L’Indien de la Gare du Nord

RÉSUMÉ

L’écrivain dans le ghetto de la culture. Un marginal qui rêve de victoire, un ectoplasme qui cherche son identité, un monstre travesti en honnête homme, un homme qu’on a contraint à la pitrerie. Une maison de tolérance : la littérature. L’Indien se rebelle, il fait de sa réserve un empire, de ses paroles des armes, et des jours vides l’éternité. L’Indien de la Gare du Nord, c’est un récit d’aventure, celui de la poésie quand elle se refuse à demeurer plus longtemps dans l’exil décoratif, rassurant, du musée de la culture ; c’est la rébellion de l’homme classé, répertorié, vidé jour à jour de son âme sauvage, comblé jour à jour de la boue des slogans, et qui fait le grand nettoyage en lui et autour de lui.

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L’Indien de la Gare du Nord
L'Indien de la Gare du Nord

Première édition
Éditeur : Belfond
Date : 1985
Format : Livre

L’Indien de la Gare du Nord
L’Indien de la Gare du Nord

Éditeur : L'age d'homme
Date : 2000 (réédition)
Format : Livre

COUPS DE CŒUR ET SÉLECTIONS
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jacques Crickillon

Auteur de L’Indien de la Gare du Nord

Jacques Crickillon naît à Bruxelles, le 13 septembre 1940. La date a, déjà, quelque chose de fatidique : né en pleine tourmente, le poète sera marqué à jamais par le sentiment tragique de l'existence. Il puisera dans cette expérience une révolte inextinguible, doublée d'une inlassable soif d'harmonie dont il comprendra qu'elle n'est accessible qu'au prix du courage intellectuel et de la volonté visionnaire. Il est, dès l'enfance, fasciné par l'aventure et par le voyage, et ce qu'il ne pourra longtemps assouvir que dans les livres, il le concrétisera à l'âge adulte. L'apprentissage de Crickillon est double, en effet. Il poursuit de longues études, se prépare d'abord au métier d'instituteur, puis accomplit le cycle de philologie romane à l'Université libre de Bruxelles. Très tôt, les lointains l'attirent, et différentes missions lui permettent de parcourir, parfois au cours de séjours prolongés, la planète. Peu d'écrivains ont pu accumuler aussi vite les expériences les plus diverses, qui l'auront mené en Afrique, d'Égypte au Zaïre, de l'Ouganda au Rwanda et au Burundi, et en Asie, notamment au Cambodge et au Népal. Un réservoir de choses vues va se constituer ainsi, à son insu peut-être, mais qui alimentera durablement son écriture. D'un côté, l'examen des textes, une étude approfondie de l'œuvre de Michaux notamment, tout ce que son bagage universitaire lui aura apporté (et qui lui permettra d'enseigner à l'Athénée de Schaerbeek, ainsi qu'au Conservatoire de Bruxelles); de l'autre des périples fondateurs : tout est en place pour qu'un écrivain prenne figure. Il y a aussi une rencontre décisive : celle de Ferry, sa femme, qui aura elle aussi mesuré les longues distances, puisque entre le moment où il la rencontre dans les auditoires de Faculté et celui où il l'épousera, en 1965, elle aura séjourné en Australie. L'éloignement forcé que cette séparation impose a plus que probablement été le déclencheur du processus d'écriture : le thème de la femme éloignée, interdite, de La Défendue comme l'indique le titre du premier recueil paru en 1968, fournit aux premiers textes du poète leur motif principal. Albert Ayguesparse avait accueilli ces poèmes initiaux dans la revue Marginales : ils s'imposèrent d'emblée par leur puissance d'inspiration, leur originalité de forme et leur intensité à l'attention des observateurs de la vie littéraire. Et la parution de La Défendue fut perçue comme la révélation éclatante d'un écrivain, surgi tout armé du silence, fort d'une thématique éminemment personnelle, d'une science de l'écriture forgée au voisinage des plus grands, et d'une perception du monde et de l'inscription de l'humain dans ce monde, d'entrée de jeu cosmique. Les lecteurs de ces pages, pour peu qu'il fussent attentifs, ont pu y percevoir, en filigrane parfois, ce que la vaste œuvre de Crickillon leur Trois recueils suivraient, à un rythme soutenu, portés par une même fièvre lyrique, mais aussi contrôlés par une égale maîtrise : L'Ombre du prince (1971), La Barrière blanche (1974) et La Guerre sainte (1975). Une tétralogie impressionnante, où l'imagerie luxuriante se déploie selon une prosodie ample et symphonique, aux rebours de l'écriture de plus en plus aphasique qui sévit dans ces années-là, impose Crickillon comme un auteur majeur, que couronne d'ailleurs en 1977 le Prix triennal de littérature réservé à la poésie. On assiste alors à une nouvelle orientation de l'imaginaire du poète (dans la mesure où il est permis de déterminer des époques dans un flux poétique qui se marque par sa continuité et sa constante pulsion). Une colère monte en lui, qui dépasse les questions individuelles de la solitude et de la fusion désirée pour englober une étrange prescience des menaces qui pèsent sur l'espace vital et sur le corps social. Ces inquiétudes sont perceptibles dans les textes de Région interdite et de Régions insoumises, tous deux de 1978, et culmineront dans Colonie de la mémoire (1979), dont on a pu dire à juste titre qu'il s'agissait d'un recueil-pivot, parce que l'arsenal du poète s'y enrichit d'une réflexion élargie sur l'entropie qui emporte le monde et l'humanité, et d'un regard critique sur les pouvoirs et les possibles de l'écriture. C'est le moment où Crickillon aborde aux rivages de la prose : cette incursion nouvelle, dont le premier exemple est constitué par les nouvelles de Supra-Coronada, lui vaut d'emblée le prix Rossel, qui lui est décerné en 1980. D'autres ensembles de récits virulents suivront, où l'auteur exalte, en l'élevant au niveau du lyrisme, un univers dont il a puisé les sources dans le roman noir et la littérature d'anticipation, deux domaines qu'il n'a jamais méprisés, et dont il mesure les pouvoirs d'élucidation du présent et de l'avenir. Cette pratique de la narration, qui ne trahit jamais les pouvoirs de la poésie, développe chez Crickillon une forme d'écriture duelle, dont témoignent aussi bien L'Indien de la gare du Nord (1985), imprécation dans les murs de la ville, que son roman Le Tueur birman (1987), où l'argument fictionnel est renforcé par la dynamique d'une langue sans cesse rechargée d'énergie. Depuis Grand Paradis et Sphère (1993), suivis de Neuf royaumes, Vide et voyageur, Ténébrées, Talisman, et jusqu'à ses superbes Élégies d'Évolène, l'ensemble constituant le cycle du Cercle que rien n'encercle, la poésie de Crickillon a pris une tournure plus radicalement philosophique. La fréquentation des penseurs orientaux, la recherche constante de l'élévation (qui se marque aussi par la passion qu'éprouve le poète pour la montagne et son inlassable exploration) confèrent à ses livres les plus récents une hauteur de vue, une pénétration lucide des mystères, un sens du sacré qui les dotent d'une réelle dimension initiatique. Ils marquent le provisoire aboutissement d'un itinéraire qui n'a jamais douté des moyens infinis de l'écriture inspirée. Jacques Crickillon a été élu à l'Académie royale de langue et de littérature françaises le 17 avril 1993. Jacques Crickillon est décédé en 2021.

