RÉSUMÉ

« Voyage en Oïlie » est un projet d’écriture semi-collective destiné à mettre en valeur les langues minoritaires du domaine d’oïl et les cultures dont elles sont l’expression.Une quinzaine d’auteurs et d’associations ont été sollicités pour écrire les épisodes successifs d’une seule et même histoire: le voyage de Pauline et Jonathan dans les régions de langue d’oïl à la recherche du « mot perdu ».

  lire la suite sur  Service du Livre Luxembourgeois

À PROPOS DE L'AUTEUR
Jacques Warnier
Auteur de Le Voyage en Oïlie
Jacques Warnier est un auteur wallon. Instituteur de formation, il a été, de 2012 à 2023, chargé de mission à l’échevinat de l’Instruction publique de la Ville de Liège, où il a développé un projet d’animation en langue et culture wallonnes. Il a animé les émissions dialectales radio de la RTBF de février 1999 à avril 2022. Son parcours par rapport à la langue  wallonne a commencé par le théâtre au tout début des années 80. Il a été comédien, metteur en scène, mais a également écrit assez bien pour le théâtre. Il est auteur de textes pour enfants. Il a écrit des textes de chansons et également un peu de poésie et de prose. Ses écrits lui ont valu plusieurs prix.
Jacqueline Boitte
Auteur de Le Voyage en Oïlie
Régente littéraire de formation, elle a enseigné le français, l'histoire et la morale. Comédienne depuis 50 ans en langue régionale et en français. Actuellement membre du " Studio Théâtre de La Louvière", créé par Jean Louvet. Jacqueline Boitte est donc d'abord une femme de théâtre : metteur en scène, interprète, elle n'hésite pas à écrire en wallon du Centre des œuvres qui lui ont valu, ainsi qu'aux troupes qui les ont jouées, plusieurs prix importants. Très vite, elle s'est aussi tournée vers d'autres genres littéraires, comme la prose et la poésie, en étant régulièrement publiée dans la revue "El Mouchon d'Aunia", organe de l'Association Littéraire "Lès scriveûs du Cente". Elle a également participé à de nombreuses émissions de radio et de télévision.
Annie Rak
Auteur de Le Voyage en Oïlie
Licenciée en droit et premier prix en art dramatique et déclamation au Conservatoire de Mons, Annie Rak est entrée au centre radio RTBF Mons il y a quelques 17 ans, avec le but secret de faire connaître les poètes et romanciers de la Communauté française. Son émission 'Façon d'écrire, façon de parler' est à ce jour la dernière du genre. Pour la 6è année consécutive, elle reprend son concours 'Une auteur, Une voix', concours de poésie (anonyme) suivi d'un concours d'interprétation des 20 textes primés. 'Façon d'écrire, façon de parler' est diffusé le lundi de 20h à 22h sur la Première.
Roland Thibeau
Auteur de Le Voyage en Oïlie
Né en 1948, Roland Thibeau est diplômé de l'IAD en mise en scène de théâtre. Il écrit pour la radio : des séries ("Les contes du père Turbé", "Fréquences modulées" etc.), des feuilletons ("La griffe de Wang Hoo", "Les Feignarts", etc.), des énigmes policières ('L'enquête est à vous'..), des chroniques (les rues, carnet de bal, etc.), des biographies (La Callas, Van Gogh, etc.), des œuvres plus personnelles ('Une vie', 'La digue', etc.). Metteur en ondes, il a servi des auteurs comme Françoise Lison, Charles Bertin, et d'autres.. Comédien de radio, il a prêté sa voix à de multiples réalisations ("Le commando des pièces-à-trous" de Pierre Coran, etc.). Il reçoit le Prix de la Création radiophonique de la SACD - 2000, le Prix 2003 de langue régionale (œuvres dramatiques) de la Communauté française. Il enseigne la réalisation radiophonique à l'IHECS (Institut des Hautes Etudes en Communications Sociales), à Bruxelles.
Roger Nicolas
Auteur de Le Voyage en Oïlie
Roger Nicolas est né à Libramont le 11 novembre 1960. Il habite actuellement Sugny. Après des Humanités en sciences économiques, et un certificat de capacité en sylviculture, Roger Nicolas est devenu agent forestier à la Division Nature et Forêt du Ministère de la Région wallonne depuis 1982, Chef de brigade depuis 1988.

AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:xfirstword - "Le Voyage en Oïlie"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 16383 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Li Rantoele - n° 89 - 2-2019, Printemps - Bontins 2019

Sommaire • Loumoumba et mi, II par Christiane Blanjean • Mins pocwè l’ voeyeut on voltî? par Pablo Sarachaga • Pign-ponk…

Le Retour des escargots

Le Retour des escargots «À l’enterrement d’une feuille morte, deux…

Bokèts po l’ dêrène chîje : Poèmes pour l’ultime veillée

Peu de temps avant son décès, le grand écrivain wallonophone Émile Gilliard avait transmis à son éditeur les épreuves corrigées de Bokèts po l’ dêrène chîje . La première édition de cette œuvre — une édition artisanale en 50 exemplaires, aujourd’hui introuvable — lui avait valu le prix triennal de Poésie en langue régionale de la Fédération Wallonie-Bruxelles 2005 et était vue comme un incontournable de sa bibliographie. Sa réédition dans une collection de plus large diffusion et avec des adaptations françaises est donc une initiative bienvenue.  Si cette réédition fait œuvre de justice en permettant à la poésie d’Émile Gilliard d’atteindre des lecteurs qu’elle n’a jamais pu toucher auparavant, soulignons qu’elle fait aussi œuvre utile. En effet, elle fournit aux amateurs une réalisation exemplaire, témoin de la richesse du wallon sous la plume d’un auteur qui le possède pleinement, mais aussi des voies audacieuses empruntées par la poésie d’expression régionale depuis le milieu du 20e siècle.Émile Gilliard est en effet un héritier de la « génération 48 », qui a renouvelé cette poésie par la recherche de formes nouvelles et l’exploration de thèmes actuels. Ces jeunes poètes et leurs continuateurs visaient l’universalité, à travers des œuvres qui ne reniaient en rien leur attachement à leur région ni leurs origines souvent modestes.Dans Bokèts po l’ dêrène chîje , Émile Gilliard applique fidèlement ces principes, suivant une route d’abord tracée par Jean Guillaume, son maitre en poésie. Écrites dans les années qui ont suivi son départ à la retraite, les trois séries qui composent ce recueil explorent le regret lié au temps perdu, l’amertume d’avoir dû travailler pour d’autres, la fatigue physique et mentale… Au fil des poèmes, le lecteur découvre une langue particulièrement souple, riche d’adjectifs aptes à traduire, par exemple, les nuances de ce dernier sentiment : nauji [ « lassé » ], scrandi [ « fatigué » ], nanti [ « exténué » ], odé [ « lassé » ], skèté mwârt [ « éreinté » ]…Par endroits, le poète renoue avec la colère qui s’exprimait à plein dans certaines œuvres précédentes ( Vias d’mârs´ en 1961 , Come dès gayes su on baston en 1979) : ’L âront scroté nos tëresèt nos cinses èt nos bwès,à p’tits côps, à p’tits brûts,[…] come dès fougnantsk’on wèt todis trop taurdcand leû jèsse a stî fêteèt k’ tot-à-fêt a stî cauvelé. Dès-ans èt dès razansk’on a cauzu ovré d’zos mêsse,[…] dissus nos prôpès tëres. [Ils auront dérobé nos terres, / fermes et forêts, / peu à peu, sans fracas, / (…) comme des taupes / qu’on détecte toujours trop tard, / quand elles ont accompli leurs méfaits / et qu’elles ont tout creusé. // Une éternité / qu’on a quasi œuvré / sous tutelle, / (…) sur nos propres terres.] Ailleurs, il reprend les questionnements d’ordre métaphysique qui traversaient À ipe , cette autre œuvre importante, rééditée dans la collection micRomania en 2021. Èt si nosse bole âréve bukéconte one sitwale ? […] Èt nos-ôtes bèrôderèt