À vrai dire, ce n’est pas au Palais Royal que Léa exerçait la fonction de dame de cour. En fait, elle officiait dans les toilettes de la gare centrale. Mais Léa ne se résoudrait jamais à se qualifier de « Madame pipi » et elle préférait de loin « dame de cour » à « agent d’entretien de lieu d’aisance ».
Léa est une femme courageuse. Voilà bien longtemps qu’elle s’est résignée à son humble destin. Elle menait une vie sans histoires jusqu’à ce fameux jour. Gaby, de la gare du Midi, lui en avait parlé. Mais Léa ne l’avait pas écoutée. Et si, pour une fois, Gaby avait raison…
Après cette incursion du fantastique dans les sous-sols de la gare centrale, Philippe Baudot nous propose Chez Jeanine et La Baleine du Vismet, deux histoires de femmes qui ne sont pas du genre à s’en laisser conter. Le tout généreusement assaisonné, comme il se doit, à la sauce bruxelloise.
Monsieur Satie : L'homme qui avait un petit piano dans la tête
Pour découvrir l'oeuvre d'Erik Satie à travers une histoire et des extraits des plus célèbres pièces du compositeur. Mélancolique et triste à souhait, cet album-CD n’en est pas moins magnifique. Parler d’Erik Satie - le solitaire, le marginal, l’excentrique souvent incompris -impliquait un ton décalé, gentiment moqueur et grinçant, que rend très bien la voix du récitant François Morel (qui doit sa célébrité, rappelons-le, à l’émission télévisée des Deschiens sur Canal +). Ce n’est pas une araignée au plafond mais juste un petit piano que Monsieur Satie a dans la tête. Les notes de musique y trottent, y vagabondent sans relâche. Il est audacieux, anticonformiste, se moque du wagnérisme et des vaniteux. De son cœur s’échappent des mélodies simples pour rêveurs et poètes, un public qui lui ressemble. « Monsieur Satie parle parfois à la lune. » Et parfois aussi, « Monsieur Satie met son smoking pour écrire une partition. » Il compose, explore, mélange les genres au risque d’être méprisé. Certains l’admirent cependant, comme Cocteau ou Picasso. L’illustratrice Elodie Nouhen évoque bien l’esprit des surréalistes et la solitude du petit monsieur perdu dans le tourbillon des notes. Touches de piano, métronome, partitions…sont surdimensionnés par rapport au musicien qui ne semble pas plus haut que trois chapeaux. Ce que Raymond Lulle appelait « la tristesse par surabondance de pensée » s’applique…
Luc DELLISSE , Bien fait pour moi , Herbe qui tremble, 2025, 134 p., 16 € , ISBN : 9782491462963 Des…