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«  Il a réglé la course, est sorti en sifflotant et, sans se retourner, il a soulevé son chapeau en guise d’adieu  », telle est la dernière image qu’a laissée Soren. Nous sommes à Bordeaux, en novembre 2017, et ce musicien et producteur âgé de cinquante-huit ans a demandé au chauffeur de taxi de le déposer à l’entrée du Pont de pierre. Après, plus rien… plus de Soren. Qu’est-il advenu ? Le roman de Francis Dannemark et Véronique Biefnot s’ouvre sur cette disparition et met en récit plusieurs voix. Elles ont toutes connu Soren, de près ou de loin. Chacune d’elles plonge dans ses souvenirs, exhume des moments passés en sa compagnie, des instants de sa vie et, dans une polyphonie où les sonorités tantôt se répondent tantôt dissonent, elles livrent au lecteur une reconfiguration de ce mystérieux Soren, tentant de lui éclairer le mobile de son départ. Chacune y va de sa modulation. «  On dira Soren ceci, Soren cela.. on dit tant de choses, mais au fond, qu’est-ce qu’on sait ?  » Lire aussi : un extrait de  Soren disparu  La construction du roman joue sur un décalage entre temps de narration et temps de récit. Tandis que cette volatilisation du personnage principal orchestre les interventions des différents narrateurs – celui-là l’a appris par téléphone, l’autre en écoutant la radio, celui-ci l’annonce à son père, un autre encore y songe à partir d’une photo de chanteuse dans un magazine etc. –, les récits font appel à une mémoire narrative qui reconstruit, rend présente une antériorité qui parcourt la vie du disparu, de son enfance à cette nuit sur le pont. «  Un souvenir entraîne l’autre. Quand on commence, on n’en finirait plus…  »Cette temporalité se déploie dans une spatialité qui accroît le côté mémoriel des interventions. Le lecteur arpente un Bruxelles d’autrefois ; de l’auditoires de l’ULB au Monty, le piano-bar-cinéma d’Ixelles, près de Fernand Cocq, de la chaussée de Ninove au Mirano Continental, la capitale se fait le lieu de ce festival narratif. [L]es soirs où je glandais, on traînait ici ou là, au Styx, on attendait une heure du mat’, avant ça, rien de bien ne se passait nulle part. À pied la plupart du temps, on allait jusqu’à la Bourse, au Falstaff, à l’Archiduc…, on se faisait parfois refouler à l’entrée quand on était trop murgés ou trop nombreux, ou qu’un truc nous avait énervés, un film ou un bouquin, et que la discussion déraillait. On buvait du maitrank ou des half en half, ou rien, ça dépendait de qui payait la tournée, ensuite, on montait le nord, sous le viaduc, vers l’Ex, ou alors à la rue du Sel parfois.  Cent-douze récits rythment ce roman choral où la musique est omniprésente . Fitzgerald, Les Stranglers, Wire, Chet Baker, Branduardi, Kevin Ayers, Neil Young, … La compilation forme une constellation où luisent les traits saillants qui permettent d’appréhender, par fragments, le disparu, de retracer son parcours, avec, en fond, ces musiques qui résonnent et accompagnent la lecture.Le duo Biefnot-Dannemark, déjà connu pour La route des coquelicots (2015), Au tour de l’amour (2015), Kyrielle Blues (2016) et Place des ombres, après la brume (2017), offre un nouveau quatre mains avec Soren disparu . Un roman kaléidoscope où se font échos les témoins de la vie de Soren ; lesquels, dans l’exploration du pourquoi et du comment d’une perte, mettent en lumière le temps qui passe, la complexité de l’existence et sa fugacité.Une nuit, traversant un pont, Soren disparaît. Tour à tour producteur, musicien, organisateur de festivals, cet homme multiple n'a eu de cesse d'arpenter le monde de la musique. Pour percer le mystère de sa disparition, une centaine de témoins…

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