Les théâtres clôturent leurs saisons et préparent la saison prochaine. Que ferons-nous cet été ? Pour les amoureux du théâtre, heureusement, il y a les festivals d’ici et d’ailleurs qui permettent de s’évader et de faire de jolies découvertes à ciel ouvert. L’heure est à la fête !
Les théâtres clôturent leurs saisons et préparent la saison prochaine. Que ferons-nous cet été ? Pour les amoureux du théâtre, heureusement, il y a les festivals d’ici et d’ailleurs qui permettent de s’évader et de faire de jolies découvertes à ciel ouvert. L’heure est à la fête !
Lumière sur quatre festivals, bien de chez nous.
Festival au carré/Mons 2015Du 28 juin au 11 juillet
Il paraît qu’un vent d’aventure…
Du rire avant toute chose / Ciney 24e festival de théâtre wallon
Du 17 au 22 novembre 2014, Ciney - Festival de théâtre wallon Le festival de Ciney est devenu une institution. Organisation privée de feu Marcel Lambert, puis publique lorsque la commune prit le relais, il a enregistré sur une semaine près de 3.000 entrées dans la salle du Centre culturel de Ciney. Rappelons le principe : du lundi au vendredi, 5 troupes s'affrontent. Le samedi, une représentation de gala est organisée, qui met en scène les vainqueurs de l'édition précédente. Depuis l'an passé, il n'y a plus ni jury ni prix spéciaux. Un seul prix est attribué par les personnes qui ont pris un abonnement aux 6 soirées. Ce prix du Public est décerné au terme de la soirée de gala. Le public de Ciney demande à rire le plus possible. Seules, les comédies sont admises. Le rire, érigé en dogme absolu, donne lieu à des dérives parfois regrettables et empêche l'actrice ou l'acteur qui possède un registre plus large d'interprétation de se faire remarquer, si ce n'est à titre accessoire. * Le lundi, « Dolores » de Joëlle Delahaut et Philippe Decraux fut interprété par Les Soçons d' Loyi (Les amis de Loyers-Namur) qui assurèrent un bon spectacle, emmenés par Marie Ervinckx et Fabienne Devleeswouer, sans donner dans les excès. Li Tèyâte di Tchèsselèt, le mardi, joua « Au guéy Biscovitch » (au gai Pinson) de Christian Derycke. Les comédiens ne furent guère convaincants, malgré toute leur bonne volonté, en raison notamment d'un maquillage déficient. Les 4 portes du décor restaient ouvertes le plus souvent pour pallier les petits accrocs de mémoire mais les comédiens firent bien fonctionner les zygomatiques des spectateurs, ce qui leur valut beaucoup de clémence. Le mercredi, l'Amitié Sauvenièroise (wallon de Gembloux) joua « Des malaujîs-èfants » de Michel Robert. Encore une fois, le maquillage ne fut pas à la hauteur, la musique fut mal synchronisée mais le public s'enthousiasma pour ces vieux devenus mafieux qui ramènent brutalement à la raison et au repentir un jeune gangster. Le plus souvent, dans le feu de l'action du 3ème acte, ils firent abstraction des maux d'un âge avancé pour défendre la jeune infirmière au cœur (presque) pur. Le jeudi, on attendait la Compagnie royale Les Échos de Naninne qui avait triomphé deux fois à Ciney. Ils interprétèrent « Trwès c'èst d' trop » de Christian Derycke. On allait voir ce que l'on allait voir. Et l'on vit un marchand de chaussures criard et jouant la charge, (entraînant plusieurs acteurs dans les outrances, telle Tante Zulma, alerte et percutante, malgré ses 85 ans), des joueurs de tennis apparaissant au 2ème acte dans leur tenue de la veille, des adresses au public, des lancers dans ce public, des remerciements très appuyés au public après le spectacle et même la blague racontée entre copains au public par l'acteur principal. On ne peut plus directement quémander les points de la victoire. Ce fut un triomphe et l'on put titrer le lendemain que Naninne avait «sans doute vaincu». Pourtant, restait « Pyjama po sîh » de Camoletti par la Fraternité poussètoise de Remicourt, dans l'adaptation de Jean-Claude Derwa, pièce jouée le vendredi. Un très beau décor, une pièce où le jeu des acteurs put mettre en évidence les nuances d'interprétation, une belle mise en scène nous firent regretter que la troupe ne participe pas au GPRA, même si les comédiens eurent de petits problèmes de mémoire. Le samedi, au gala, en notre absence forcée, Les Gais Wallons du Grand Rochefort, vainqueurs en 2013, ne se montrèrent pas à la hauteur de l'attente dans « C'èst mi qu'èst maîsse » de Froido Ronveaux. Hélas, c'est déjà arrivé dans la désormais longue histoire du festival. Rideau donc sur cette 24e édition qui procura au public les vertus thérapeutiques du rire, à défaut de propulser le théâtre wallon vers les sommets.…
