis se dissipe au fil des pages, laissant s’écouler les phrases comme les couleurs qui s’estompent sur la toile. La maison est détruite, la famille s’est réfugiée dans la cave avec, pour horizon, « la ligne claire » aperçue depuis le soupirail. Par-delà cette ligne claire, les tableaux se succèdent et se superposent : il faut…


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