Editio :
J’ai découvert Marc Meganck grâce à sa charmante épouse, Aurélie, alors que je lui confiais ma fascination – et ma profonde admiration – pour celles et ceux qui, par je ne sais quel miracle, parviennent à pondre un livre…
Soit des centaines de milliers de lettres, des dizaines de milliers de mots, des milliers de phrases et des centaines de paragraphes qui, mis bout à bout, dans une savante alchimie, captent – voire capturent – l’attention du lecteur ; le faisant passer par toutes les émotions possibles et imaginables, bien au-delà des ultimes trois lettres : fin.
Parce qu’il faut avoir vachement faim pour oser s’attaquer à une audience hypothétique – surtout à une époque où ouvrir un bouquin n’est paradoxalement plus à la page. Faim de recherches et d’archives, faim de fil rouge, faim de bons mots, de formulations et de rythme. Faim de questions et de réponses, de mise en sens, de mise en forme et de mise en lien. Faim d’exister, et, le Graal, faim de fin…
Marc Meganck est sans conteste arrivé à toutes ces faims, que, d’ailleurs, il n’a de cesse d’assouvir avec l’appétit d’un ogre, comme en témoigne une œuvre foisonnante.
Qu’il s’agisse de dépeindre Bruxelles, sa belle – où les pendus croisent les fugueuses, les “mercenaires de l’écriture”, les parias qui trompent énormément ; de traverser la Belgique, du Signal de Botrange à la mer du Nord, à bord d’une vieille Volvo 242 ; de faire fuir les touristes (et surtout leurs tongs) martelant un paradis perdu ; ou encore de partir en quête d’une lunette de WC perdue… Marc Meganck a acquis un talent insatiable, que je jalouse à deux mains : écrire à vue, tout en faisant mouche les yeux fermés.
Damien Lemaire
Une revue catholique au tournant du siècle : Durendal 1894-1919
À propos du livre (texte de l'Introduction) Lorsqu'on parcourt une histoire de la littérature belge de langue française, le chapitre consacré à cette époque particulièrement florissante, qui va de 1880 à la première guerre mondiale, frappe par l'éclosion soudaine de revues littéraires qui suivirent l'exemple de la Jeune Belgique. Dans la liste de ces revues plus ou moins éphémères, l'attention est attirée par la longévité surprenante de l'une d'elles, Durendal, revue catholique d'art et de littérature . Ce mensuel catholique parut pendant vingt ans, de 1894 à 1914, alors que la Jeune Belgique ne sortit de presse que durant seize années et que la Wallonie disparut au bout de sept ans. Quelle recette a donc permis à Durendal de garder si long-temps ses lecteurs? Et une seconde question vient à l'esprit : à quoi pouvait bien s'intéresser une revue littéraire catholique à un moment où la littérature catholique semble inexistante? Qui a fondé Durendal ? Quels étaient ses objectifs? Autant de questions sur lesquelles bien peu de critiques ou d'historiens littéraires se sont penchés. En faut-il davantage pour désirer examiner avec un peu d'attention cette revue et la sortir de l'oubli, comme ce fut fait autrefois pour la Jeune Belgique et la Wallonie ? C'est ce que nous allons essayer de faire : rechercher les origines de la revue, découvrir son but, analyser la manière dont elle l'atteignit et les raisons qui la maintinrent en vie au-delà de la durée moyenne d'existence des revues littéraires belges. Ce travail ne se veut pas exhaustif: beaucoup d'aspects devront malheureusement rester ignorés, principalement certains problèmes plus particulièrement artistiques qui sortent de nos compétences par leur caractère trop technique. Nous ne proposerons pas non plus, dans chaque chapitre, un relevé détaillé de tous les articles parus dans Durendal et traitant du sujet mais seulement les extraits les plus significatifs. La présentation typographique de la revue, son illustration de plus en plus abondante et le sommaire de chaque numéro ne nous paraissent pas mériter de longs développements. Il suffit de savoir qu'en 1894 chaque numéro comptait vingt pages, tandis que ce nombre…