Naviguer dans les textes et relier les indices. Entretien avec Marion Sage
NDD: Peux-tu me parler des recherches que tu as menées en t’appuyant sur des archives? Marion Sage : La première archive avec laquelle j’ai été en contact était une danse d’Harald Kreutzberg, danseur d’expression d’Allemagne. Il dansait dans le film Paracelsus XX , où il jouait le rôle d’un saltimbanque qui divertit la population victime de la peste. Kreutzberg danse dans une taverne les yeux révulsés, il est meneur de transe. Cette danse m’a donné envie de faire un mémoire de master XX pour mieux connaître la danse d’expression allemande. C’est en étudiant cette esthétique que j’ai rencontré la dimension politique de la danse. Le film a été tourné en pleine guerre, moment où Kreutzberg, lié au régime nazi, en devient un ambassadeur XX . Après mes recherches pour le master, j’étais écœurée par l’implication d’un artiste dans des pouvoirs meurtriers et j’ai voulu faire une thèse XX sur les chorégraphes qui avaient fait le choix de quitter l’Allemagne nazie. Il s’agissait d’artistes avec des engagements politiques, pour la plu part communistes, mais aussi féministes, etc. Après des enquêtes, j’ai restreint l’étude aux parcours et esthétiques de Jean Weidt et de Julia Marcus. L’obtention d’un contrat doctoral à l’Université de Lille m’a permis d’enseigner et partager ces archives avec les étudiants et les étudiantes. La plupart étaient des archives non officielles. Par exemple, la voisine de Julia Marcus en banlieue parisienne, où elle avait habité les dernières années de sa vie, m’a donné accès à des albums et écrits de Julia Marcus. Comment la recherche académique et la recherche artistique s’articulent-elles dans ton travail? MS: Les archives que j’ai trouvées ne montraient pas le geste: des photographies, des textes, des articles de presse, des dessins, des sculptures, où tout était, a priori, immobile. Je n’avais pas la nostalgie de quelque chose qui n’était plus visible, ce qui m’intéressait c’était d’observer le potentiel de mouvement qui se dégageait de ces indices. Les trous dans ces histoires me poussaient à l’enquête. Grâce à ces «archives pauvres», car très abimées XX , je devais créer les liens, trouver des passages. Il n’y a rien de fascinant dans ces archives à première vue, il faut passer du temps à les observer pour que les choses émergent. Ces indices me permettaient de me mettre en mouvement. Quel chemin allais-je trouver pour réussir à faire bouger ces postures, ces gestes arrêtés dans les photographies? Il fallait que je trouve mes propres méthodes pour réussir à m’approcher du corps de Jean Weidt. Je devais naviguer dans les textes et relier les indices. J’ai vraiment été émue, mue par des textes, paroles qui ensemble faisaient bou ger les images. Les choses ne sont pas séparées, les témoignages d’époque n’ont pas été froids pour moi, je n’avais pas plus de fascination pour les images que pour les textes. Par exemple, le solo de Jean Weidt Une femme, qu’il danse dès 1925, est construit à partir de son observation dans la rue d’une vieille mendiante qui danse au son d’un tournedisque. Selon le témoignage : «C’était bouleversant, la manière dont elle dansait, le regard bas, avec peu de mouvements de bras, elle tournait en cercle sur elle-même. Et à la fin, la femme s’assit de nouveau sur le banc, prit sa gamelle et attendit ; elle attendait quoi?» XX . Cet extrait d’une citation de Weidt vient donner une tonalité à la photographie que j’ai de ce solo où il porte un masque. Sa posture est en fait un mouvement, il fait un tour sur lui-même. Cette interprétation devient possible grâce aux textes, aux témoignages. Les critiques négatives et péjoratives de l’époque m’ont aussi beaucoup aidée. En rejetant les danses, les critiques créent plein d’images: ils décrivent leurs sensations, ils font des comparaisons avec d’autres arts de l’époque, ce qui fait émerger tout un fond imaginaire. Sur quels autres outils t’es-tu appuyée pour passer des archives à la scène? MS: La