Qu'on me fiche la guerre


Il n’a plus de nom
c’est un spectre bleu
il s’avance il s’appelle
Robert Desnos
mais il aurait pu
s’appeler Villon trompe-la-mort
ou Nerval
trompe-la-vie
il s’avance c’est un déserteur de l’esprit bonjour la flamme
tu ne me brûles pas
tu me transportes Il est allé
au bout de tout
au bout de la mélancolie
au bout du souffle chacun de ses mots
est un rappel de feu
un retour de
présence devant le désastre des temps qu’on me donne à boire
durant toute la mort
qu’on me fiche la guerre Ainsi parle-t-il
celui qui sait
que son souffle traverse
la mort celui
qui s’abandonne
à jamais
en présence exaltée l’homme
à l’intonation turbulente l’homme
en drapeau rouge replié
sur sa dramaturgie douloureuse Il a ricoché
sur toutes ses vies
sentinelle
aux douces immensités un perpétuel amour
l’a porté transporté
déporté rien ne meurt la mort n’est pas vraie

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