Quelqu’un vient épier, un fantôme, un fantasme? Martine Rouhart vient d’écrire une nouvelle qui joue subtilement de la fiction, du rêve éveillé.
L’Inconnu dans le jardin est sans doute une psychanalyse qui ne dit pas son nom (avec même la figure du père), « ce fantôme dans mon jardin », une manière de « Théodore », issu d’un roman précédent ? Sans doute.
Prégnante figure, le personnage a envahi l’ordinateur de la narratrice : l’inconnu hante les vies, traverse les jardins, laisse l’auteure désemparée. »
— Philippe Leuckx
Dans un phrasé poétique, l’Inconnu dans le jardin tient le registre éclairé des glanes, essentiellement nocturnes, que dictent de longues périodes de veille, d’insomnie et de songerie.
[…]
Diligentée par une écriture mitoyenne de la fable et de la poésie, l’autrice invite son lecteur à partager en sa compagnie le plus sensible – et peut-être le plus complexe de son univers.
— Michel Joiret, extraits de la préface
Auteur de L’inconnu dans le jardin
L’inconnu dans le jardin héberge la perspective d’une rencontre entre une écrivaine de soixante-huit ans, qui a choisi son jardin pour muse, et une forme obscure, s’adossant au tronc d’un érable durant les insomnies de la narratrice. Ce jardin, « entre le visible et l’invisible », conditionne le regard de l’autrice : les animaux et végétaux qui le peuplent ne traversent pas son champ de vision et, pourtant, elle les sait présents, « en espoir de quelque chose ». Sensible à cette fausse absence, elle se laisse donc envahir par cette ombre, ce prétendu inconnu, aux apparitions irrégulières, qui finit par peupler sa pensée diurne.À la manière d’un carnet de bord, se succèdent ces journées en…
Mon jardin des plantes : poèmes et photographies
Jan BAETENS et Marie-Françoise PLISSART , Mon jardin des plantes : poèmes et photographies , Impressions nouvelles, 2024, 136 p., 18 € / ePub : 7,99 € , ISBN :978-2-39070-145-3 Jan Baetens (1957) est l’auteur de vingt recueils de poésie, dont récemment Après, depuis (2021, prix Maurice Carême de poésie 2023 ) et Tant et tant (2022). Styles et thèmes de ses livres varient mais leur point de départ est toujours le même : la vie quotidienne repensée par l’art et la littérature. Auteur de nombreuses études sur les rapports entre textes et images, dont Le roman-photo (avec Clémentine Mélois) ou Adaptation et bande dessinée : éloge de la fidélité , dans son essai Illustrer Proust , il présentait et discutait les réponses successives données depuis plus d’un siècle par les artistes et leurs éditeurs au désir et à la difficulté d’illustrer Proust. Il a publié le remix d’une collection privée de ciné-romans-photos, Une fille comme toi (2020) et un essai contre l’oralisation de la poésie : À voix haute. Poésie et lecture publique (2016). Marie-Françoise Plissart (1954) est l’une des figures majeures de la photographie belge. Comme Baetens, elle s’est intéressée très tôt aux rapports entre un texte et une image, réalisant avec Benoît Peeters le livre Correspondance (Yellow Now, 1981), début d’une bibliographie abondante. Photographe free-lance depuis 1987, elle a réalisé de nombreux travaux dans de multiples domaines tels que l’architecture, le théâtre, le portrait et l’illustration. Ses photographies ont été notamment exposées à Bruxelles, Liège, Paris, Genève, Amsterdam, La Haye, Rotterdam, Berlin et Vienne. Elle est aussi une vidéaste captivée par l’exploration du tissu urbain et par ses transformations. Texte et image entretiennent une relation complexe, souvent de dépendance, sauf dans le cas où sa polysémie et celle du poème se superposent en échos infiniment répercutés et ouverts , comme dans l’effet-miroir. Mon jardin des plantes : poèmes et photographies est une composition photo-textuelle à quatre mains avec pour thèmes l’eau et l’arbre et une approche des coïncidences des contraires, qui culmine dans le magnifique effet-miroir de la photo du Parc royal de Bruxelles (M.F. Plissart, 2011). Ce concept de l’effet-miroir est présent dans toute l’anthropologie culturelle et symbolique : il nous met en présence d’une perception, d’une imagination ou d’une croyance en une surexistence par rapport au monde donné, qui n’est ni un irréel ni un délire. Une conscience d’un mode spécifique s’y fait jour, celui d’une apparition ou d’une épiphanie, sous forme de synchronicités, de dévoilements, de rencontres avec un au-delà du visible. Ce non visible ouvre sur l’expérience du sacré, en tant que celui-ci fait surgir dans notre sensibilité ou nos représentations un plan d’inaccessibilité ; on ne peut l’instrumentaliser, il est un inter-dit. Comment rendre compte de ces catégories si souvent associées, d’invisible, de secret et de sacré ? Comment permettent-elles de structurer et de comprendre une part d’ombre de notre expérience du monde et des autres ? L’art est une voie d’accès à cette sur-réalité : Johannes Vermeer, « Vue de Delft »Soustraire sans rien perdre, pour la beauté du geste, puis additionner en vue de la sainte multiplication, chaque chose à sa place, puis proliférant jusqu’à occuper une autre place dans l’eau,qui l’amène à d’autres négoces et trafics encore. Converti en brique et azur, le nombre d’or Garde ses droits, unissant pour mieux régner. Le livre est composé de sept « chapitres » : les poèmes et les photographies offrent une relation de miroir, non d’illustration. L’eau a toujours été l’un des éléments les plus efficaces pour équilibrer le corps et l’âme : elle est le signe d’un éveil spirituel, permettant de lâcher prise. L’arbre est un symbole de vie et de verticalité incarnant le caractère cyclique de l’évolution cosmique. Tous deux offrent une dialectique entre permanence et métamorphose. Ainsi au fil des poèmes, le lecteur est invité à considérer le proche et le lointain, le connu et l’inconnu, le quotidien et l’indéfinissable, le simple et le complexe, motifs qui se déclinent aussi par miroitements en ceux du voyage, de la perte des repères, des relations inattendues entre topos et tempus, nature et culture, à la recherche de l’unité originelle :[…] Lentement le sens se dépouille des mots qui l’emportent, Elle dit que le jardin se fait son havre. […] Enfin la main qui crée l’objet qu’elle touche, Qui aide à défaire sans peur l’articulation du monde, À ne plus nous lamenter que les choses parlent à notre place. L’amour du trivial est figure de…
Maud JOIRET , Marées vaches , Castor Astral, coll. « Poche / poésie », 2023, 9,90 € , ISBN : 979-10-278-0365-1…
Les poètes ne manquent pas, dans ce pays sans étoiles. Mais tous n’ont pas le même pouvoir d’évocation. Il…