Strip est un livre-programme, presqu’au sens de logiciel, dans la mesure où le livre se confond matériellement avec le dispositif qu’il décrit : un strip-tease imaginé autour des jouets en papier proposé au début du siècle dernier qui permettait d’habiller des poupées de papier avec divers éléments de costume. Le livret est basé sur une anecdote, avérée ou non, rapportée par le dessinateur français Yves Chaland autour des personnages de Bécassine et de Tintin, attestant du caractère collectif de la création. Dans ce strip-tease, numéro de spectacle qui, à l’origine, relève typiquement du male gaze, la logique s’inverse pour dévoiler un enjeu qui ne se limite, en dernier ressort, qu’au domaine graphique, à travers l’anecdote de Chaland rapportée à la fin de l’ouvrage. Le verso de chaque page montre la silhouette de l’envers du vêtement qui a été retiré au moment de tourner la page, de sorte que le livre fait corps avec le système qu’il décrit, il fait corps avec le corps que le lecteur dépouille de ses vêtements, à chaque page tournée, à l’instar de la petite fille (oui, c’était très genré à l’époque) qui habille sa poupée de carton. Seul l’objet physique peut restituer l’expérience que ce livre propose.
Auteur et illustrateur de Strip
Vienne, 1907. Le peintre Gustav Klimt rend visite aux époux Bloch-Bauer. Ferdinand demande alors à Gustav de réaliser le portrait de sa femme, Adèle ; requête entraînant un flashback. Six ans auparavant, alors que Klimt essuyait des critiques acerbes au sujet de son œuvre La Médecine , il a rencontré ce couple, admirateur de son génie et dont la femme l’a prié de lui ouvrir les portes de son atelier. Au même moment, l’artiste recevait en rêve l’inspiration pour son prochain tableau. C’est par ce prisme que l’on entre dans l’univers de l’artiste : son atelier, ses modèles, sa mère, sa compagne, Émilie, mais aussi ses rêves, ses angoisses, ses sources d’inspiration en somme. L’histoire narrée en bande dessinée par Cornette et Marc-Renier est une tranche de vie, prétexte à l’évocation du peintre, de son style, de son époque et de l’avant-gardisme dont il y faisait preuve. L’idée est en effet plus de mettre en avant ses particularités que de réaliser sa biographie. Le récit est assez simple et aurait peu d’intérêt sans l’aspect « inspiré de faits réels », mais n’en est pas moins cohérent et bien rythmé.Les dessins sont soigneusement détaillés. Le rendu est classique, avec un crayonné assez fort accentuant les sujets principaux. Les travaux de Klimt évoqués sont réinterprétés plutôt que cités et le résultat est réussi et efficace : le redesign des œuvres permet une intégration fluide dans les cases tout en invitant à les découvrir sous un angle neuf.Le récit principal est suivi d’un court cahier didactique sur Gustav Klimt. Il complète la bande dessinée en développant quelques sujets qu’elle évoque. On y voit notamment des reproductions des œuvres évoquées dans l’album. Ainsi, le lecteur a à portée de main de quoi satisfaire sa curiosité, titillée par l’histoire racontée en images et phylactères.La bande dessinée Klimt est une introduction sympathique à l’œuvre de l’artiste. Les connaisseurs n’apprendront probablement pas grand-chose, là où les néophytes apprécieront l’accessibilité du propos et les informations proposées en fin d’ouvrage. Les visuels soignés plairont aux amateurs de bande dessinée traditionnelle, alors que l’histoire…