Les visages de l'amour

À PROPOS DE L'AUTEUR
Georges Rency

Auteur de Les visages de l'amour

BIOGRAPHIE

Georges Rency (nom de plume d'Albert Stassart) naît à Bruxelles le 22 novembre 1875 dans une famille de la bourgeoisie aisée. Après ses études moyennes dans un grand collège bruxellois, il doit choisir une carrière. Son père voudrait qu'il opte pour le droit; mais peu fait pour les arguties juridiques, il refuse obstinément d'accéder à ce désir. Les vivres alors lui sont coupés. Il est invité à subvenir lui-même à ses besoins. Il le fait, apparemment, sans peine. En 1899, il conquiert à l'Université libre de Bruxelles le titre de docteur en philosophie et lettres (groupe philologie classique) : c'est que depuis plusieurs années il est habité par le démon des lettres. Lacomblez n'a-t-il pas publié en 1895 le recueil Vie, poèmes qu'il condamne par la suite? Il s'est lié d'amitié avec Henri Vandeputte; ensemble, ils publient dans la collection du Coq rouge un volume de vers et de prose : Les Heures harmonieuses (1897). Mais le véritable début de Rency se situe en 1898. Balat édite son roman : Madeleine, précédé d'une épître à Paul Adam sur l'émotion d'art. Ce récit résolument polémique peut surprendre sous la plume du futur ami et biographe de Lemonnier et d'Eekhoud. On y découvre l'engagement qui sera le sien au cours d'une longue carrière : faisant fi des écoles et des théories, il s'oppose résolument aux doctrines du Symbolisme qui dominent alors l'horizon. Il rejette de même les exigences de l'art social fermement défendues par Picard et L'Art moderne. Adam n'a-t-il pas écrit que l'œuvre d'art doit inscrire un dogme dans un symbole? Rency arguë : «Je ne dis pas qu'une œuvre d'art ne puisse avoir, parmi ses conséquences, celle de déterminer une pensée dans le cerveau de celui qui lit, qui écoute, qui contemple; (...) l'œuvre d'art ne peut pas avoir pour but ou pour intention l'unique émotion de pensée.»

La littérature ne nourrit pas son homme. Rency, comme tant d'autres, doit exercer une seconde profession. Son diplôme le conduit vers l'enseignement. Il est envoyé à l'Athénée royal de Tongres, comme maître d'études. C'est la petite province qui l'éloigne du centre des luttes littéraires, avec son complément obligé : pension de famille. Heureusement, cet exil n'est pas de longue durée. Anvers l'accueille bientôt en qualité de professeur : il y a l'occasion d'entrer en contact étroit avec Max Elskamp, mais la métropole lui est une étape précaire. Muté à Huy, il s'y morfond jusqu'en 1901. On le voit, son parcours ne lui ménage en trois ans que peu de haltes, également décevantes. Après un séjour de quelque deux ans dans la cité mosane, il va enseigner à Namur; en 1904, il peut enfin rejoindre Bruxelles où, pendant près de trente ans, il dispensera son enseignement dans l'établissement un peu morose de la rue du Chêne, où Fernand Severin vient le rejoindre en 1905. Ceux qui l'y ont connu vantaient sa ponctualité, sa serviabilité, l'accueil qu'il réservait aux jeunes auxquels il prodiguait ses conseils.

En 1934 il est promu, avec son collègue et traducteur Cyriel De Baere, futur secrétaire perpétuel de l'Académie flamande, inspecteur linguistique de l'enseignement moyen et normal. Cette tâche écrasante ne l'empêche pas de pratiquer tous les genres. Après Madeleine, viennent L'Aïeule (1902), les Contes de la hulotte, Le jardin des images (1929) et surtout les proses lyriques Chimères (1928), où il renonce à la position qu'il a adoptée dans sa lettre à Paul Adam. On a dit que ce volume, orné de bois de Marguerite Collet-Carcano, était du Symbolisme décanté, clarifié. Il faut signaler les biographies des auteurs auxquels il était lié : Georges Eekhoud (1942), Camille Lemonnier (1944), son étude Albert, roi des Belges (1924). Mais c'est surtout l'essayiste qui s'impose : outre sa collaboration au Soir, on retiendra son rez-de-chaussée hebdomadaire et sa chronique théâtrale dans L'Indépendance belge. Nombre de ces écrits ont été recueillis en volumes : Physionomies littéraires (1907), Propos de littérature (1912), Les Livres et la vie (1941). Si l'on parcourt 1a table des matières de ces livres, on observe qu'il a commenté, outre certains auteurs étrangers (Maurice Barrès, Charles-Louis Philippe, Victor Hugo, Gœthe, Dostoievski) tous nos écrivains de valeur : Verhaeren, Rodenbach, Gilkin, Maeterlinck, Krains.

En 1944, la Renaissance du Livre réunit cinq pièces dont La Dernière Victoire (1921), qui sera souvent reprise par des troupes de professionnels et d'amateurs. Mais ce qui vaut à Rency l'estime de ses confrères, c'est surtout son talent d'animateur. Il n'a pas vingt ans (1894) lorsqu'il fonde avec Arthur Toisoul Stella qui s'assure de précieuses collaborations : Van Lerberghe (avec lequel il fonde le comité Zola), Lemonnier, Verhaeren, Nautet. Mais l'argent fait bientôt défaut et le périodique doit se saborder; le combat qu'il mène est repris par L'art jeune qui, à son tour, fusionne avec Le Coq rouge. En 1906, l'esthète un peu nonchalant Edmond De Bruyn lui demande de reprendre la direction de Samedi : il accepte la charge avant de créer sa propre revue, La Vie intellectuelle, qui aura une existence durable et où se retrouveront nombre de ses amis. Il y adjoint une maison d'édition qui publiera (prémonition?) l'œuvre d'Albert Giraud et les premiers recueils de Robert Vivier. Il est appelé par Octave Maus à reprendre le relais au secrétariat général de l'Association des écrivains belges (1905). Il donne à ce groupement, qu'il présidera de 1934 à sa mort, un vigoureux essor. Avec Henri Liebrecht, il revoit l'Histoire illustrée de la littérature belge de langue française de ce dernier (1925 et 1931). En 1940, il publie un volume autobiographique : Souvenirs de ma vie littéraire.

Pendant de longues années, il plaide pour la création d'une académie des lettres belges, puisque ses confrères de langue flamande ont la leur. Il n'est que juste que la Compagnie l'accueille dans son sein. Elle l'élit le 12 avril 1930 au fauteuil d'Albert Giraud. Georges Rency est mort à Woluwé-Saint-Lambert le 24 septembre 1951.


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