méthode Feldenkrais m’a aidée à sentir les torsions propres à la danse de Jean Weidt ; par ces torsions j’avais le chemin et la précision pour aller dans les postures que je voyais sur les photographies. Ensuite, le Body-Mind Centering XX , en m’aidant à faire bouger les fluides internes, m’a permis de trouver l’élan de l’intérieur, de spatialiser le geste et d’éviter le danger de rester dans une représentation formelle. © Marion Sage, Marian del Valle, revue Nouvelles de Danse n°77, 1er trim 2020 Marion Sage est docteure en danse et chorégraphe. Elle s’intéresse à l’articulation entre des documents historiques, des témoignages oraux sur des problématiques politiques et contemporaines et leurs activations performatives. Elle enseigne à l’Université de Lille. Réalisé par Georg Wilhelm Pabst, sorti en Allemagne en 1943. Harald Kreutzberg joue le rôle de Patte de mouche. «L’art expressif d’Harald Kreutzberg. Étude d’un soliste allemand dans le contexte culturel et politique de l’Allemagne des années 1930-40». Voir www.danse.univparis8.fr Le 4 septembre 1937 il incarne la danse moderne allemande en représentant plusieurs solos au Théâtre des Champs-Élysées lors de la semaine allemande de l’Exposition internationale de Paris; dans les années 1940, il va danser pour remonter le « moral des troupes » allemandes. «Danses modernes de l’Allemagne à Paris: critiques de danses et danses critiques dans la France des années 30». Ce sont souvent des reproductions, des copies de photocopies; la perte de qualité entraîne parfois la disparition de certaines parties du corps. Jean Weidt, Auf der grossen Strassen, Jean Weidts Erinner ungen, d’après le script de la bande sonore réalisée par Marion Reinisch, Henschelverlag, Berlin, 1984, p. 1415. La praticienne de Feldenkrais Christine Gabard et la praticienne de Body-Mind Centering Louise Chardon ont accompagné le travail en transmettant leurs outils. Le spectacle Grand-Tétras créé à partir des archives de Jean Weidt sera présenté le 2 avril 2020 à la Raffinerie, à Bruxelles, dans le cadre…
Les jeunes et le theâtre wallon à Courcelles
Très engagé au sein de la Commission Hainuyère d'Animation et de Documentation du Wallon à l'Ecole (CHADWE), le cercle dramatique des « Comédiens de Sarty » de Courcelles attire depuis plus de 30 ans des jeunes désireux de s'exprimer et de pratiquer le wallon. Les concours de récitations wallonnes mis sur pied avec l'aide de quelques enseignants rassemblent chaque année de 80 à 100 participants heureux de se présenter sur scène. Ces concours ont donné l'idée à Marie-France Gilles et Jeannine Hansenne de mettre sur pied une troupe de jeunes comédiens (8 à13 ans) qu'elles ont appelée « Les Coupiches de Sarty ». Ceux-ci présentent chaque année un spectacle en public avec toujours autant de succès. Les jeunes comédiens ont grandi et arrivés à l'âge de 14 ans ont souhaité présenter des spectacles plus en rapport avec leur âge. Les responsables, auxquels s'était jointe Axelle Urbain, ont alors crée une troupe d'ados (14 à 18 ans) qu'elles ont appelée « Les Coqs d'Awousse de Sarty » qui ont déjà à leur actif de nombreux spectacles et qui participent chaque année au stage de formation organisé par l'UCW. * Les « Coqs d'Awousse » aspiraient bien sûr à rejoindre le cercle des « grands » ; les « Comédiens de Sarty » et c'est ainsi qu'ont intégré, même si, pour des raisons valables ils n'ont pas tous persévéré : Emilie Hansenne, Benjamin Sommeville, Christelle Lequeux, Johan Pétré, Benoît Neefs, Axelle Hirsoux ,Mélissa Duray, Simon et Amandine Hansenne, Ambre Francq, Wesley Mayence, Arnaud Thibaut, Marie Van de Pontseele, Logan Palmiero, Doria Sinte, Mélanie Ladrière ,Maureen Wuillot, Lydie Deblandre, Jade Havelange... ... en qui le cercle fonde de grands espoirs et grâce auxquels la relève semble assurée. * Actuellement les « Coupiches » sont 10 et les « Coqs d'Awousse » sont 8. Les responsables ont inscit leurs protégés : - au « Festival des Jeunes Myriam Bienvenu » qui aura lieu au centre Culturel de Gosselies le 1er mai 2015 ; - et aux « Captations » organisées par la RTBF et UCW en septembre 2015 en la salle du Trianon à Liège . Voyez dans la rubrique Images (ci-dessus) les photos des Coupiches et des Coqs d'Awousse, avec leurs responsables. Le comité de rédaction…