Elle sent les mots coller à elle comme du goudron.
Elle a appris à voir sans regarder, à rester impassible.
Pas de larmes. Elle sait reconnaître l’attitude de celui
qui s’approche et qui va mordre. Les yeux qui brillent
un peu. L’air détaché et content de soi.
Quelque chose en elle est devenu poisseux.
Elle suit les pointillés pour disparaître.
Est-ce un jeu ? Est-ce un choix ? Ou bien est-ce « comme ça » ? Anne Leloup hésite, cherche une réponse. L’illustratrice dit qu’elle sent assez vite que c’est bien… c’est ce qui convient. Après s’être imprégnée du texte qu’elle a lu, lu, relu et relu, elle s’en remet à sa main. À ses gestes selon les techniques qu’elle connaît et remet à l’épreuve par études successives. Le résultat, ce sont des courbes en droite ligne de ce qu’elle offrait déjà dans Le jardin en 1999 et qui font désormais sa patte, sa griffe ; entre CoBrA, art brut et art naïf.
On lui a dit gogol, on lui a dit tu fais pitié, on lui a dit pupute en rigolant.
Des formes creuses et pleines, monochromes et minimes,…