[Rencontre]
Dans le paysage philosophique actuel, Isabelle Stengers poursuit la création d’un dispositif de pensée inédit interrogeant la production des sciences, l’invention d’une écologie des pratiques activant les savoirs des citoyens. De ses premiers travaux avec Prigogine (coup de tonnerre de La Nouvelle Alliance) à ses essais sur Whitehead, de L’Invention des sciences modernes au Temps des catastrophes. Résister à la barbarie qui vient, dans ses ouvrages avec Chertok, Tobie Nathan, Philippe Pignarre, Vinciane Depret…, aux côtés de Deleuze, Latour, Haraway, elle n’a cessé de proposer des mises en récit capables de faire exister d’autres possibles, dans un geste politique qui rompt avec la résignation.
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Véronique Bergen: Peux-tu développer ce qui t’a menée à construire une vision historienne des sciences branchées sur le social, à l’écart d’une part de l’épistémologie normative (vérité en soi, objectivité anhistorique) et d’autre…
Treize pratiques culturelles, trajectoires sociales et constructions identitaires
En quoi les pratiques culturelles peuvent-elles influencer des trajets de vie? Comment contribuent-elles à l'épanouissement individuel et collectif des individus? Quels nouveaux horizons leur ouvrent-elles? A partir de 13 témoignages de comédiens, musiciens, performeurs, danseuse, organisateur d'événements, photographe, animatrice, slameur, ..., issus de milieux très différents, les auteurs envisagent les relations existant entre pratiques culturelles, constructions identitaires et trajectoires sociales. Partant de ces portraits, deux chercheurs, Jacinthe Mazzocchetti (anthropologue) et Abraham Franssen (sociologue) analysent les différentes manières dont ces témoins se positionnent par rapport à leur univers d'origine et se sont bâti, au gré des rencontres et des pratiques, une identité propre et un trajet de vie librement choisi.L'analyse se poursuit sur les enjeux des politiques culturelles et de jeunesse. Elle aborde les rapports entretenus entre démocratie et culture à travers trois interprétations de cette dernière : "temple des grandes oeuvres", expression symbolique de notre rapport au monde ou champ de production? Cette recherche qualitative a été menée par le Service de la Jeunesse et des professionnels…
Le Voyage au bout de la nuit de Céline : roman de la subversion et subversion du roman
À propos du livre À travers les différents niveaux de sens que le texte romanesque du Voyage au bout de la nuit superpose, cet ouvrage serre de près le processus d'instauration du langage célinien, de la surface des mots à la totalité de la création. Transposant la rhétorique de l'argot en un formidable discours subversif, ce langage fonde l'identité symbolique de Bardamu, le héros-narrateur, mais aussi celle de Céline dans cette Nuit de l'écriture où, entre vécu et imaginaire, durée et Histoire, désir et néant, l'écrivain triomphe des discours sociaux de son temps par l'affirmation souveraine d'un style. Mythe romanesque du voyageur de la Nuit, hallucinant de vérité désespérée et de révolte ; mythe littéraire de l'écrivainargotier dont le propos embrasse dans sa revanche verbale toute la honte, toute la souffrance du Mal contemporain : deux niveaux de cette «écriture de la parole» qui entretiennent un subtil trompe-l'oeil entre le sens et la représentation. C'est dans ce travail que résident la modernité de Céline, son art réel d'écrivain comme sa compromission authentique de sujet face à la société et à l'Histoire. Cette étude est le fruit d'une technique magistrale et…
Textes établis et annotés par Victor Martin-Schmets Introduction de Henry de Paysac…