Jean de Bosschère a cinquante deux ans quand paraît, en 1933, Satan l’Obscur, roman autobiographique « où l’érotisme, la poésie, la religion et le sublime voisinent » (Antonin Artaud). Dans Satan l’Obscur, il évoque sa double liaison, avec Douce et sa fille Fryne, qu’il a vécue de 1916 à 1922. La complexité de la situation, la richesse psychologique du roman témoignent d’un homme hanté par des souffrances aiguës. L’Obscur, Pierre Bioulx d’Ardennes, est un homme tourmenté, non par une impuissance radicale, mais par une difficulté qui le contraint aux caresses raffinées, aux rites d’éclairages favorables et de dénudements partiels. Fryne trouve bon l’amour physique que Pierre trouve mauvais parce qu’il ne s’y sent pas assuré. Il fuira cette amoureuse après avoir remporté une victoire. Douce lui avait demandé d’ouvrir le cœur de sa fille, et il y est parvenu, mais il refuse cette nouvelle situation. En la quittant, il éprouve de la joie : « Vengeance infernale d’un homme corrompu par les défaites de ses luttes impossibles. » Pierre, celui par qui le bonheur n’arrive pas, est peut-être le versant négatif de Bosschère. Il a recours à cette amplification morale du mal qui serait en lui, probablement pour éviter d’être nu.
Auteur de Satan l'obscur
Il se chuchote des histoiresQuand on écoute les feuillesLorsque le vent bousculeL'air de nos chansonsOn voit la lumière dans les yeuxEt les notes qui s'envolentIl se raconte des facétiesDu matin jusqu'au miroirPortés par les flotsLes sourires arrivent vers…
Après la guerre, Ange, le gardien de phare que tout le monde appelle Gueule cassée, guette depuis sa tour de pierre le retour de…
Éric Derkenne a fait du visage le théâtre de ses précises opérations.Jour après jour cerné de lignes ombrageuses, le siège du combat se disloque en de sombres cavités. Les yeux, les oreilles, les narines, la bouche sont autant de gouffres que l'artiste sonde inlassablement et qui emportent celui qui les scrute dans des tourbillons vertigineux. Les têtes prennent corps et dans ce bataillon de figures totémiques, chaque soldat se distingue grâce à une infinité de détails graphiques.Parti d'un bigbang de formes colorées et isolées dans l'espace, Éric Derkenne a mis en place au fil des ans une méthode précise et immuable, un réseau de circonvolutions de cercles et de serpentins qui envahit la feuille blanche, donnant naissance à d'énigmatiques portraits. Tel une « dentellière du stylo à bille », il s'est abîmé avec application dans ce lent ouvrage de tissage, d'entrelacement de lignes, ceignant sa propre image, par maints assauts répétés. À l'identité qui défaille, Éric Derkenne a répondu…