r’nachî à non-syinceaprès l’ dêrène ruwale ? [Et si notre globe / avait cogné une étoile ? (…) // Nous aurions erré, / cherché inutilement / une ultime issue ?] Ces deux veines majeures de l’œuvre gilliardienne — le questionnement sur l’homme et son environnement, la défiance envers l’exploiteur, en communion avec tous les exploités — trouvent un point de rencontre dans les pages les plus fortes du recueil. C’est alors la métaphore de la maison qui exprime la détresse du « je » (non, du « dji » ) face aux communs massacrés au bénéfice de quelques-uns. ’L ont rauyî djustotes lès pîres dissotéyesèt lès tchèssî au lon,à gros moncias.Èt c’èst cauzucome s’il ârén´ ieû v’luchwarchî è vike,chwarchî è m’ pia.Come si l’ maujoneâréve ieû stîon niër, on burton d’ mès-oûchas. [Ils ont arraché / toutes les pierres descellées / et les entasser au loin, / et c’est quasi comme / s’ils avaient voulu / m’écorcher vif, / charcuter ma peau, / comme si la maison eût été un nerf, / un moignon de mes os.] De manière plus explicite, Émile Gilliard fait le lien avec le désastre écologique dans le poème d’épilogue, écrit spécialement en vue de cette deuxième édition. Vêrè ként’fîye on djoûki l’eûwe ni gotinerè pus wêre foû dès sourdants.On s’ capougnerè po sayî d’ ramouyî sès lèpes.Vêrè ki l’ têre toûnerè à trîs et tot flani,ki nos maujones si staureront su nos djoûs,èt nosse lingadje ni pus rén volu dîre. [Peut-être viendra-t-il un jour / où l’eau filtrera à peine de la source. / On s’empoignera pour se rafraîchir les lèvres. / Une terre stérile fera flétrir les plantes. / Notre maison s’écrasera sur nos jours, / et notre langue n’aura plus de sens.] Au possible effondrement des équilibres naturels fait écho ici celui d’une langue. Bokèts po l’ dêrène chîje est aussi traversé des préoccupations d’un homme qui a donné tous ses loisirs à la langue wallonne et laisse parfois libre cours à son pessimisme : « po ç’ k’il è d’meûre : / on batch di cindes èt dès spiyûres, / sacants scrabîyes / k’on îrè cheûre èt staurer sul pî-sinte » [ « pour ce qu’il en reste : / un bac de cendres, des déchets, / des escarbilles / à secouer et à répandre sur le sentier » ]Et c’est en cela que cette réédition prend une valeur supplémentaire : en redonnant à lire des poèmes qui ne taisent pas son sentiment de lassitude et d’isolement, elle nous rappelle que leur auteur a toujours su le dépasser. Émile Gilliard, en effet, n’a jamais cessé d’écrire dans sa langue première et a consacré ses dernières années à d’importants travaux philologiques. Ce livre prend donc, en creux, la valeur d’une ode à sa résilience et à son formidable engagement. Julien Noël Les traductions offertes ici sont les adaptations littéraires de l’auteur. Plus d’information Ce tryptique a été publié artisanalement, en wallon, à compte d'auteur, en tirage restreint, en 2004. Le dernier volet Crèchinces a également fait l'objet d'un numéro des Cahiers wallons . La présente édition est assortie d'une adaptation en langue française. L'ordre des textes comporte des modifications et un poème d'épilogue résume l'esprit du recueil. L'actuelle situation du monde donne à ces poèmes un reflet d'authenticité. Y pointent heureusement des germes d'espérance et de lumière. Le dilemme reste présent : d'un côté, l'appât du gain, du plaisir, du soi-disant progrès, le manque d'amour d'autrui, de l'autre, le respect de l'humanité, de la nature, du climat. L'humanisme triomphera-t-il d'un matérialisme borné dans lequel notre civilisation peine…