Petit frère

RÉSUMÉ

Petit frère, c’est un fait divers vu du côté du cœur : l’histoire de Yann dont le demi-frère, Pierrot, est assassiné d’une balle à bout portant après avoir rendu visite à sa fille Loum à qui il a laissé un cadeau bien encombrant.
Yann, pour protéger Loum, part sur les traces de ce frère si différent de lui et se laisse entraîner dans les milieux interlopes de la nuit et du grand banditisme.
Il glisse peu à peu d’un monde à l’autre, du chemin “droit” au chemin “tordu”, de son insensibilité première envers Pierrot à un puissant ressenti fraternel pour cette part de lui demeurée inconnue.
Dans ce passage d’un monde à l’autre réside l’essence de ce récit troué, parcellaire, comme sont à la mémoire les photos distribuées sur le miroir derrière la mère amnésique, comme est troué et parcellaire notre rapport au réel. C’est tout l’enjeu de ce texte de François Emmanuel (La question humaineAna et les ombres) qui emprunte aux codes du polar pour interroger l’humanité et les errances de l’affection.
Marc Desgranchamps se nourrit des archétypes du film noir des années soixante-dix, de Melville à Verneuil, et extrait du texte des images troublantes, pour en livrer un singulier story-board.

À PROPOS DE L'AUTEUR
François Emmanuel

Auteur de Petit frère

Le 3 septembre 1952 naît à Fleurus François Emmanuel Tirtiaux, qui en littérature ne gardera que ses prénoms, laissant à son frère Bernard et à ses romans rutilants comme des vitraux le nom de famille. La famille compte un autre écrivain, l'oncle, Henry Bauchau, son confrère à l'Académie. Il a toujours écrit, confie-t-il, mais ses premières vocations manifestes sont la médecine et le théâtre. Il se perfectionne dans la première discipline jusqu'à la spécialisation en psychiatrie, terminée en 1983. La passion du théâtre va jusqu'à interrompre cet apprentissage, puisqu'en 1981, il passe un an à Wroclaw, au théâtre laboratoire de Grotowski : c'est là que le premier livre commence à s'élaborer. La Nuit d'obsidienne s'appelle d'abord «Périple». Ce texte est donc antérieur aux premiers qu'il publiera, les poèmes de Femmes prodiges et le roman Retour à Satyah, paru en 1989. La Nuit d'obsidienne lui vaudra le prix triennal de la ville de Tournai en 1992, année où paraissent aussi ses nouvelles de Grain de peau, esquisse de ces «romans d'été» où l'auteur, comme le lui dit Yves Namur en l'accueillant à l'Académie, «se donne à être plus léger avec lui-même». Car pour quelques livres, cette différenciation été-hiver se vérifie. Ainsi se distinguent Le Tueur mélancolique, où un exécuteur des hautes œuvres se donne pour un «doux définitif» de La Partie d'échecs indiens, où un policier démissionnaire recherche un ancien partenaire de jeu jusqu'aux rives de l'océan Indien, ou de La Leçon de chant, où l'on sent en filigrane la démarche du psychiatre, métier que l'auteur exerce toujours en dirigeant le Club Antonin Artaud, centre alternatif fondé où la cure est fondée sur les activités artistiques. Le prix Rossel couronne en 1998 La Passion Savinsen, où deux amours interdites se tressent en une tragédie inscrite dans la seconde guerre mondiale. La même époque imprègne ce «récit bref, étrange, provocateur et rédoutable» qu'est, comme le dit Yves Namur, La Question humaine, où les menées de la grande entreprise capitaliste sont présentées comme parentes des méthodes concentrationnaires. Après La Chambre voisine, Le Sentiment du fleuve : cette fois, Yves Namur propose une autre différenciation. Le premier livre serait à classer «du côté de la mère», parce que le thème de la maison s'y impose; le second, «du côté du père» parce que thème de la transmission le domine. Cette «littérature du dévoilement, du clair-obscur» (Namur) rapproche évidemment l'auteur de la poésie, qu'il pratique par ailleurs, lui qui tient les poèmes «pour les seuls textes en suspension dans le vide».
NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

L’on sait François Emmanuel fin observateur des relations humaines ; qu’il s’agisse d’un couple ou d’une famille complète, il sonde les âmes et nous en rend compte avec une infinie subtilité. Ses personnages interagissent vivement avec le monde qui les entoure, en ressentent les contradictions, mettent à l’épreuve les limites des lois des hommes, de leur morale, et cette sensibilité les rapproche inexorablement de leurs semblables en proie aux tourments.Ici, il met en scène les semaines qui suivent l’assassinat de Pierrot, le grand frère de Yann et père de la jeune Loum qu’il laisse dépourvus. Ne leur avait-il pas donné des signes de ce qu’il se savait en grand danger, ne s’est-il pas offert aux balles qui ont criblé son…


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