Le malentendu du deuxième sexe


RÉSUMÉ

« Il est grand temps de manquer de respect à Simone de Beauvoir ; il est grand temps de profaner Le Deuxième Sexe. » C’est une femme qui parle ici. Elle montre qu’avant même d’avoir commencé son livre, S. de Beauvoir avait pratiquement pris parti contre le Féminin. A l’égard des différences entre l’homme et la femme, sa position est double. Il y a celles qu’elle conteste — en fait toutes celles qui ne sont pas incontestables — et qu’elle déclare purement historiques, c’est-à-dire artificielles et aliénantes. Et il y a les autres, celles que l’on ne peut récuser (les différences génitales, par exemple), dont elle ne veut retenir que le contexte culturel. En réalité — mis à part quelques sursauts de défense où elle en vient à se contredire —, sa dépendance par rapport à la pensée de Sartre, imprégnée de la gnose, l’amène à définir une sexualité à structure sadique, qui s’accompagne d’aversion envers la chair et développe un érotisme d’abjection et de séparation. Mais les relations entre les sexes sont-elles seulement fondées sur l’hostilité des consciences ; répondent-elles seulement à une dialectique d’agressivité ? Prenant parti aussi bien contre le féminisme « culturaliste » que contre les fanatiques de la féminité, qui prétendent réduire la femme à ses ovaires, Suzanne Lilar montre, dans la partie positive de son essai, qu’aucun être humain ne saurait s’accomplir sans recourir aux deux modes d’exister : le Masculin et le Féminin. Ce sont les théories soucieuses d’affranchir la femme de son destin biologique qui font d’elle réellement « le mâle manqué » d’Aristote et de saint Thomas ; faute de s’ouvrir sur une logique d’antagonisme, elles l’empêchent d’assumer l’existence en tant que paradoxe et synthèse des contraires. A l’époque où, sous l’impulsion de la psychosomatique, de la biochimie, de l’endocrinologie, le concept de nature se transforme totalement, seule la bisexualité (au niveau symbolique l’androgynat) permet de donner un sens à la différence des sexes et de la contenir dans sa limite.




PRIX
  •   Prix quinquennal de l'essai, 1971-1976 

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