Auteur de Soleils rauques
Résolument hostile au tape-à-l'oeil, étrangère à toute pause narcissique, la poésie brûlante d'André Schmitz évoque la surface miroitante et faussement tranquille de ces mers intérieures dont les eaux révèlent, pris aux filets des rêves, les poissons issus des plus grandes profondeurs. Rare mais essentielle, cette œuvre s'ouvre à la lumière avec Pour l'amour du feu (1961), À voix double et jointe (1966), trouve les secrets de sa parole profonde avec Oiseaux, éclairs et autres instants (1977) et son point d'équilibre avec Une poignée de jours (1983).Contraction formelle née de l'économie des moyens et images inouïes reflétant la vie secrète des plus simples objets-signes, voici, pour André Schmitz, la source et la justification de toute poésie authentique. C'est donc par le refus du discours orné, la méfiance envers tout romantisme complaisant et la rigueur que Schmitz nous dévoile sa parole bouleversante. Sans doute cette poésie devient-elle fondamentalement attachante par son poids d'offrande, elle qui brûle de donner, de se donner, de partager, avec le lecteur attentif, le chant profond d'une émotion. On s'aperçoit d'ailleurs par quels renoncements et quels refus de la séduction le poète a dû passer afin de transmettre en toute pureté ces instants privilégiés dont la rareté et l'intensité désarmeraient un analyste à qui manquerait ce précieux frémissement spirituel sans lequel il n'est d'ailleurs pas de critique véritable.